À Portée De Cœurs

Chapitre 2

La clairière était baignée d'une lumière douce, l'éclat du feu crépitant rivalisant avec celui des étoiles. Les cinq garçons s'étaient installés en cercle autour du foyer, leurs visages illuminés par les flammes dansantes. L'air sentait le bois brûlé et la terre humide, une odeur familière qui semblait rendre la soirée encore plus intime.

"Alors, qui ose défier le roi des questions tordues ?" lança Niall, une bière à la main et un sourire malicieux aux lèvres.

"Personne ne t'a nommé roi," répliqua Zayn en allumant une cigarette.

Louis, appuyé sur ses coudes, les observa avec amusement. "Je suis désolé, mais Niall est imbattable. Je pense qu'on doit juste accepter son règne."

"Merci, Tommo ! Enfin quelqu'un de sensé ici," répondit Niall avec un clin d'œil.

Harry, assis en tailleur près de Louis, éclata de rire. Il adorait ces soirées improvisées avec ses meilleurs amis, mais il adorait encore plus ce côté désinvolte de Louis, sa capacité à détendre l'atmosphère avec une simple remarque. Pourtant, à chaque éclat de rire ou sourire échangé, une boule étrange se formait dans son ventre, une sensation douce mais impossible à ignorer.

Le jeu continua, ponctué de rires et de moqueries bon enfant. À un moment, Zayn réussit à faire chanter Liam à pleine voix une reprise ridicule d'une chanson pop, ce qui fit éclater tout le groupe de rire. Harry observa discrètement Louis à cet instant précis, ses yeux brillants de joie et ses cheveux ébouriffés par la brise. Il détourna rapidement le regard, pris sur le fait par ses propres pensées.

Louis, lui, était confortablement allongé, un marshmallow en équilibre sur une branche. Il regardait Harry du coin de l'œil, notant la façon dont les flammes faisaient ressortir la lueur verte de ses yeux. Ça lui arrivait souvent, ces moments où il se perdait à l'observer sans raison apparente. Mais Louis était doué pour ignorer ce genre d'élans, les reléguant à de simples réflexions passagères.

Quand les rires s'apaisèrent, Niall s'étira longuement. "Bon, les gars, il commence à se faire tard. On s'organise pour les tentes ?"

D'habitude, la répartition était simple : Harry partageait avec Niall, Louis avec Liam, et Zayn dormait seul parce qu'il ronflait comme un moteur de tracteur (selon ses propres mots). Mais cette fois, Niall, Liam et Zayn avaient d'autres plans.

Un rapide échange de regards suffit à sceller leur conspiration. Liam toussa légèrement pour attirer l'attention. "En fait, on a discuté... et vu que je veux pouvoir dormir un peu pour une fois, je vais partager avec Niall. Zayn prendra sa propre tente, comme d'hab."

Louis fronça les sourcils, visiblement surpris. "Et moi alors ?"

"Bah," répondit Niall, feignant l'évidence, "tu peux dormir avec Harry."

Harry, qui buvait une gorgée d'eau, faillit s'étouffer. "Attends, quoi ?"

"Ça change un peu, non ?" continua Liam, un sourire innocent sur les lèvres. "Et puis, toi et Louis êtes inséparables, ça paraît logique."

Harry ouvrit la bouche pour protester, mais les regards insistants de Niall et Liam lui coupèrent la parole. Louis, de son côté, haussa simplement les épaules. "Ça me va. À moins que ça te dérange, Haz ?"

Harry sentit une chaleur familière monter à ses joues. "Non, bien sûr que non. C'est... c'est juste que ça fait un moment."

Zayn, toujours calme mais amusé, écrasa sa cigarette au sol. "On dirait qu'il panique. C'est mignon."

"Je ne panique pas," répliqua Harry, un peu trop vite, déclenchant un nouvel éclat de rire général.

Une fois la logistique décidée, chacun se dirigea vers sa tente. Louis attrapa son sac et lança un regard amusé à Harry. "Allez, Styles, je promets de ne pas ronfler."

Harry roula des yeux pour cacher son malaise. "On verra."

La tente était plongée dans le noir, seulement éclairée par une faible lumière argentée qui filtrait à travers la toile. Harry s'était endormi rapidement, son souffle régulier troublant à peine le silence environnant. Louis, lui, n'arrivait pas à trouver le sommeil. Il restait immobile, les yeux ouverts, observant la silhouette de son meilleur ami qui se découpait faiblement dans l'ombre.

Harry dormait sur le côté, légèrement recroquevillé, ses cheveux bouclés tombant en désordre sur son visage. Louis se surpris à sourire en voyant cette image si familière, si tranquille. Il avait vu Harry dormir des centaines de fois, mais ce soir, il avait cette sensation étrange d'être particulièrement chanceux de partager cet instant.

L'air dans la tente était chargé de cette odeur que Louis reconnaîtrait parmi mille : un mélange de savon doux, de terre, et cette touche indescriptible qui était propre à Harry. Ce parfum lui apportait une forme de sérénité qu'il ne comprenait pas entièrement, mais qu'il chérissait.

Louis tourna doucement sur le côté, s'approchant instinctivement. Il n'y avait pas beaucoup d'espace entre eux, et son sac de couchage frôla celui d'Harry. Il hésita. Ce n'était pas inhabituel qu'ils se retrouvent collés l'un à l'autre dans des moments comme ceux-là, mais ce soir, cela semblait différent. Il se disait que c'était pour la chaleur, pour le confort... mais il savait au fond que c'était plus que ça.

Respirant doucement, il laissa sa main glisser hors de son sac de couchage, ses doigts effleurant timidement l'étoffe du sac d'Harry. La proximité fit naître un frisson le long de son échine, pas de froid, mais d'un sentiment qu'il ne voulait pas nommer.

Doucement, presque sans bruit, il passa un bras autour du corps endormi d'Harry, son geste naturel, comme s'il avait fait ça toute sa vie. Son cœur battait un peu plus vite, mais l'apaisement qui l'envahit le surprit. Il se rapprocha encore, son front frôlant l'arrière de la tête de son ami.

La chaleur qui émanait d'Harry était réconfortante, et Louis ferma les yeux, s'abandonnant à cette proximité. L'odeur d'Harry était encore plus présente maintenant, douce et rassurante, presque envoûtante. Il inspira profondément, comme pour graver ce moment dans sa mémoire.

Il s'autorisa un murmure, si bas qu'il se perdit dans le silence de la nuit : "T'es tellement..." Il s'interrompit, incapable de trouver les mots.

Dans son sommeil, Harry bougea légèrement, se calant un peu plus contre Louis. Ce mouvement fit accélérer le cœur de ce dernier, mais au lieu de le déranger, cela lui donna une sensation de paix qu'il ne s'expliquait pas.

Louis se laissa aller, son visage enfoui dans les boucles de son ami, un sourire presque imperceptible sur les lèvres. Il avait l'impression que le monde s'était arrêté, que rien d'autre n'existait. Et même si une petite voix dans sa tête lui disait qu'il ne devrait pas s'attarder sur ce qu'il ressentait, il chassa cette pensée, juste pour cette nuit.

Il murmura une dernière fois, presque comme une promesse à lui-même : "Bonne nuit, Hazza."

Et alors, dans cette chaleur, avec cette odeur et cette présence, Louis trouva enfin le sommeil, son cœur plus léger qu'il ne l'avait été depuis longtemps.