Chapitre 1

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Zack

J'arrive en classe et déjà, une violente migraine me rappelle à l'ordre en me heurtant de plein fouet. Mes oreilles bourdonnent et de petites tâches bleues, violettes, jaunes et vertes voilent mes yeux. Au bord de l'évanouissement, je ressort aussitôt sans regarder devant moi, me faisant bousculer par un énième inconnu au passage.

Depuis que mon père est en prison, nous avons déménagé trois fois déjà en un an à peine. En même temps, quand on est trop saoule pour payer la moindre facture, c'est sûr qu'on se fait vite éjecter. Malheureusement, c'est le cas de ma mère, qui quand elle ne boit pas, passe son temps vautrée sur le canapé.

Alors forcément, c'est moi qui m'occupe de tout, que ce soit la cuisine, la vaisselle, le ménage, la paperasse ou mes sœurs de 4 et 8 ans. A 16 ans, ce n'est pas facile tous les jours, je fais des erreurs et je suis en retard la plupart du temps, mais je fais comme je peux pour jongler entre mes différentes tâches. Heureusement, je peux compter sur mon père pour m'aider à gérer les papiers et nous aider financièrement comme il le peut depuis la cellule où il a été enfermé, sur un fatal malentendu, par sa femme elle-même.

Alors quand je percute la table et que son angle entre violemment en contact avec mon flan, je grimace de douleur, une main sur ma blessure, et me précipite aux toilettes. Heureusement pour moi, ils sont vides. Je soulève mon t-shirt noir, sur lequel j'entrevois déjà une petite auréole sombre et humide, pour juger de l'étendue des dégâts et je retiens un haut le cœur.

Hé merde ! Le pansement est de nouveau imbibé de sang, je devrai le changer mais je ne le fais pas. Je n'en ai pas d'autre dans tous les cas, je n'ai plus qu'à croiser les doigts en espérant avoir la chance que ça ne s'infecte pas. Sentant une présence dans mon dos, je laisse brusquement retomber mon T-shirt en priant silencieusement pour qu'il n'ait rien vu.

Je me retourne, un mec à la peau halé et aux yeux étrangement gris me fait face, il sourit et entame la conversation, comme si on se connaissait, avec quelques banalités. S'il a vu le pansement il n'en dit rien et c'est tant mieux. Il finit quand même par se présenter :

" Moi, c'est Bryan ! Me déclare t'il avec un grand sourire.

– Zack... je réponds, hésitant"

Il continue de me parler comme si de rien était, pourtant aux bout de quelques minutes, après une certaine hésitation, il pose la question que je redoute :

"Tu t'es fais quoi pour que ça saigne autant ?"

Je ne me vois pas vraiment lui dire que c'est ma mère qui m'a balancé son verre a moitié brisé dont elle ne veut pas se séparer pour je ne sais quel raison, lorsque en sortant de la douche, je l'ai surprise en train de baiser avec ce mec baraqué digne d'un catcheur du type Dwayne Johnson... Je lui sors donc une connerie parmi tant d'autres, mais je ne dois pas être un très bon menteur malgré l'expérience parce qu'il n'a pas l'air convaincu mais il ne rétorque rien.

Comme je ne connais personne ici, j'accepte de le suivre en classe pour qu'il me présente ses amis, par chance ma migraine s'est quelque peu calmée. Lorsque nous arrivons dans cette salle un peu trop bruyante et pleine de vie, ma migraine s'est calmé, je ne sens plus qu'une faible pulsation contre mes tempes. Il me conduit vers l'îlot du fond où l'attendent deux personnes dont une fille avec de longs cheveux blonds et de beaux yeux bleus pétillants. Malgré moi, je sens mon cœur s'emballer dans ma poitrine et c'est loin d'être bon...

La dernière fois que je suis tombé amoureux, c'était en sixième et j'ai fini brisé par une connerie, j'ai fais confiance trop vite et je crois que je n'apprends pas de mes erreurs parce que suis très clairement en train de recommencer avec eux mais tant pis...

Je me calme, du moins j'essaie lorsque Bryan me présente les autres. J'apprends que la fille s'appelle Willow, c'est joli, non ? Le mec aux cheveux bouclés et au style pseudo gothique, c'est Alex, il m'adresse à peine un coup d'œil avant de replonger dans sa bulle que rien n'a l'air de pouvoir crever.

Je m'assieds à leur table et nous commençons à discuter tandis que j'évite le regard de Willow en contrôlant mon cœur qui frappe comme s'il voulait passer au travers de ma cage thoracique. Le dénommé Alex, lui, ne dit rien et fixe toujours le sol d'un air vide alors que la joie de Bryan est bien trop contagieuse pour que je parvienne à y résister.

En à peine dix minutes dans ce lycée qui m'est encore à moitié inconnu, je me suis déjà fait des amis, Tout ce que j'espère, c'est de ne pas avoir à les quitter dans trois ou quatre mois. Avec eux, je ris comme je ne l'ai pas fait depuis bien longtemps et ça fait un bien fou. Même si je redoute de faire une erreur et de devoir me présenter à la classe, je sais qu'ils seront là pour me soutenir.

A Cinq Comme UnWhere stories live. Discover now