𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 16

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L'air du matin est encore chargé d'humidité lorsque je traverse le parking du lycée, mon sac battant doucement contre mon dos. Le ciel est d'un gris laiteux, et une légère brise soulève des feuilles mortes, les faisant tournoyer sur l'asphalte craquelé. Mes pensées sont lourdes, encombrées de scénarios que je ne maîtrise pas encore. William Patel. La simple idée de lui parler me noue l'estomac. Ce n'est pas que je ne sois pas capable de le faire, mais il a une présence, une manière d'occuper l'espace qui m'intimide presque.

Ava m'attend déjà près de l'entrée, adossée à un poteau, les bras croisés. Ses cheveux sont attachés en une queue-de-cheval haute, quelques mèches s'en échappant pour encadrer son visage. Elle tapote le bout de son pied contre le sol, visiblement impatiente.

— T'as réfléchi à ce que tu vas lui dire ? me demande-t-elle en haussant un sourcil.

Je prends une inspiration, cherchant mes mots.

— J'ai une idée, mais...

Elle lève les yeux au ciel.

— Arrête de te torturer, Becca. Il va adorer. Ce mec est un showman. Tu lui parles de rendre le bal encore plus extravagant que d'habitude, et il tombera à tes pieds.

— Super rassurant, merci.

Un bruit de moteur nous fait tourner la tête. Paul arrive sur sa moto, son casque encore vissé sur le crâne. Il coupe le contact et descend d'un geste nonchalant, balançant son sac sur son épaule. Ses cheveux bruns sont en bataille, et il secoue la tête pour les remettre vaguement en place avant de nous adresser un sourire en coin.

— Vous complotez encore ?

Ava croise les bras, le jaugeant.

— On planifie.

— Même chose.

Il se tourne vers moi, un air amusé dans le regard.

— Alors, prête pour ta grande rencontre avec l'empereur du théâtre ?

Je souffle doucement, sentant la tension s'accumuler dans mes épaules.

— Prête... à peu près.

Paul hausse un sourcil, son sourire s'étire légèrement.

— Je peux venir avec toi si tu veux. Histoire que t'aies un garde du corps.

Je secoue la tête immédiatement.

— Non. Je veux le faire seule. C'est moi qui ai demandé ça. C'est moi qui dois gérer.

Il semble surpris une seconde, puis hoche la tête avec approbation.

— Bien. Tu commences à me plaire, Becca.

Je roule des yeux, tandis qu'Ava rit doucement.

La sonnerie retentit, marquant la fin de notre conversation.

— On se retrouve sous l'arbre après les cours ? demande Ava.

— Oui.

Et sur ces mots, nous nous séparons.

Les cours s'étirent avec une lenteur exaspérante. Chaque minute me rapproche du moment où je devrai affronter William, et l'angoisse ne me quitte pas. En littérature, je note à peine ce que la prof dit. En mathématiques, je fixe mon cahier, incapable de me concentrer sur les équations.

Ava me jette des regards moqueurs entre deux cours, et à la pause, elle lâche en croquant dans une pomme :

— Tu vas finir par nous faire une syncope avant même de lui parler.

Sous le poids du silence (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant