Le message de mon père, ce matin, m'a fait sursauter. Cela fait un mois qu'ils sont partis, lui et mon frère, en voyage d'affaires. Il m'a annoncé qu'il reste un mois supplémentaire, car il avait énormément de clients. C’est passé tellement vite, j’ai passé tout mon temps au café ou avec Héphaïstos qui s’est mis en couple avec une fille blonde. Je les ai aperçus de loin une fois quand ils sont passés main dans la main dans l'allée du centre commercial. Elle avait l'air sympa au premier abord.
Malgré le sourire que j'affiche, je ne suis pas en grande forme. Tout d'abord, à cause des lettres que j'ai reçues, quatre pour le moment, toujours en m'accusant de quelque chose que je n'ai pas fait et en me disant que je vais le payer. Ces lettres sont cachées dans mon livre préféré par peur que Héph ou Morphée ne tombent dessus. Ce n’est pas la peine de les inquiéter pour rien, pour l’instant.
La seconde chose, c'est l'absence de Morphée. Je ne l'ai pas revu depuis deux semaines quand il m'a dit qu'il partait. Ça m'inquiète énormément, je me demande où il est ? Qu'est-ce qu'il fait ? Quand est-ce qu'il va revenir ? J'espère bientôt parce qu'il me manque.
Je n'ai même pas été au Royaume des rêves depuis deux semaines par peur de le déranger. Donc, tous les soirs, j'enlevai mon collier et le posai sur ma commande balance. Je regarde le bracelet argenté et la larme bleue avant de m'endormir en espérant qu'il serait de retour le lendemain.
Je viens de finir mon service, on est le week-end et j’ai posé mon samedi pour avoir un peu de repos et prendre soin de moi.
J’attrape ma veste de blaser noir, mon sac en cuir marron et sors dans le parking pour rejoindre ma voiture.
Les hommes de là d'il y a deux semaines sont restés quelques jours à me chercher dehors, puis ils ont abandonné.
Une fois rentrée chez moi, je ne trouve personne. Heph a dû partir voir sa copine. Je pose mes affaires sur la table en bois dans la cuisine et me sers un verre d'eau que je bois d'une traite. C'était sportif aujourd'hui au café : les clients se ruaient sur le nouveau smoothy qu'on a intégré, pêche, banane et concombre. Berk, moi, ça me dégoûte.
Je fais la vaisselle et le linge qui traîne sur le canapé, je le mets à laver. Heph a élu domicile sur le canapé, il ne m'a pas dit pourquoi, mais c'est peut-être au cas où, ou morphée débarque à l'improviste.
Il n'y a qu'une chose que j'ai prévue pour ce soir, ce n'est pas quelque chose de ouf. Je vais aller au Royaume des rêves. J'ai besoin de voir si Morphée va bien. Je sais que son monde est en péril et que c'est le bordel là bas, mais j'ai besoin de savoir s'il est encore en vie et s'il a besoin d'aide. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles j'ai pris ma journée de demain.
Je continue les tâches ménagères jusqu'à ce que la maison soit toute propre et rangée – je peux au moins mettre de l'ordre là-dedans – je vois l'heure tourner et aucune personne à l'horizon. Héph doit sûrement dormir chez sa copine. Il est minuit et quelques minutes, je décide de fermer la porte et d'aller me coucher.
Je m'enfonce dans la couette et éteint la lumière. J'espère que je vais le retrouver en vie, qu'il ne me remarquera pas, sinon il va s'inquiéter. Je dois me faire une idée, c'est ridicule ce que je vais faire, il doit aller super bien et juste avoir oublié le temps qui passe. Mais une part de moi veut en être sûre.
Je peine à trouver le sommeil, je me tourne plusieurs fois avant de tomber dans les bras de Morphée.
***
Après quelques secondes à regarder autour de moi, je comprends où je suis. Le palais de Morphée.
Je suis dans la salle de balle, le sol carlé sous mes pieds me reflete grâce à son noir profond. Je suis en plein dans le centre, je distingue l'escalier qui monte à l'étage, où se trouve la chambre de Morphée. Les six colonnes en marbre blanc sont de chaque côté de moi. Au centre, je me rends compte à quel point elle est immense cette salle. Le plafond est super haut voûté avec des sculptures et des peintures, c'est magnifique. Je n'ai jamais pris le temps d'observer cette salle, à chaque fois que nous passions par ici pour sortir. C'était si vite que je n'avais pas le temps d'admirer la pièce.