𝓑𝓪𝓼𝓲𝓵𝓮.
Le contrôle, c'est ce qui me tient depuis toutes ces années. Observer. Planifier. Ordonner. Je ne sais plus vivre autrement. Mais depuis quelque temps, tout fout le camp. Absolument tout. Mon cerveau bataille sans cesse contre mon corps quand mon esprit, lui, a déjà déclaré une guerre sans merci à ma raison. C'est un vrai cauchemar. La disparition d'Andrea m'a porté le coup de poignard de trop. Les premières heures, je l'ai détesté de me faire subir ça, mais quand elles se sont transformées en jours, une angoisse sans nom a pris le dessus. Ça ne lui ressemble pas de ne plus donner signe de vie, et après tout ce qui s'est passé, il n'aurait pas pu mieux s'y prendre pour me rendre complètement dingue.
— OK tout le monde, faites vos étirements et allez vous reposer, on arrête là pour aujourd'hui.
Mes six élèves s'exécutent en soufflant de soulagement, heureux de voir se terminer l'entraînement effréné qu'ils ont enduré. Je retourne à mon bureau-vestiaire, ne partageant pas le même que celui des gamins, et sors mon portable avec toujours ce maigre espoir de voir s'afficher un message d'Andrea. J'essaie une nouvelle fois de le joindre mais tombe directement sur sa messagerie. Comme toujours.
C'est désespérant.
— Merde, mais où es-tu ?
Le corps lourd et l'estomac noué, je rentre chez moi sitôt tout le monde parti. Je n'ai plus goût à rien, dévoré par cette culpabilité sans fin qui m'assaille depuis dimanche. Tellement de scénarios se jouent dans ma tête, dont un qui me frappe à grands coups de poing : il nous a vus, Léah et moi. Il a peut-être aperçu ce jeu auquel je me suis adonné sans honte, pratiquement sous ses yeux. Bordel, quel connard je suis ! Encore maintenant, trois jours après les faits, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je ne trouve aucune excuse à ce comportement puéril et irrespectueux. Je me dégoûte. Tout ce qu'elle me fait ressentir me dégoûte.
Je m'arrête au Starbucks prendre un café, à défaut d'une bouteille de pinard qui m'aiderait pourtant bien mieux à oublier tout ce merdier. J'écris rapidement un message à Oriane pour lui signaler que j'ai fini ma journée, alors elle insiste pour que je la rejoigne, arguant qu'elle refuse de me laisser seul à ressasser mes idées noires. Je la reconnais bien là, toujours à faire passer le bonheur de ceux qu'elle aime avant tout le reste.
Je poursuis ma route sur quelques kilomètres en observant chacune des personnes se promenant sur le trottoir, comme s'il y avait la moindre chance que je croise Andrea. J'ai parfois l'impression de le reconnaître de dos, mais un simple coup d'œil dans le rétroviseur me rappelle que ce n'est que pure illusion.
Je me gare sur le parking, jette mon gobelet vide dans la poubelle de l'entrée et grimpe les marches deux par deux. Le voisin du dessous a encore laissé traîner des dizaines de paires de godasses dans le hall ; heureusement que je n'habite pas en face, j'ai horreur de ça. Je me rends directement dans l'appartement de ma sœur puisque cette fois-ci – Dieu merci – elle est au courant de ma visite.
— Baz ! crie-t-elle à peine ai-je franchi le seuil. Comment tu vas aujourd'hui ? Tu as du nouveau ?
Elle me serre dans ses bras, j'en profite une poignée de secondes avant de l'accompagner jusqu'au canapé.
— Non, toujours rien.
— Merde... et les flics ?
Je hausse les épaules en soufflant de frustration.
— Aucune nouvelle. Ils ne semblaient pas très inquiets quand je leur ai signalé sa disparition. Une énième dispute de couple, selon eux.
— Même après avoir vu la vidéo ? s'étonne-t-elle de la cuisine, en déposant un verre d'eau sur un plateau.
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𝐒𝐔𝐌𝐌𝐄𝐑 𝐑𝐀𝐈𝐍 - 𝐂𝐚𝐧𝐝𝐲 𝐀𝐝𝐥𝐞𝐲
Romansa𝐈𝐥 𝐧'𝐢𝐦𝐚𝐠𝐢𝐧𝐚𝐢𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐥𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐨𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐯𝐨𝐪𝐮𝐞𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐬𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐦𝐢𝐧𝐠 𝐨𝐮𝐭. 𝐄𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐪𝐮'𝐮𝐧𝐞 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞 𝐫𝐞𝐦𝐞𝐭𝐭𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐞𝐧 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧. La malchance chronique de Léah n'a jama...