Nos instants enlacés

Chapitre 5

Ça fait maintenant plusieurs jours que je ne prends plus de nouvelles de Nath. J’ignore ses messages, ses appels et même le son de son klaxon le matin quand il vient me chercher pour me déposer en cours.

Je suis dans mon lit en train de regarder un épisode de ma série préférée, quand mon téléphone vibre. Je regarde mon écran et découvre un nouveau message de Noémie.

Eh la dépressive, ça ne me fait pas du tout plaisir de
t’écrire, mais il faut qu’on se voit pour
répéter notre chorégraphie.

Je lève les yeux au ciel en lisant son message. Je me retiens tout de même de lui répondre par des injures.
Elle a fait l’effort de m’écrire, c’est déjà ça.

Moi :
Ok. Rendez-vous à 13 heures
dans la salle de danse. Elle est
libre cet après-midi.

Elle ne répond pas à mon message, mais je sais qu’elle l’a lu. Je relance mon épisode que j’ai mis sur pause pour lui répondre.

J’ai à peine le temps de regarder ma télé quelques minutes, que la sonnette de ma porte retentit.

- Zoé, tu peux aller ouvrir s’il-te-plaît ? crie ma mère depuis la salle de bain.

Je descends les marches au ralenti en me demandant qui ça peut bien être.

Et si c’était Sasha qui m’a suivi l’autre jour jusqu’à chez moi ?
Ou peut-être Noémie qui veut aller répéter en avance finalement ?
Ouvre la porte et tu verras, me dis-je à moi-même.

Je pose ma main sur la poignée pour la tirer.

- Salut, dit mon ami d’une voix gênée.
Je fais un mouvement pour refermer la porte, mais il l’intercepte en bloquant cette dernière avec son pied.

- Je suis vraiment désolé, laisse-moi juste te parler quelques minutes, insiste Nath.

Je le dévisage plusieurs secondes pour lire en lui. Ce qu’il pense, ce qu’il ressent, ce qu’il a peur de dire.

- D'accord, mais pas longtemps, cédai-je.
C’est dingue comment j’arrive à lire en lui comme dans un livre ouvert et lui fait de même. Il retire ses chaussures, puis passe le cadran de la porte.

On va s’installer sur le tapis dans ma chambre, comme à notre habitude. Je n’aime pas trop que les gens s'assoient sur mon lit, même mes meilleurs amis.

Je vais chercher des chips et une bouteille de soda dans la cuisine, puis je remonte dans ma chambre.

- Je suis désolé, commence Nath. Je ne voulais pas le dire comme ça et encore moins te blesser.

- C’est raté.

Je vois bien qu’il se sent coupable, mais je ne sais pas quoi dire.

- Honnêtement, je me sens juste honteuse.

Il me regarde surprit et ne semble pas comprendre ce que je viens de dire.

- Je voulais répondre à tes messages et décrocher à tes appels, mais je ne savais pas quoi dire. J’étais juste honteuse, car tu avais dit la vérité et je ne voulais pas l’affronter. C’est vrai, je ne le connais pas vraiment, mais je me sens tellement bien avec lui. C’est vrai aussi que je ne suis pas à ma plus haute forme en ce moment, je n’arrête pas de refaire des cauchemars et les crises d’angoisse ont recommencées.

Je suis en pleurs, mais je me sens si légère. J’ai enfin tout dit à mon meilleur ami. Ça me fait un bien fou et je regrette de ne pas tout lui avoir dit avant.

- Zoé… Je suis désolé, je ne savais pas.

- Tu ne pouvais pas savoir, personne ne le savait.

- Oui, mais j’aurais dû le deviner, je suis censé être ton meilleur ami.