Chapitre 4 : Désespoir ou des espoirs ?

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Ce matin-là, l'horloge affichait 11 h. Robine et Hoanui venaient de quitter le bunker.

Olivia était inconsolable ; pour elle, Hoanui était la prunelle de ses yeux. Il l'avait sauvée d'une tentative de suicide et lui avait redonné goût à la vie, et pour cela, elle lui était éternellement reconnaissante. La peur de perdre son petit ami la rongeait, mais elle essayait tant bien que mal de cacher son immense mal-être pour ne pas alerter ses amis.

L'équipe restée à la base constata un problème dans le bunker : le froid passait très facilement à travers les pièces. Les heures passèrent, et chacun vaquait à ses occupations, certains au nettoyage, les autres à la cuisine. C'était le seul moyen de s'occuper l'esprit pour ne pas repenser à la situation, qui pesait lourdement sur le moral du groupe. Ils n'étaient pas certains de la survie des deux partis et commençaient à croire que c'était peut-être une mauvaise idée, décidée trop hâtivement sous le coup de la panique.

-Je pense qu'on a besoin de plus de vie ici ! lança Elie en montrant le triste et terne salon devant eux.

-Bah, que veux-tu faire pour y remédier ? demanda Andrew, ne comprenant pas où Elie voulait en venir.

Après tout, c'était un lieu de survie, pas de vie, et ils avaient tous le moral dans les chaussettes, ce qui n'arrangeait rien à la situation.

-Je vais aller chercher des fleurs ! proclama Elie, enthousiaste, en se dirigeant vers la trappe de sortie.

Andrew fronça les sourcils en l'entendant dire ça.

-Mais t'es complètement malade de sortir juste pour des foutues fleurs ! dit-il en l'arrêtant dans son élan.

-T'en fais pas pour moi... J'irai aussi chercher des verres pour en faire des pots de fleurs ! répliqua Elie avec un sourire arrogant.

-Ça ne fait même pas deux heures qu'on est là et tu commences déjà les conneries ! dit-il, agacé et bien décidé à ne pas laisser Elie sortir du bunker.

Après un moment, Elie renonça à contrecœur à son idée pour ne pas envenimer la situation. Elle se mit à penser aux plantes qu'elle possédait, qu'elle chérissait autant que Robine avec son chien. Pour tous, leurs anciennes vies allaient leur manquer...

Il était maintenant 14 heure et, dans le salon, une partie de pétanque improvisée avait été organisée par Elie et Clovis. Mais qui dit pétanque dans un bunker dit "moyens du bord" : ne pouvant pas monter à la surface, ils avaient dû improviser. Ils se souvenaient qu'Andrew avait ramené des capotes...

Ils décidèrent donc de les utiliser pour jouer. Le cochonnet était représenté par une petite paire de chaussettes que Clovis avait volée dans les affaires de Hoanui (qui n'avait pas intérêt à en prendre connaissance pour la survie de Clovis).

-Bonjour à tous, bienvenue dans cette pétanque spéciale capote ! annonça Elie avec énergie dans un micro imaginaire, suivie de Clovis, qui annonçait les concurrents avec le même enthousiasme.

-Nous avons des concurrents redoutables aujourd'hui, dis donc ! Commençons avec Zarra et ses capotes rouges ! proclama Clovis, suivi d'un léger applaudissement.

À cette annonce, Zarra se mit en place et, le visage concentré, lança sa première capote, qu'elle plaça presque à côté du cochonnet. Cela la fit sourire et elle lança un regard rempli de défi aux autres joueurs avant de s'écarter pour leur laisser la place.
La partie dura une vingtaine de minutes tout au plus ; tout le monde avait rejoint la partie, même les deux commentateurs farfelus.

Seule Olivia resta à l'écart, enfouie sous une couverture dans le dortoir pour étouffer les bruits de ses sanglots. Le moral n'y était pas pour se joindre aux festivités, et plus la journée passait, plus elle avait du mal à contenir son inquiétude, terrifiée à l'idée de se retrouver seule à nouveau. Elle parvenait tout de même à se calmer un peu en entendant les rires et applaudissements des autres durant la partie.

Au final, c'est Andrew qui gagna sous les rires et les cris de joie des deux commentateurs farfelus, qui avaient réussi à remonter le moral de la troupe. Pour féliciter le gagnant, Elie offrit un petit caillou avec un visage qu'elle avait dessiné elle-même à Andrew, qui l'accepta avec plaisir, les yeux pétillants.

-Je vais l'appeler Pierre ! proclama Andrew en levant le caillou en l'air pour montrer qu'il y avait un nouveau petit membre dans l'équipe.

Mais après cette victoire, aussi joyeuse que célébrée, le chien de Robine se mit à aboyer de plus belle. Au début, tout le monde pensa qu'il avait faim ou soif, mais contre toute attente, ses gamelles étaient déjà remplies. Ils comprirent donc vite la raison de ces aboiements : le froid qui s'était installé au début de la journée s'était intensifié. Ils devaient impérativement trouver d'où venait ce courant d'air glacial, sous peine d'en mourir.

Au bout d'une bonne heure de recherches, ce fut Lyra qui trouva la source du froid. Dans ce qui servait de salle de bain se trouvait une petite trappe au sol, mais elle était abîmée. Lyra en informa les autres, et ensemble ils décidèrent que le plus sage était de mettre une couverture par-dessus, puis d'attendre le retour des autres avant de risquer quoi que ce soit.

Une fois la couverture placée sur la trappe, Lyra et Clovis décidèrent de préparer quelque chose à manger avec ce qu'ils avaient : une soupe à la tomate. Ils se réunirent ensuite tous à table pour manger. Pendant le repas, ils se racontèrent quelques anecdotes, pour faire passer le temps ou pour se persuader que cette nuit n'était que la suite de leurs soirées pyjamas habituelles.

Même Olivia décida de se joindre à eux, juste pour un moment d'espoir avant de passer la nuit. Ils espéraient tous une seule chose : que leurs amis reviennent sains et saufs.

-Wouaf wouaf wouaf !!

-Putain... s'exclama Elie, énervée d'être réveillée comme tout le monde , par le chien.

-Vous ne lui avez pas donné sa bouffe ?! demanda Andrew, agacé. Les filles l'entendaient se plaindre derrière le drap qui les séparait.

Rouky arriva dans la chambre en aboyant, mais il ne demandait ni à manger ni à boire. Il semblait effrayé par quelque chose... ou par quelqu'un.

-Attention ! cria Clovis, poêle à la main, suivi d'Andrew, armé d'une barre de fer, en arrivant du côté des filles.

-Il se passe quoi ? demanda Olivia, aussi inquiète que les autres.

Tous regardaient les garçons, qui s'étaient mis en position de garde devant la porte de la chambre. Rouky cessa d'aboyer, leur permettant d'entendre des bruits de pas. Quelqu'un était entré. Une voix familière surgit alors de la pièce.

-Les amis ! C'est moi, Louise !

Sans issue...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant