Le Bazarbook d'une Potterhead

amitié

Chère Lucie,

Je t'écris parce que j'ai besoin de mettre des mots sur ce que je ressens depuis que tu es partie.

Tu as été la première amie que j'ai eue. Quand on s'est rencontrées, en septembre 2020, c'était comme si, pour une fois, quelqu'un voyait qui j'étais. Ce jour-là, en cours de danse classique, je rigolais toute seule en voyant des chaussures pendues à un fil électrique. Toi aussi, ça t'a fait rire, et c'est là que tout a commencé. Très vite, on est devenus inséparables. On avait cours ensemble chaque samedi, en classique et en moderne. On se comprenait, on s'aidait, et tu étais la seule personne à qui je pouvais parler.

Deux ans après notre rencontre, je t'ai offert un bracelet d'amitié. J'y avais mis tout mon cœur : je l'avais choisi avec soin, ajouté un pompon, tout ça juste pour toi. Mais toi, tu ne l'as même pas porté. C'est comme si ce que je ressentais n'avait pas d'importance pour toi.

Et puis, un jour, Lou est arrivée. Elle était tout ce que je ne suis pas : belle, populaire, parfaite. Tu es allée vers elle, et moi, j'ai disparu. Petit à petit, tu m'as laissée de côté, seule.

Tu sais, Lucie, j'ai toujours été seule. Je fais l'école à la maison, alors je n'avais personne d'autre. Tu étais mon monde. Après toi, j'ai fini par me faire une autre amie. Mais un jour, elle m'a dit quelque chose qui m'a brisé.e : « Ne te vexe pas, mais tu peux être vraiment gênante. » Pourquoi ? Parce que je lui raconte ma vie, comme tout le monde le fait. Mais moi, je ne sais pas faire les codes de l'amitié. Je n'ai jamais appris. Et cette amie-là, elle est partie aussi, comme toi.

Tu étais ma première amie, Lucie. Je t'ai fait confiance, et tu m'as oubliée. Aujourd'hui, je ne sais même plus si je peux croire en l'amitié, parce que deux fois, j'ai essayé, et deux fois, on m'a laissé.e.

Je voulais juste que tu saches tout ça. Même si ça ne changera rien, moi, je saurai que je t'ai tout dit.

Signé : Jeanne, celle que tu as oubliée.