Solara
Nelson
"Nobody Gets Me - SZA"
On dit qu'il y a des moments où l'on se perd dans l'infini, comme une étoile qui traverse le ciel en silence, un instant d'éclat avant de disparaître dans l'obscurité.
Je me tiens là, dans l'immensité de mes pensées, comme un vaisseau perdu dans l'espace. Le vide qui m'entoure est lourd. Parfois, je me demande si ce vide que je ressens n'est pas celui des étoiles mortes. Des fragments d'étoiles tombées depuis si longtemps que la lumière qu'elles ont émises n'a pas encore cessé de voyager. C'est ça. Je suis ce silence entre deux éclats. La lumière qui refuse de partir.
Les images du passé me reviennent par vagues, comme des météorites errant sans but. Comme un film sans son. Il n'y a pas de bruit dans l'espace, et il n'y a pas de bruit dans la mort. Ce n'est pas le genre de vide qui peut être comblé. Ce n'est pas le vide d'un espace ouvert que l'on peut remplir de nouvelles étoiles. Non. C'est un vide tout autre. C'est le vide de la disparition, celui qui déchire, celui qui efface toute chose.
Les étoiles mourantes, la lumière qui s'éteint sans bruit... C'est ça, la mort. Elle n'a pas de forme, pas de couleur. C'est juste un creux, un abîme dans lequel on se trouve, un abîme où la chaleur humaine se dissipe dans le froid. C'était comme un soleil qui perdait sa lumière pour toujours. Un éclat disparu. Et moi, comme une poussière d'étoile, je suis resté là, à errer dans l'obscurité, attendant que quelque chose, ou quelqu'un, me trouve.
J'ai toujours cru que les étoiles étaient immortelles, qu'elles brillaient à jamais dans l'obscurité. Et pourtant... je sais maintenant que tout est fragile.
Les étoiles meurent.
Les étoiles s'éteignent.
Et parfois, les étoiles les plus proches de nous, celles qui brillent avec une intensité particulière, nous laissent un vide qui ne peut être comblé par aucune autre lumière.
Je pense à Finn, à la façon dont il a traversé tout ça. Il est comme une étoile brillante, et moi, je suis là, dans l'ombre, à regarder ses éclats sans vraiment pouvoir les toucher. Il n'a pas de temps à perdre avec moi, je le sais. Il a sa propre lumière à protéger.
Mais il reste là, parfois. Une lueur fragile dans mon ciel glacé, comme une étoile éphémère prête à disparaître dans l'infini de l'univers. Et je me demande, alors, si moi aussi, je pourrais être ce genre d'étoile pour lui. Une étoile qui éclaire sans brûler, qui brille sans disparaître. Mais j'en doute.
Je me demande si je suis capable de cette lumière. Peut-être que j'essaye, que j'ai essayé, de briller pour lui, de lui apporter ce réconfort dont il a besoin, mais quelque part en moi, je sais que j'ai échoué.
Je me souviens d'un soir où Sophie était chez moi. On avait eu une violente dispute, et dans sa colère, elle m'avait avoué être jalouse de ma relation avec Phineas. Elle m'a dit qu'elle ne comprenait pas, qu'elle ne supportait pas que je sois aussi proche de lui. Pourtant, il n'y avait rien entre nous, il n'y avait jamais rien eu. Du moins, c'est ce que je croyais. Mais après cette révélation, quelque chose s'est brisé en moi. Je me suis senti perdu, comme si un monde que je croyais solide s'effondrait autour de moi. Sophie est partie, sans que je tente même de la retenir. Elle m'a échappé, comme du sable qui se glisse entre les doigts, inexorablement. Et moi, je suis resté là, dans ce vide, à la dérive, pris dans mes propres tourments. Je savais que je n'avais rien à lui offrir. Tout ce que je voulais, c'était lui apporter de la lumière, mais je n'arrivais qu'à le perdre dans l'obscurité.
Et puis, il y a eu ce jour-là, ce jour où tout a basculé. Ce jour ou j'ai du mentir... car le soleil ne ment pas, non il brille et nous aveugle quitte à cacher la vérité.
Mon père m'a appelé à table, m'a demandé de m'asseoir à ses côtés. Il m'a parlé de Nelson, de la maladie qu'il cachait depuis si longtemps. Tout ce que je croyais savoir, toute l'histoire de cette étrange affection aux nodules de la thyroïde, était un mensonge. La vérité, c'était que Nelson avait un cancer. Pas des nodules bénins, non. Un cancer qui se propageait lentement, inexorablement, à travers son corps. Depuis des années, ils tentaient de ralentir la progression de la maladie, mais les traitements perdaient de leur efficacité. Ils l'avaient gardé dans l'ignorance. Il ne savait pas, et il ne le saurait probablement jamais. Fiona, mon père et moi étions dans le secret.
