Sans issue...

Chapitre 7 : Le nourrisson

Hope était là, blotti dans les bras de Robine. En face, un corps sans vie, vidé de son souffle. Une vie échangée contre une autre... Le nourrisson pleurait, mais ses pleurs n'avaient rien de normal : le son semblait étouffé, presque aigu, déconcertant.

Une fois l'enfant calmé, ils l'enroulèrent dans un drap propre, rangeant celui tâché de sang. Robine prit l'enfant dans ses bras tandis qu'Hoanui surveillait les alentours.

— Tu penses qu'il est... spécial ? demanda Hoanui, se tournant vers Robine qui examinait le bébé avec attention.

— Ce n'est sûrement qu'une tache de naissance...répondit-elle après un moment.

— Et sa voix, tu l'expliques comment ? On dirait un bébé... bizarre, un peu comme un alien !

— Je n'en sais pas plus que toi... On verra quand on sera rentrés, et en sécurité, murmura Robine, baissant la voix avant de reprendre leur marche.

La nuit tombait peu à peu. Après deux bonnes heures de marche, ils commencèrent à apercevoir au loin l'entrée discrète de leur bunker, là où les attendaient leurs compagnons.

— On y est enfin ! s'exclama Hoanui en levant les bras, triomphant.

— Comment tu veux leur annoncer qu'on a ramené un bébé ? demanda Robine, visiblement préoccupée.

— Bah... on leur dit que sa mère est morte et qu'on a eu du cœur ! répondit-il, un sourire en coin.

— T'es complètement fou !

— J'rigole !

Arrivés devant le bunker, ils échangèrent un regard avant d'ouvrir la trappe. Ils descendirent prudemment l'échelle, vérifiant que personne ne les observait. Hoanui fut le premier à descendre, récupérant ensuite le bébé que Robine lui tendit avant de le rejoindre.

En bas, tous les regards étaient braqués sur eux. Un silence tomba, lourd. Robine récupéra Hope dans ses bras. Puis, soudain, des cris de joie retentirent.

— Vous êtes revenus ! s'écria Lyra, rapidement rejointe par les autres. Olivia se précipita vers Hoanui et l'embrassa avec enthousiasme.

— Bah wesh, Robine, t'as accouché ? lança Zarra en riant, s'approchant du bébé pour le prendre.

— Je ne suis pas sa mère, répondit Robine froidement. La sienne est morte.

Un silence gênant s'installa après ces mots.

— Pourquoi il a cette tache ? demanda Olivia en observant l'enfant de plus près.

— Il s'appelle Hope, déclara Hoanui doucement. C'est comme ça que sa mère voulait le nommer...

Son ton était assez bas pour ne pas réveiller l'enfant.

— Encore une bouche à nourrir ? maugréa Andrew, resté en retrait jusque-là.

— On ne pouvait pas l'abandonner ! riposta Robine en fronçant les sourcils.

Les autres lancèrent à Andrew un regard désapprobateur. Il soupira, hésita, puis finit par détourner les yeux.

— Laisse-le, murmura Olivia, essayant de calmer les tensions. Être coincé dans un bunker n'est pas facile pour tout le monde...

Pendant ce temps, Zarra, qui tenait l'enfant, s'avançait dans la pièce sans faire attention à ses pas. Elle trébucha soudain sur une paire de chaussettes abandonnées. Un cri d'horreur secoua la pièce : l'enfant échappa de ses bras et semblait sur le point de heurter le sol... Mais, contre toute attente, Hope se mit à flotter.

Doucement, il lévita, suspendu dans les airs. Sa prétendue tache de naissance émettait une faible lueur. Sous les regards stupéfaits, le bébé remonta avec une grâce étrange avant de retourner doucement dans les bras de Zarra.

— Donne-nous le bébé ! lança Lyra, paniquée, en récupérant l'enfant.

— Désolée ! s'excusa Zarra, se frottant la nuque avec un sourire nerveux mais soulagé.

— T'as de la chance qu'il soit magique, plaisanta Clovis, visiblement le seul à ne pas réaliser pleinement ce qui venait de se passer.

Les jours suivants, le groupe s'efforça de s'occuper de Hope. Cet enfant, avec son étrange pouvoir, resserrait les liens au sein de la petite communauté, ravivant une solidarité qui semblait s'effilocher avec le temps.

Cela faisait maintenant un mois qu'ils vivaient dans le bunker. Hope dormait paisiblement dans les bras de Robine pendant que les autres écoutaient attentivement la radio, espérant y capter des nouvelles importantes.

— On n'apprendra rien comme ça... soupira Andrew, agacé.

— Bien sûr que si ! rétorqua Elie, les yeux rivés sur l'appareil.

La radio grésilla avant qu'une voix ne se fasse entendre :
"Comment l'économie mondiale pourra se relever après cette catastrophe ?"

— L'homme ne pense qu'à l'argent, de toute façon, lança Lyra en jouant distraitement avec un petit couteau.

— Je reviens, annonça Hoanui en se levant pour aller remplir sa bouteille dans la salle de bain.

Dans le silence, un bruit attira son attention.

Tic... Tic... Tic...

Il venait du sol, recouvert d'un drap. Intrigué, Hoanui souleva le tissu et découvrit une trappe.

— Oh ! C'est quoi, ça ?! cria-t-il pour alerter les autres.

Le groupe accourut.

— Merde, c'est vrai qu'on avait oublié de vous parler de ça, rigola Olivia, jetant un regard complice à son copain.

— Et c'est normal que ça fasse ce bruit ? demanda Elie, visiblement inquiète.

— On dirait le tic-tac d'une horloge... murmura Louise en s'approchant de la trappe, visiblement curieuse.

— Ne touche pas ! On va pas risquer quoi que ce soit ! intervint Andrew, arrêtant Louise d'un geste ferme.

— Et si c'était une bombe ? demanda cette dernière, le visage tendu.

Un silence pesant s'installa. Les regards se croisèrent, empreints de doute.

— Qui aurait pu faire ça ? demanda Clovis, les sourcils froncés.

— On ne le saura qu'en ouvrant ! déclara Hoanui avec détermination.

— Et risquer vos vies ? protesta Elie en essayant de remettre le drap en place.

Clovis l'écarta doucement, la tenant par les bras.

— Andrew et moi allons descendre. Vous surveillerez d'ici, conclut Hoanui, prêt à découvrir ce qui se cachait sous la trappe.