Nous arrivons tout proche de cet espoir. Je commence à voir les choses qui m'entoure. Pour la première fois, je découvre les visages de mes camarades.
Le grand est vraiment immense, il a la
peau très foncé et des cheveux crépus qui descendent en dessous de ses épaules. La fille est bien plus pale, et ses cheveux roux sont coupés courts, juste en dessous des oreilles, ce qui lui donne unair plus mature. Je regarde mes mains, j'ai de longs doigts bronzés, mes paumes sont couvertes de cloques, de saleté et de sueur. Je remarque que je porte la même combinaison noir et verte que legrand et la fille.Nous continuons de courir, tout en nous dévisageant. Je n'imaginais pas les yeux du grandautant perçant, d'un vert profond. Ceux de la fille sont d'un marron foncé, et ont quelque chose
d'apaisant. Sans savoir pourquoi, je me met à rire. Je ne pensais pas que voir des gens me ferait tantde bien. Après un échange de regards étonnés, les autres rient en choeur avec moi. Nous continuonsnotre course vers la lumière en riant.Nous déboulons sur une pièce ronde baignée d'une lumière jaune. Le couloir continue toutdroit, et il redevient noir. J'aperçois quatre portes visibles à intervalles réguliers sur les murs. Elles
sont identiques. Nous prenons un temps pour souffler.« C'est quoi cet endroit ? demande le grand.
- J'en sais rien, répond la fille, mais une chose est sure, on a de nouvelles possibilités. »
Elle a raison, on a enfin d'autres choix que ce couloir mortuaire.
« Mais ça pourrait être dangereux, remarquais-je, on ne sais pas ce qui se cache derrière ces portes.Ça pourrait être bien pire que le couloir ou les bruits de ferraille.
- Ou bien ça pourrait nous sauver la vie, renchérie la fille, on doit essayer. À moins que tu nepréfères que l'on continue à courir comme des bêtes de foire ? Je vois pas ce qu'on aurait à perdre.On ne sait pas quand le couloir se finira, si un jour il se finit. Nous devons essayer. »
Je ne peux pas la contredire. On ne peut pas se permettre de passer à côté de ça. Je consent à ouvrir les portes, mais je fait promettre à la fille d'être prudente. Le grand ne fait qu'acquiescer faceà notre débat. Nous suivons la fille qui se dirige vers la première porte, à notre gauche.
La porte est en bois, aussi noire que les murs. La fille pose sa main sur la poignée dorée etnous regarde successivement. Je hoche la tête, comme en signe de confiance. Elle sourit et reporteson attention sur la porte. Après une inspiration, elle l'ouvre.D'abord, on ne voit rien. La pièce que la fille a ouverte est plongée dans le noir. On ne distingue rien. Nous entrons, toujours dans le noir. Puis, le grand commence à tousser. Il s'arrête,pris d'une quinte de toux. Je tourne vers lui pour l'aider quand je sens ma gorge me bruler. Une sortede fumée me pique les yeux, qui se mettent à pleurer. J'ai l'impression de bruler de l'intérieur. C'estcomme si mes poumons étaient en feu. Je ne sens plus rien à part ce brasier. Je m'effondre par terre,
aux côtés du grand.Je me réveille. Je suis étendue sur le sol de la pièce ronde. La fille est debout et le grand est assis et se masse la poitrine. Mon torse ne brule plus. Je me redresse doucement.
« Ça va mieux ? me demande la fille.
- Oui merci, répond-ai-je confuse, c'est toi qui nous a sorti de là ?
- Yes, j'ai eu du mal à le trainer, murmure-t-elle en désignant le grand, puis en reportant son regard sur moi, toi c'était plus simple, t'es plus légère.
- Merci beaucoup, dis-je sans savoir quoi répondre d'autre. »
Je regarde le grand, il me rend un regard compatissant avant de demander à celle qui nous asortit de l'enfer :

VOUS LISEZ
Courir
Cerita PendekNous nous sommes juste réveillés. Dans ce couloir noir. Dans cet enfer. Je ne saurais pas vous dire depuis combien de temps nous avons commencé à courir. Nous n'avons aucune notion du temps. Nous savons une chose, il faut courir. Courir.