L'appartement de Grace était plongé dans la pénombre lorsqu'elle ferma la porte derrière elle, éteignant d'un geste las le monde extérieur. La ruelle, l'atelier, Alyster... Tout cela semblait encore s'accrocher à sa peau comme un manteau trop lourd à porter.Elle posa son arme sur la table du salon et se laissa tomber sur le canapé. Ses mains tremblaient encore, bien qu'elle les serre l'une contre l'autre pour cacher cette faiblesse. Elle ferma les yeux, mais l'image de ce « A » rouge vif continuait de clignoter derrière ses paupières.
« Ce n'est pas un piège, c'est une invitation. »
Les mots d'Alyster s'imprimaient dans son esprit, aussi nets que les dessins dans son carnet. Elle rouvrit les yeux et attrapa son téléphone. Un message non lu l'attendait.
Ryan : Appelle-moi si tu as besoin. Et verrouille bien ta porte.
Un soupir lui échappa. Ryan s'inquiétait toujours pour elle, parfois trop. Mais ce soir, elle ne pouvait pas nier qu'elle partageait cette inquiétude.
Elle posa le téléphone sur la table, mais un détail attira son attention. Sous la lumière tamisée de sa lampe, une petite enveloppe blanche trônait au milieu des factures.
Ce n'était pas une enveloppe qu'elle avait mise là.
Un frisson glacé remonta le long de sa colonne vertébrale. Elle se redressa, attrapant instinctivement son arme. L'enveloppe était simple, sans adresse ni timbre, comme si quelqu'un l'avait glissée directement dans son appartement.
Elle hésita un instant avant de l'ouvrir, ses doigts tremblants contre le papier. À l'intérieur, une seule feuille pliée en quatre. Lorsqu'elle la déplia, elle découvrit un dessin.
C'était elle. Encore elle. Mais cette fois, elle était assise à son bureau, exactement dans cette pièce. Les détails étaient si précis qu'elle pouvait reconnaître les moindres objets autour d'elle : le cadre photo de ses parents, la tasse ébréchée posée près de son ordinateur...
Elle tourna lentement la tête vers son bureau. Tout était à sa place, identique au dessin.
Elle sentit son souffle s'accélérer, ses mains devenant moites. Un mot était griffonné au bas du dessin, dans une écriture fine et soignée :
« Tu es chez toi. Mais pour combien de temps ? »
Grace bondit de son canapé, vérifiant chaque fenêtre, chaque porte. Tout était verrouillé. Mais ça n'avait pas d'importance. Alyster n'avait pas besoin d'entrer. Il avait déjà prouvé qu'il pouvait s'immiscer dans sa vie sans qu'elle ne le voie venir.
Son téléphone vibra sur la table, la faisant sursauter. Elle attrapa l'appareil. Ryan.
— Ryan ?
— Grace ? Ça va ? Tu as vu quelque chose ?
Elle hésita, sa voix tremblante.
— Il est... Il est venu.
— Quoi ? Où ça ?
Elle frotta son front, cherchant à ordonner ses pensées.
— Il a laissé quelque chose ici, dans mon appartement. Un dessin. Il sait où je vis, Ryan.
Le silence au bout du fil était plus lourd que les mots.
— J'arrive tout de suite, répondit-il enfin.
— Non. Non, je... je dois réfléchir.
— Grace, tu ne peux pas rester seule. Ce type joue avec nous, et tu es au centre de son jeu.
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L'Artisan
Misterio / SuspensoDans les rues sombres et pluvieuses de New York, un tueur en série connu sous le nom d'Alyster "l'Artisan" joue un jeu cruel avec la police. Ses crimes ne sont pas de simples meurtres : ce sont des œuvres, minutieusement conçues pour transmettre un...