The Melodies of Destiny

Chapitre 30 : L'Équilibre Fragile

Le matin se leva avec une lumière pâle, douce, presque comme une promesse de calme après une nuit agitée. Haerin se réveilla avec la sensation de ne pas avoir complètement fermé les yeux, comme si le sommeil n'avait pas réussi à effacer les préoccupations qui trottaient dans son esprit. Elle se leva, s'habilla rapidement et se rendit à la fenêtre de sa chambre, observant la ville en contrebas. Les rues étaient encore vides, seules quelques silhouettes solitaires se pressaient en direction de leurs destinations. Haerin se demanda si elle aussi allait un jour trouver sa direction.

La journée à l'université passa dans un flou monotone, les cours se succédant sans laisser de trace significative dans son esprit. Les mots des professeurs se perdaient dans le brouillard de ses pensées. Pourtant, elle se força à prêter attention. Elle ne voulait pas que ses incertitudes personnelles viennent perturber ses études. C'était une distraction qu'elle ne pouvait plus se permettre.

À la pause déjeuner, Haerin s'assit seule dans un coin de la cafétéria. Son téléphone vibra, brisant le silence de ses pensées. C'était un message de Sunoo.

"Haerin, on peut se voir ce soir ?"

Un frisson la parcourut. L'envie de répondre instantanément la prit, mais elle se ravisa. Pourquoi la revoir maintenant, après tout ce temps ? Elle avait fait des efforts pour avancer, pour être présente avec Taeho, pour tenter de reconstruire sa vie sur des bases plus solides. Mais son cœur, ce traître, se rebellait à chaque tentative de l'ignorer. Elle savait que revoir Sunoo allait rouvrir des blessures qu'elle n'avait pas encore guéries. Mais cette question, ce message qui ne demandait rien d'autre qu'une rencontre, elle ne pouvait y répondre sans réfléchir.

Elle décida de laisser un peu de temps avant de répondre, glissant simplement le téléphone dans son sac. Son regard se posa sur les visages autour d'elle, des inconnus absorbés dans leurs conversations, mais un sentiment de solitude envahit son cœur. Elle se leva, abandonnant son déjeuner à moitié terminé, et s'éloigna, comme si l'univers avait une façon de la rappeler à son propre déséquilibre.

Dans les jours qui suivirent, le silence entre elle et Sunoo persista. Il ne lui envoya plus de messages, et Haerin, malgré tout, se sentait étrangère à cette absence. Mais il n'était pas le seul à lui manquer. Taeho, en revanche, avait pris l'initiative d'être encore plus présent, d'offrir plus de petites attentions, plus de gestes simples qui témoignaient de son affection. Ils s'étaient retrouvés plusieurs fois depuis leur dîner, et chaque moment partagé semblait effacer un peu plus de la distance que Haerin avait instaurée, comme pour l'assurer qu'elle pouvait être en sécurité avec lui. Pourtant, malgré tous ses efforts pour l'ouvrir à lui, Haerin savait que son cœur restait partiellement fermé.

Lors d'une nouvelle rencontre avec Taeho, qui avait organisé une sortie au parc pour qu'ils se détendent un peu, Haerin sentit que quelque chose avait changé. Ils se promenaient côte à côte, rient, échangent des souvenirs d'enfance. Mais plus elle passait de temps avec lui, plus elle se sentait tiraillée entre le confort qu'il lui offrait et la peur de l'étouffer. Était-ce juste de l'amitié, ou était-ce un véritable amour qui se tissait lentement entre eux ?

"Haerin," dit Taeho, brisant le silence alors qu'ils s'arrêtaient près d'un banc. "Je sais que tout ça n'est pas facile pour toi. Mais je veux que tu saches que tu n'es pas seule. Si tu veux parler, je suis là, tout simplement."

Il se tourna vers elle, ses yeux honnêtes et ouverts, comme une invitation. Mais Haerin hésita. Il y avait quelque chose de réconfortant dans sa présence, mais une partie d'elle résistait. Était-elle prête à s'engager ? Était-ce vraiment juste ce qu'elle ressentait ? Le passé n'était-il pas trop lourd pour qu'elle puisse avancer sans une ombre au-dessus d'elle ?

"Je sais," répondit-elle doucement. "Merci, Taeho. C'est juste... compliqué."

"Je ne te presse pas," répondit-il. "Je veux juste que tu sois heureuse. Peu importe comment."

Ses paroles résonnèrent en elle, et Haerin sentit un pincement au cœur. Elle se rendit compte qu'elle ne voulait pas blesser Taeho. Il méritait quelqu'un qui puisse lui offrir tout son cœur, sans réserve. Mais comment offrir cela si son cœur était déjà brisé, partagé entre un passé douloureux et un avenir incertain ?

Ce soir-là, en rentrant chez elle, Haerin se retrouva face à son téléphone, qui semblait la défier de répondre à Sunoo. Elle l'observa longuement, ses doigts hésitant à écrire. Puis, finalement, elle se résigna et appuya sur le bouton de réponse.

"Je peux te voir. Ce soir."

Elle ne savait pas ce qu'elle attendait de cette rencontre. Peut-être des réponses. Peut-être juste la possibilité de tourner définitivement la page, ou bien de la rouvrir. Mais ce qu'elle savait, c'était qu'elle n'était plus la même personne qu'auparavant, et que cette rencontre serait décisive.

Le rendez-vous se fit dans un café discret, à l'écart des regards curieux. Lorsque Haerin entra, Sunoo était déjà là, assis à une table près de la fenêtre. Il leva les yeux lorsqu'il la vit, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres, mais Haerin ne pouvait ignorer la douleur qui se cachait dans son regard. Il semblait plus vieux, plus fatigué, comme si le temps n'avait pas été aussi clément avec lui que le reste du monde.

"Haerin," dit-il simplement, sa voix rauque, "tu m'as manqué."

Les mots frappèrent Haerin comme une vague, la submergeant. Elle s'assit en face de lui, incapable de répondre immédiatement. Le temps semblait suspendu entre eux, les souvenirs se mélangeant à la réalité présente.

"J'ai réfléchi," continua Sunoo. "Et je suis désolé. Pour tout. Pour la façon dont tout s'est terminé entre nous."

Haerin sentit une vague de chaleur envahir son cœur, et ses yeux se brouillèrent légèrement. "Je t'ai aussi manqué," dit-elle enfin, les mots échappant à sa volonté. "Mais... ce n'est pas aussi simple. Tout ça n'est pas aussi simple."

Il hocha lentement la tête, comprenant. Les deux étaient là, dans ce café, deux âmes perdues qui ne savaient pas comment se retrouver. Le passé se tenait entre eux comme une barrière invisible, et bien qu'ils se soient retrouvés face à face, l'avenir restait incertain.

Mais peut-être, Haerin se dit-elle, qu'il était temps de comprendre que certains chemins ne pouvaient être effacés, que les blessures prenaient du temps à guérir, et que la vie, malgré tout, continuait.

Fin du Chapitre 30.