Il m'a dit de profiter de chaque moment avec Finn, parce que bientôt, il commencerait à ressentir les effets physiques de la maladie. Et à ce moment-là, on ne pourrait plus rien cacher. Le choc a été brutal. J'ai vrillé. J'ai voulu comprendre, j'ai cherché à savoir tout ce que je pouvais sur la maladie. J'ai contacté le père de Finn, en cachette. Je ne sais même pas comment j'ai trouvé son adresse. Si ce n'était pas pour mon coup de chance, Finn aurait découvert ce que je faisais. Il était sur la bonne piste, je le savais. Alors j'ai tout effacé. J'ai détruit son ordinateur, effacé ses recherches. Et moi, en cachette, je continuais à chercher. J'ai fini par retrouver une adresse mail. J'ai tenté le tout pour le tout. J'ai écrit. J'ai prié pour avoir une réponse, mais il n'a jamais répondu. J'ai fait tout ce que je pouvais, mais je me sentais totalement impuissant face à ce combat. Cette bataille que nous ne pouvions pas gagner.
Je me sens tellement perdu. Plus perdu que Finn ne peut l'imaginer. Parfois, je me demande si je ne suis pas déjà une étoile morte, errant dans l'espace, sans but. Et même si je veux croire que je pourrais éclairer sa route, qu'il pourrait se raccrocher à moi comme à une étoile filante, une part de moi sait que je ne pourrai jamais lui offrir cette lumière. Non, je suis bien trop englouti dans l'obscurité, trop prisonnier de mes propres ténèbres pour pouvoir briller à sa place.
Je pense à la dernière conversation que j'ai eue avec lui. À la façon dont il m'a regardé, les yeux remplis d'incertitude, comme s'il voulait croire en moi, mais qu'il sentait que je me mentais à moi-même. Il ne sait pas tout. Il ne sait pas que je suis déjà éteint à l'intérieur. Que, peu importe la lumière que je prétends offrir, il y a des ombres qui me dévorent, des ombres que je ne peux pas fuir.
Et pourtant, il reste là. Dans ma constellation, il reste là, comme une étoile qui ne me laisse pas sombrer dans le vide. Peut-être qu'il croit encore que je peux briller. Peut-être qu'il voit quelque chose en moi que je ne vois pas. Mais je me demande s'il sait que, même quand je suis près de lui, je suis encore une étoile morte, vacillant dans l'obscurité, cherchant à éviter de le brûler par ma propre souffrance.
Je suis perdu, et il est là. Et je sais, au fond de moi, qu'il attend quelque chose de moi. Mais je ne peux lui offrir que des éclats de lumière qui se dissipent avant d'avoir pu l'atteindre. Et je me demande si, un jour, il comprendra pourquoi je ne brille pas assez fort pour le sauver.
Je me relève, mon corps lourd, et je vais jusqu'à la fenêtre. Là, au loin, je vois l'horizon, l'étendue de l'univers qui s'étend devant moi, silencieuse et infinie. Les étoiles sont là, toutes brillantes, toutes loin de moi, et je me demande combien d'entre elles ont déjà vécu et disparu. Combien d'entre elles ont déjà éteint leur lumière, laissant derrière elles seulement un souvenir de ce qu'elles étaient.
Je ferme les yeux un instant, et je laisse mes pensées dériver. Le vent effleure doucement ma peau, comme un murmure du ciel. Et dans cette vaste nuit, je me sens à la fois tout petit et infiniment vaste. Une étoile égarée, errant dans l'immensité, à la recherche de sa place, de sa lumière, du réconfort d'une chaleur qui me manque.
Peut-être que, finalement, les étoiles ne sont jamais réellement mortes. Peut-être que, même dans le vide, dans l'obscurité la plus totale, une lumière reste. Une lumière invisible à l'œil nu, mais présente.
Peut-être que, tout comme les étoiles, nous finissons par nous retrouver dans l'obscurité, là où personne d'autre n'ose s'aventurer.
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Fading lights [ TERMINÉ ]
Любовные романыPhineas, 18 ans, vit dans un monde façonné par l'écriture. Alors qu'il participe enfin au concours qui pourrait marquer un tournant dans son quotidien, un élément inattendu vient bouleverser sa vie. Nelson porte en lui un monstre qui le dévore jou...