Chapitre 19

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_ Par là !, crié-je aux autres.

Furie a pivoté sur la gauche vers une pleine cernée de buissons, d'arbres aussi grands que moi et de rochers. Les autres nous suivent, laissant passer ma monture en premier. Furie zigzague entre les plantes pendant quelques secondes avant de se jeter dans une grande tâche noire sous plusieurs cailloux de la taille d'un homme.

Nous avions décidés de ne pas passer par là où nous sommes sortis quand nous avons récupéré Hemming. Les soldats rouges avaient déjà investi les lieux la semaine passée, quand nous les avons guidés jusque-là. Pas la peine de tenter le diable et tout jeter par terre juste parce qu'on a pris le mauvais chemin.

Le bruit de métal et de dent de bernique frappent les parois du premier tunnel où l'on s'introduit. Il fait noir complet mais bizarrement, j'arrive à voir grâce aux casques. Les soldats de la milice et la Garde ne freinent pas leur cadence. Sûrement que leur combinaison leur permet de voir à travers le noir aussi, comme Furie, grâce à ses yeux jaunes.

Le vent bat sur mon casque et les poils de Furie remuent dans tous les sens autour de moi. Un virage à gauche, puis un à droite. Encore un légèrement à droite puis nous ne tournons plus sur plusieurs centaines de mètres. Je regarde autour de moi. Les gardes nous suivent toujours, d'après le pas de course qu'ils ont. Et je me rends compte que nous sommes dans une galerie beaucoup plus large que je ne le pensais. Les murs sont fait de pierres humides. On peut sentir l'odeur d'eaux marécageuses qui ruissellent dans le coin. Et aussi une odeur de poil mouillé.

Une étincelle se déclenche dans ma tête, puis un flash apparaît devant moi.

_ GIO !

Je hurle son nom aussi fort que je le peux pour qu'il m'entende et qu'il se rapproche de moi. En deux foulées, il se trouve à côté de Furie.

_ QUOI ?

Le bruit que nous faisons nous force à parler encore plus fort que la normale pour se faire entendre.

_ IL FAUT QU'ON SORTE DE CETTE GALERIE !

_ POURQUOI ?

_ TU SENS CETTE ODEUR ?

Il ne répond pas pendant un moment, preuve qu'il essaie d'analyser ce qu'il se propage autour de nous.

_ EH MERDE ! DIS À FURIE DE CHANGER DE TRAJECTOIRE ! JE PREVIENS LES AUTRES !

Gio freine sa cadence et hurle pour se faire entendre.

_ RESTEZ SUR VOS GARDES ! DES LERIDAS NE SONT PAS LOIN !

Je me penche en avant pour souffler à Furie de nous sortir de là mais il est trop tard !

Derrière moi, un cri strident se fait entendre. Plusieurs après ça. Des hommes, des femmes. Plusieurs gardes en combinaison s'approchent de moi. J'ignore qui ils sont mais ce n'est pas ça qui me préoccupe. C'est le fait d'entendre une sorte d'alarme, juste devant moi. Et ses yeux rouges.

_ ATTENTION !

Un coup d'œil en avant nous fait rapidement entrevoir qu'il y a deux grosses bêtes velues et mouillées juste devant nous. Furie accélère le pas en rugissant. Une lumière fait monter sa cadence et un cri rageur se jette sur le Lérida de gauche. Un bruit sourd, suivi de crissements de dents courent à côté de mon oreille et s'évapore derrière moi.

Furie se déporte sur la droite et ouvre sa gueule. Je m'accroche fermement mes doigts à son poil rugueux et attends la secousse. Furie saisit la gorge du Lérida avec sa gueule. Plusieurs gouttes fouettent mon casque, ainsi qu'une queue pleine de poils comme des lames de rasoirs. Le verre de mon casque s'ouvre. La douleur est vive, criarde sur ma joue droite. Insupportable. Le venin se répand en moi comme de l'eau au milieu de cailloux. Bientôt, je commence à ne plus sentir ma joue, puis mes bras et je commence à geindre.

Brouillon - NAM IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant