Fin de journée du 11 septembre 2023

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Le train démarrait à 11h00, et je savais que je n'avais pas beaucoup de temps pour souffler. Mon père n'arrêtait pas de m'appeler, ses appels incessants transformant chaque vibration de mon téléphone en un coup de marteau sur mes nerfs déjà à vif. Je savais qu'il était en train de comprendre que quelque chose ne tournait pas rond.

Après quelques appels de plus, j'ai pris une décision radicale : j'ai éteint complètement mon téléphone. Plus de notifications, plus de sons, plus de risques qu'il me retrouve par ce biais.

Une fois dans le train, installé sur un siège près de la fenêtre, j'ai ressenti un mélange d'angoisse et de soulagement.
La maison était derrière moi, mais l'avenir me semblait si flou que c'était presque paralysant. Une heure plus tard, le train s'arrêtait à Bruxelles-Midi. Là-bas, une nouvelle mission m'attendait : me rendre à Toulon, cette ville discrète qui,
dans mon esprit, représentait une chance d'être enfin en sécurité.

Toulon, située à quelques pas de la ville où vivait mon ami virtuel. Il était mon seul point de repère, et c'était pour lui que j'avais choisi cette destination.

Je me suis dirigé vers le guichet, perdu au milieu de l'agitation de la gare. Tout me semblait si grand, si complexe.

Un employé derrière le comptoir a heureusement remarqué mon désarroi et m'a gentiment aidé à organiser mon voyage.
Il m'a expliqué mon itinéraire : je devais d'abord prendre un train de Bruxelles-Midi jusqu'à Paris Gare du Nord. Une fois arrivé à Paris, il me faudrait me rendre rapidement à Gare de Lyon pour attraper le train suivant.
Ce dernier me conduirait jusqu'à Marseille-Saint-Charles, où je devrais ensuite trouver un moyen de rejoindre Toulon.

Le voyage jusqu'à Paris s'est déroulé sans encombre, mais l'angoisse montait en moi à mesure que je me rapprochais de la capitale française. À Gare du Nord, l'effervescence de la ville lumière était écrasante. Mon cœur battait à toute vitesse alors que je me dépêchais de rejoindre Gare de Lyon.
Je devais me déplacer vite pour ne pas manquer mon train. J'ai emprunté un taxi , perdu parmi des centaines de visages qui semblaient tous savoir où ils allaient, contrairement à moi.

Une fois dans le train pour Marseille, le stress s'est apaisé, remplacé par une profonde fatigue. Ce voyage me semblait interminable, mais j'étais poussé par cette seule idée :
arriver à Toulon, coûte que coûte. Quand le train a finalement atteint Marseille-Saint-Charles, il était minuit pile. Le froid de la nuit me mordait la peau tandis que je sortais sur le quai, encore à moitié engourdi.

C'est là que mon premier gros problème est survenu.
Il n'y avait plus aucun guichet ouvert à cette heure-là,
et les machines automatiques, bien que lumineuses et modernes, refusaient de prendre l'argent en espèces que j'avais volé à mon père. Je me suis retrouvé dans une impasse.

Seul, fatigué, dans une ville qui m'était complètement étrangère. Je ne connaissais personne à Marseille, et l'idée de passer la nuit ici me terrifiait.

Je me suis assis sur un fauteuil dans la gare, essayant de calmer ma respiration. Autour de moi, la gare était à moitié vide, mais les quelques personnes présentes avaient des visages qui me mettaient mal à l'aise. L'angoisse montait de plus en plus. C'est alors que je l'ai vu.

Un garçon, probablement de mon âge, était installé non loin de là. Il tenait son téléphone dans ses mains, absorbé par un jeu que je connaissais bien : Free Fire.
Ce jeu avait une signification particulière pour moi.
Mon ami virtuel et moi y avions passé d'innombrables heures ensemble, construisant des souvenirs dans un monde virtuel bien plus rassurant que la réalité. Poussé par un mélange d'espoir et de désespoir, je me suis approché de lui.

Je lui ai expliqué ma situation avec hésitation, craignant qu'il ne me rejette ou, pire, qu'il m'ignore. Mais à ma grande surprise, il a été incroyablement gentil. Il m'a écouté attentivement et, après un moment de réflexion, m'a proposé une solution.

« Moi aussi je vais à Toulon », a-t-il dit en souriant.

« Viens avec moi. Ce train, je le prends souvent. Il n'y aura pas de contrôleurs à cette heure-ci. Pas besoin de billet. »

Ses mots étaient comme un baume sur mes inquiétudes.
Je ne savais pas si je pouvais lui faire entièrement confiance, mais j'ai choisi de le suivre. Après tout, que pouvais-je perdre ? Nous avons attendu ensemble jusqu'à ce que le train arrive.

Une fois à bord, je m'installai à ses côtés. Malgré ma peur de me faire attraper sans billet, il restait détendu, presque insouciant. Son calme était contagieux.

Le voyage jusqu'à Toulon s'est déroulé sans encombre.
En posant enfin le pied sur le quai de la gare de Toulon,
un étrange sentiment m'envahit. Un mélange de soulagement et d'incertitude. J'étais arrivé, mais ma fuite n'était qu'un début..

Date inexpliqué au garçon jamais compris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant