La nuit a été agitée. J'ai fini par m'endormir dans la petite chambre d'ami, malgré l'inconfort du lit et l'odeur de renfermé qui y flotte encore. Impossible pour moi d'ouvrir la porte de la chambre de ma grand-mère... Je ne me sentais pas prête. Pas encore.
Ce matin, je me réveille avec une étrange impression d'être en terrain étranger, comme si le chalet refusait de me laisser retrouver mes marques, malgré les souvenirs qui me hantent. Un rapide café et une tentative de motivation plus tard, on frappe à la porte.
Il est dix heures.
Je ne m'attendais pas à recevoir quelqu'un aussi tôt. Je pose ma tasse, surprise. J'ouvre la porte et me retrouve face à un homme imposant, un sac d'outils sur l'épaule et des feuilles de papier dans la main. Il est habillé en vêtements de travail, avec une épaisse veste et des bottes, comme s'il venait directement du chantier. Ses cheveux brun clair, légèrement en bataille, encadrent un visage barbu, mais ses yeux sont clairs, pétillants. Il doit avoir la trentaine, comme moi.
— Bonjour, Claire, c'est bien ça ? Je suis Lucas. Ludo m'envoie pour les travaux. Il n'a pas pu se déplacer, il... n'est plus tout à fait en forme pour ça.
L'évocation de Ludo me rassure, comprenant enfin la raison de la venue de cet étranger. Je hoche la tête, essayant de cacher ma surprise. Lucas continue, remarquant probablement mon hésitation.
— Je suis là pour jeter un coup d'œil, voir ce qui doit être fait en priorité. Ludo m'a dit que ce n'était pas une mince affaire, alors j'ai pris quelques outils au cas où je pourrais déjà régler deux ou trois bricoles.
Je suis surprise par son efficacité. Je pensais qu'il s'agirait d'un simple état des lieux aujourd'hui, mais il semble prêt à attaquer les choses immédiatement. Ce mélange d'initiative et de confiance en lui a un côté rassurant. Je lui ouvre la porte en grand, me reculant pour lui laisser le passage.
— Entrez, oui. Désolée pour le désordre, j'ai à peine eu le temps de... enfin... de m'installer.
Il entre d'un pas sûr et, sans attendre, commence à scruter les murs, les encadrements de porte, le plafond. Il examine le bois, la peinture écaillée, les fissures dans les poutres. Pendant un moment, je le regarde se déplacer dans l'espace, absorbé dans son inspection et surtout ne sachant pas trop quoi faire. Finalement, il lève les yeux vers moi.
— Je peux vous servir un café ? lui demandé-je hésitante, je n'ai pas grand chose à vous proposer...
— C'est gentil, mais je ne bois jamais de café avant le travail, peut-être avant de partir, dit-il en souriant. Dites-moi ce que vous aimeriez qu'on rénove en priorité ? On commence par le toit ? Les poutres de soutien dans le salon ? Ou... cette vieille cheminée qui menace de s'effondrer ?
Je fronce les sourcils, légèrement prise au dépourvu par ses questions.
— Honnêtement, je ne sais pas. Peut-être que... dis-je en panique, enfin, par où commenceriez-vous ?
Il esquisse un sourire, amusé.
— Le toit, sûrement. S'il y a des infiltrations, tout l'intérieur pourrait être abîmé en un rien de temps. Et il vaut mieux sécuriser les structures de base. Mais on pourrait aussi vérifier l'isolation, histoire que le chalet ne soit pas une vraie glacière cet hiver.
Je hoche la tête, me rappelant que cette tâche était la première de ma liste... Comment ai-je pu oublier si rapidement ce que je voulais faire ? J'essaie de me concentrer, bien que la présence de Lucas et son assurance me troublent. Il est clair qu'il connaît son métier, et qu'il est prêt à agir rapidement. Ce qui me surprend, c'est le ton de sa voix, posé, comme s'il avait tout son temps pour s'investir dans ce projet alors que moi je suis incapable de prendre des décisions...
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Un noël sous les flocons
RomanceClaire, une citadine accomplie, revient dans sa petite ville natale de Winterbrook pour vendre le vieux chalet qu'elle a hérité de sa grand-mère. Bien décidée à ne pas s'attarder, elle retrouve cependant la chaleur du village, ses souvenirs d'enfanc...