Fading lights [ TERMINÉ ]

Chapitre 26

Lunaris

Phineas

" I love you, I'm Sorry - Gracie Abrams"

Alex disparaît au bout du couloir, mais je ne peux pas le laisser partir comme ça. Pas encore. Je cours pour le rattraper, le souffle court, le cœur battant à tout rompre. Lorsqu'il atteint les escaliers, je crie son nom, ma voix résonnant dans le silence oppressant du lycée.

— Alex ! Attends !

Il s'arrête, mais ne se retourne pas. Ses épaules sont tendues, ses poings serrés, et je peux presque sentir sa colère bouillonner à distance. J'approche prudemment, le souffle encore haché par la course. Sa respiration est saccadée et je vois son torse se gonfler rapidement.

— Quoi, Finn ? lance-t-il, sa voix tranchante. Tu veux qu'on parle maintenant ? Après tout ce que t'as laissé passer ? T'as vu ce que tu le laisses faire ?

Je déglutis difficilement. Je savais qu'il était en colère, mais pas à ce point. Je m'avance d'un pas, les mains levées en un geste de paix.

— Alex, écoute-moi... Je suis désolé. Je sais que j'ai merdé. Que j'aurais dû dire quelque chose.

Il se retourne brusquement, son visage marqué par une colère froide. Plus aucun amour ne se perçoit dans ses yeux. Non je ne vois que le néant qui l'habite.

— Ah, tu sais ?! Eh bien, bravo, Finn, vraiment. Parce que moi, je sais aussi un truc : t'es incapable de choisir. Tu veux tout, tout le temps. Être le sauveur de Nelson, et mon copain soi disant parfait. Mais ça marche pas comme ça, bordel !

Sa voix monte d'un cran, résonnant dans le couloir désert. Mon estomac se noue, et je ressens une vague de culpabilité grandissante qui m'enveloppe.

— Ce n'est pas une question de choisir, Alex, protestai-je. Nelson... il a besoin de moi en ce moment. Tu sais ce qu'il traverse, tu sais à quel point c'est difficile pour lui. Pourquoi je ne peux pas être là pour lui ?

Il rit, un rire amer, presque cruel.

— Et moi, Finn ? Moi, j'ai besoin de toi. Mais ça, t'en as rien à foutre, hein ? Parce que tout tourne toujours autour de lui. Nelson par-ci, Nelson par-là. Ça commence sérieusement à me gonfler.

Ses mots me frappent de plein fouet. Je baisse les yeux, incapable de soutenir son regard.

— Je t'aime, Alex, murmurai-je. Tu sais que je t'aime.

Il secoue la tête, exaspéré.

— Si tu m'aimais vraiment, tu m'aurais défendu. Tu m'aurais montré que je compte pour toi. Mais non, tu restes là, à le regarder comme s'il était ton putain de héros. Ce n'est pas un Héros Phineas Lord. C'est juste un dégonflé qui n'a pas sa place parmi nous.

Mon cœur rate un battement. La tension est à son comble, et je sens les larmes me monter aux yeux. Je lève la tête, cherchant ses prunelles azur, mais il détourne le regard.

— Ce n'est pas ça, Alex. Je ne veux pas que tu te sentes en compétition avec lui. Nelson est mon ami, mon meilleur ami, et il le sera toujours. Mais toi... toi, tu es différent. Tu es celui avec qui je veux être. C'est toi mon vrai héros.

Il pousse un soupir frustré, passant une main tremblante dans ses cheveux.

— Alors prouve-le, Finn. Parce que là, j'ai juste l'impression d'être une roue de secours. Et crois-moi, je vaux mieux que ça.

Un silence lourd s'installe. Je suis à court d'arguments, perdu dans un tourbillon d'émotions contradictoires. Enfin, Alex secoue la tête, résigné.

— Tu sais quoi ? J'ai besoin d'une pause, Finn. Peut-être qu'on ferait mieux de tout arrêter là. Peut être qu'on est juste trop ensemble en ce moment , t'en penses quoi ?

Mon cœur se serre violemment.

— Non ! Alex, s'il te plaît. Ne fais pas ça. Je sais que j'ai merdé, mais je vais faire des efforts. Je vais te montrer que tu es celui qui compte pour moi. S'il te plaît, ne me quitte pas.

Il me regarde, son visage marqué par l'hésitation. Après un long moment, il s'avance, posant une main sur ma joue.

— T'es sûr de ça, Finn ? Parce que si on continue, je veux être avec toi, vraiment. Pas juste une option parmi d'autres.

Je hoche la tête, les larmes roulant sur mes joues.

— Je suis sûr.

Il me fixe un instant, puis s'approche et m'embrasse doucement. Ses lèvres sont chaudes, réconfortantes, mais au fond de moi, je sens un poids lourd. Une vérité que je refuse d'affronter : je me mens à moi-même. Et pire, je mens à Alex. Parce que même si je veux croire que mes mots sont sincères, une part de moi sait qu'ils ne le sont pas totalement. Une part de mon cœur ne lui appartient plus. Et elle appartiendra toujours à Nelson.

Chaque fibre de mon être me hurle que je suis en train de m'accrocher à quelque chose qui vacille, une relation que je m'efforce de maintenir à flot par peur de tout perdre. Mais la peur n'a jamais suffi. Et au fond de moi, je le sais : mon amour pour Nelson a toujours existé. Il était là, enfoui sous les années et les regrets, brûlant doucement comme une braise inextinguible. C'est lui qui hante mes pensées les plus profondes, lui qui me rappelle sans cesse ce que signifie réellement aimer. Je ferme les yeux, essayant de chasser ces pensées. Mais c'est inutile. Ce que je ressens pour Nelson ne peut pas être effacé. Il est mon étoile inaccessible, mon eternal sunlight.

Et maintenant, je suis pris au piège entre deux réalités.

Quand Alex s'éloigne, il murmure :

— On va y arriver, bébé. Ensemble.

Je hoche la tête, incapable de répondre. Mais dans le fond, un doute persiste. Un doute qui pourrait tout détruire.