Au coeur du pouvoir 2

Chapitre 15 : L'art de la manipulation

Après s'être heurté à la froideur de Jordan et à la pénibilité de Gabriel, Lucas s'effondra sur une chaise dans la salle d'attente de l'hôpital, son visage marqué par une tension palpable. Son esprit travaillait à toute vitesse, cherchant désespérément une façon de reprendre le contrôle de la situation. Il entrevoyait des opportunités dans ce chaos, mais l'état critique de Jordan compliquait sérieusement toute tentative de garder cet incident sous silence.

Lorsque le médecin en charge de Jordan passa dans le couloir, Lucas se leva d'un bond, ajustant son costume. Mais malgré son apparente maîtrise de lui-même, il sentait son cœur battre plus vite qu'il ne l'aurait voulu. Il n'avait pas le luxe de paniquer, pas maintenant.

- Est-ce que vous avez des informations sur son état ? Combien de temps devra-t-il rester hospitalisé ? demanda-t-il avec une autorité feinte, mais une inquiétude bien réelle dans la voix.

Le médecin, un homme d'une cinquantaine d'années au visage grave, sortit une tablette où s'affichaient les derniers résultats des examens du blessé. Il soupira avant de répondre, signe que la nouvelle n'allait pas être bonne.

- Son état est stable, mais les blessures sont sérieuses, je ne pense pas qu'il puisse sortir tout de suite, dit-il avec un professionnalisme maîtrisé.

Lucas fronça les sourcils, attendant que le médecin détaille.

- Il présente des lésions articulaires graves sur ses deux bras, reprit le médecin avec gravité. Ses blessures incluent plusieurs fractures vertébrales, des côtes brisées, ainsi qu'une fracture importante du fémur gauche.

Lucas déglutit discrètement, serrant les poings pour contenir son stress.

- Combien de temps pour une guérison complète ?

- Difficile à dire pour le moment, répondit le médecin, croisant les bras comme s'il anticipait une réaction négative. Mais au minimum, plusieurs semaines de repos total seront nécessaires, et il pourrait avoir besoin de mois pour retrouver sa mobilité complète.

Lucas détourna brièvement les yeux, pesant la gravité de la situation. Cette image de Jordan, brisé, vulnérable, était un désastre potentiel. Pas seulement pour la campagne, mais pour l'homme qui portait ses espoirs politiques.

Il inspira profondément avant de plonger dans ce qu'il savait être une conversation délicate.

- Docteur, je vais être honnête avec vous, commença-t-il, choisissant ses mots avec soin. Monsieur Bardella est en pleine campagne présidentielle. Si cette situation venait à être exposée au public, cela pourrait gravement nuire à sa candidature.

Le médecin haussa un sourcil, une lueur de méfiance traversant son regard.

- Monsieur... Je comprends votre souci, mais vous devez savoir que nous sommes dans un hôpital. Les protocoles de confidentialité sont stricts, mais je ne peux pas garantir que tout mon personnel gardera ça pour eux.

- Je m'en doute, répondit Lucas d'une voix adoucie, prenant un ton plus conciliant. Je sais que vous avez des responsabilités, et je respecte profondément ça. Mais écoutez-moi...

Il fit un pas en avant, réduisant l'espace entre eux.

- Nous avons tous un rôle à jouer ici. Moi, je dois protéger l'image d'un homme qui pourrait changer ce pays. Vous, vous avez le pouvoir de limiter les fuites d'informations, de contrôler ce qui sort de cet hôpital.

Le médecin le fixa, silencieux, visiblement partagé entre son devoir professionnel et la pression que Lucas tentait d'exercer.

Ce dernier, sentant que l'argument moral ne suffirait pas, plongea une main dans la poche intérieure de son blazer. Avec une précision presque dramatique, il en sortit une liasse de billets, épaisse et bien ordonnée.