Chapitre 6

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Safiya regardait nerveusement autour d'elle. Le restaurant dans lequel Nashoba l'avait invitée était à des années-lumière des cafés ordinaires qu'elle avait l'habitude de fréquenter. Le décor était somptueux, agrémenté de lustres scintillants et de bouquets de fleurs fraîches, avec des serveurs habillés en smoking qui se déplaçaient silencieusement entre les tables. Elle se sentait un peu déplacée ici, habillée d'une tenue simple mais soignée, et se demandait ce que pensaient les autres clients en la voyant entrer aux côtés de Nashoba Bly, cet homme imposant qui semblait dominer la pièce.

Nashoba la regardait avec une attention douce, essayant de capter les émotions qui passaient sur son visage. Il pouvait sentir son malaise, et cela le peinait. Mais il espérait que ce moment ensemble, loin du bureau, pourrait les rapprocher et lui permettre de montrer une facette différente de lui-même. Safiya était une énigme pour lui, un mélange de douceur et de force, et il voulait en savoir plus sur elle, bien au-delà de la professionnelle compétente qu'il voyait au travail.

— Est-ce que tout va bien ? demanda Nashoba, sa voix grave teintée d'une certaine inquiétude. Si vous ne vous sentez pas à l'aise ici, on peut aller ailleurs, vous savez.

Safiya leva les yeux vers lui, se laissant emporter un instant par la profondeur de ses yeux sombres. Il y avait une sincérité palpable dans sa voix qui la toucha. Elle esquissa un sourire timide.

— Non, c'est parfait, vraiment. Je ne suis juste pas habituée à ce genre d'endroit... C'est très élégant.

Nashoba sourit, un éclat amusé passant dans son regard.

— Vous méritez ce qu'il y a de mieux, Safiya. Je veux que vous vous sentiez spéciale.

Ces mots firent battre le cœur de Safiya un peu plus vite. Elle sentit ses joues chauffer, et elle baissa les yeux pour masquer son trouble. Elle n'était pas habituée à ce genre d'attention, et encore moins à des compliments de cette nature venant de quelqu'un comme Nashoba. Pourquoi faisait-il tout ça pour elle ? Elle n'était qu'une simple analyste dans son entreprise, alors que lui était le PDG, un homme respecté et admiré de tous. Elle avait du mal à comprendre ce qu'il pouvait bien lui trouver.

— Vous êtes trop gentil, murmura-t-elle.

Nashoba ne répondit pas tout de suite. Il observait Safiya, notant la façon dont elle se repliait sur elle-même chaque fois qu'il lui faisait un compliment. Cela le touchait, mais cela l'attristait également. Comment une femme aussi brillante et douce pouvait-elle douter autant d'elle-même ?

Ils passèrent commande, et la conversation reprit doucement. Nashoba décida de briser la glace en partageant un peu de lui, quelque chose de personnel. Il voulait que Safiya comprenne qu'il n'était pas seulement l'homme d'affaires puissant qu'elle voyait au bureau.

— Vous savez, quand mon père est mort, j'ai eu l'impression que tout mon monde s'écroulait, dit-il doucement, les yeux fixés sur la table. J'étais encore jeune, et prendre la tête de l'entreprise, c'était... écrasant. Je n'étais pas prêt, et pourtant, je n'avais pas le choix.

Safiya leva les yeux vers lui, surprise par cette confession. Elle pouvait lire la vulnérabilité dans son regard, une tristesse profonde qu'il semblait porter en lui depuis longtemps. Elle n'avait jamais imaginé que Nashoba pouvait ressentir ce genre d'émotions. Il paraissait toujours si fort, si inébranlable.

— Cela a dû être très difficile, murmura-t-elle. Vous avez tout pris en charge... si jeune.

Nashoba acquiesça, un sourire triste sur les lèvres.

— Oui, mais je ne regrette rien. J'ai appris à devenir fort, à prendre des décisions qui n'étaient pas toujours populaires, mais qui étaient nécessaires. Mais parfois, je me demande si j'ai laissé une partie de moi en chemin. La partie qui croyait encore aux choses simples, comme l'amour et le bonheur.

DESTIN SAUVAGEWhere stories live. Discover now