Chapitre 10

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L'étrange femme est descendue deux fois pour demander quelque chose à manger, mais après ça, elle a disparu, laissant derrière elle un silence étrange, presque oppressant.

Trois heures s'écoulent. L'attente est interminable. Finalement, mon téléphone vibre, un message de Raël : il me demande de monter. Sans poser de questions, j'obéis. Pourtant, quelque chose en moi hésite. Une intuition sourde, un sentiment d'inquiétude que je repousse aussitôt.

En haut, la porte du bureau est entrouverte. Je la pousse doucement. Le bureau est plongé dans une lumière tamisée, donnant à la scène une atmosphère presque irréelle. Raël est debout près de son bureau, la mâchoire crispée. La femme, assise face à lui, semble sur le point de craquer, mais elle garde son masque... un masque d'indifférence.

"Aryane," commence Raël d'une voix froide, presque tranchante, "va trouver un endroit où Hélène pourra manger ce soir. Un endroit où personne ne la connaîtra, comme elle me l'a demandé. Et ensuite..." Il marque une pause, appuyant chacun de ses mots. "Tu vas quitter le pays, Hélène. Me suis-je bien fait comprendre ?"

La femme, Hélène. laisse échapper un soupir, mais son regard ne quitte pas Raël. Une tension palpable s'installe entre eux, et je sens une hostilité latente dans l'air. "Oui, Raël," répond-elle, sa voix lasse, presque brisée.

Puis, elle se tourne brusquement vers moi. Ses yeux, pleine de méfiance et d'interrogation, me transpercent. "Vous avez des adresses à me donner ? Un endroit où je puisse bien manger sans me faire repérer ?"

Je garde mon calme malgré la pression. "Je peux vous trouver ça, oui. Vous avez des préférences ?"

"Un endroit pas trop chic, si possible."

"Bien sûr. Et pour les plats ?"

"Pas de fruits de mer," ajoute-t-elle sèchement.

"Très bien. Je vais m'en occuper. Je reviens dans quelques minutes."

Je lance un regard discret à Raël, qui acquiesce d'un simple mouvement de tête. La femme m'adresse un sourire, mais il est faux, mécanique, dénué de chaleur.

Je redescends rapidement, attrapant mon téléphone pour faire des recherches. Pourtant, je n'ai pas vraiment besoin de chercher. Mon ancien restaurant me vient tout de suite en tête. Il correspond parfaitement à ses critères. Un endroit modeste, discret, et sans fruits de mer au menu. Je m'assure quand même en vérifiant en ligne, puis je remonte en haut.

La porte du bureau est à moitié ouverte, mais l'atmosphère derrière celle-ci semble pesante.. Quand j'entre, je sens immédiatement les regards de Raël et Hélène se poser sur moi.

"J'ai trouvé un endroit," dis-je d'un ton calme et assuré. "Ça s'appelle La canne à sucre. C'est à quinze minutes d'ici, dans la banlieue. Cela vous convient-il ou vous préférez que je cherche autre chose ?"

La femme plisse les yeux, réfléchissant un instant avant de me demander : "Vous y avez déjà mangé ?"

"Bien sûr," répondis-je sans hésitation. "Les serveuses sont très aimables, et la nourriture est excellente."

Un silence s'installe, puis elle reprend, son ton légèrement plus chaleureux : "Vous travaillez ce soir, mademoiselle ?"

La surprise me prend de court, mais je la dissimule. "Oui, madame." lui dit-je.

"Dommage. Je vous aurais bien emmenée avec moi." réponds Hélène.

Cette remarque inattendue me déstabilise légèrement, mais je garde mon professionnalisme. "Puis-je faire autre chose pour vous, monsieur ?" dit-je le regard fixe sur Raël.

Raël, imperturbable, me répond : "Réserve une table aux Noces d'or pour quatre. Nous sortons ce soir, Aryane."


"Bien, monsieur."

Je salue une dernière fois la femme avant de redescendre. Une fois dans la cuisine, je retrouve Harold, qui se prépare quelque chose à manger. Tandis qu'il savour son plat, je passe l'appel pour réserver la table aux Noces d'or.

Harold et moi discutons ensuite, nos voix brisant le silence pesant de la maison. Il m'apprend qu'il a deux filles jumelles, âgées de quatorze ans, et que sa femme est infirmière à l'hôpital du coin. Il me raconte aussi comment il est devenu cuisinier pour Raël, mais même ces confidences n'arrivent pas à me détourner de mes pensées intrusive.

Deux heures plus tard, Raël et la femme descendent. Elle me salue, prenant ma main dans la sienne. Je sens une tension dans son geste, quelque chose de forcé, d'étrange. Puis elle quitte la maison, sans un mot ni un regard pour Raël.

Quand la porte se referme derrière elle, le silence devient presque assourdissant. Raël reste immobile un moment, fixant la porte d'un air indéchiffrable. Finalement, il me murmure : "Merci, d'avoir joué le jeu. Aryane."

Il se tourne vers moi, un éclat indéfinissable dans les yeux. "Ce soir, nous allons retrouvons un ami à moi de longue date. J'aimerais que tu continues à jouer le rôle de ma secrétaire."

"Pas de souci monsieur."

Il esquisse un sourire charmeur comme remerciement puis se détourne pour se diriger vers son bureau, mais s'arrête brusquement. "J'ai oublié de te dire bravo pour ta prestation d'aujourd'hui."

"Merci beaucoup."

Il disparaît derrière la porte, me laissant seule avec mes pensées..

Raël est définitivement étrange ce soir. Son comportement est imprévisible, et quelque chose en lui semble avoir changer, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Peut-être que c'est lié à cette femme, Hélène..

Ou peut-être est-ce à cause de ce que j'ai découvert dans le salon...

Ce soir, je l'observerais attentivement.. J'essayerai de comprendre ce qui se cache derrière ses silences et ses regards énigmatiques. Parce que, malgré tout, Raël reste un mystère que je suis bien déterminée à percer.

Mais peut-être que ce sera à mes risques et périls...

Une question persiste,

Qui est-il ?

Je veux dire,

Qui est-il réellement.. ?

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 12 ⏰

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