Mon étrange bad boy: Tome 2

Prologue

Louna

Tu sais quoi, maman ? Tu veux savoir quand mon monde a commencé à s'écrouler ? Tu veux savoir pourquoi je suis comme ça, alors que je croyais être au plus bas ? C'est simple maman. Il est parti. Il m'a laissée seule, seule avec mes erreurs passées et les souvenirs de notre amour perdu. Seule dans ma crainte, et mes sentiments étouffés.

Assise sur le rebord de la baignoire, je repasse en boucle tous les moments passés avec celui que j'aime depuis déjà plus d'un an. Celui qui m'a quittée sans se retourner, et je ne peux que le comprendre. Un an. Un an s'est écoulé depuis le départ de Jared. Un an de regrets, un an à rester enfermée, à supplier le ciel de me rendre celui qui hante mes pensées. J'ai perdu espoir depuis longtemps, mais le souvenir de son sourire m'empêche d'avancer.

Je ne l'ai jamais revu, et il ne m'a jamais contactée. Je ne le reverrai probablement jamais.

Pourtant, je n'arrive pas à effacer son visage de ma tête. Ses traits sont ancrés dans celui de Matt, son frère, qui continue de me mépriser depuis que je me suis retrouvée un an auparavant en larmes sur le seuil de la maison de son oncle, lors d'une soirée bouleversante.

Tim et les autres m'ont dit qu'ils étaient désolés mais après, plus rien.

Ils ont tous abandonné l'idée de me revoir heureuse.
Debrah. Rayne. Julia...
Cameron s'efforce de m'inviter à traîner avec lui dans le petit appart qu'il s'est déniché, tout près de la maison de ma mère. Les petites culottes usées et les longs cheveux blonds qui font leur nid dans des recoins de sa chambre m'en dissuade très fréquemment. J'ai essayé de me remettre à ce train-train qu'était ma vie autrefois, mais dès l'instant où mes lèvres se posent sur celles d'un autre, la culpabilité remonte à la surface. Je me remets à me détester. J'ai l'impression de le trahir, alors que je sais pertinemment que, de son côté, il doit être très loin de se gêner. Cette pensée me fait mal, et je ne peux même pas lui en vouloir.

Pourquoi je n'arrive pas à avancer ? Pourquoi je ne peux pas reprendre goût à la vie sans lui ? Comment je dois m'y prendre quand le seul mec que j'ai pu aimer me déteste ?

Kelly ne parle presque plus de Jared, mais j'ai dû lui donner la peluche qu'il m'avait offerte lors de la fête foraine en échange de son silence. Ça devenait trop difficile d'entendre son nom à chaque dîner, à chaque fois qu'elle en avait l'occasion...

Cerise sur le gâteau, le cancer de ma mère persiste, mais les médecins prétendent qu'elle a des chances de s'en sortir. La chimio effectue son travail, et elle a finalement cessé de boire pour s'efforcer de rattraper les erreurs qu'elle a pu commettre auparavant. Je suis fière d'elle.

Mes doigts traînent dans la chaleur de l'eau qui remplit la bassine, pendant que je reprends mes esprits. Je dois vraiment arrêter ça. Il m'en faut très peu pour partir dans la lune ces derniers temps, et c'est agaçant. J'immerge mon corps entier dans l'eau brûlante en enfonçant ma tête dedans. Je reste un long moment sans respirer, une fois de plus submergée par le flot de souvenirs qui tambourinent dans ma tête à chaque instant comme un film défilant dans mon esprit. Le silence, sous l'eau, est à la fois apaisant et suffocant. « Tu mérites le meilleur, Louna.
— J'ai déjà le meilleur. ».

Je ferme furieusement les yeux en revoyant l'ambiance du feu de foyer, et la chaleur de ses mains dans le creux de mon dos, nos pas se laissant guider par la musique et son souffle s'écrasant contre ma joue. C'était le bon temps...

— Louna, ça fait déjà plus d'une heure que tu es là-dedans, tout va bien ?
La voix de ma mère retentissant dans la salle de bain me sort de mes pensées. Je me relève rapidement et m'empare du shampooing à l'odeur de coconut qui se trouve sur le coin de la baignoire, humant le parfum qui me rappelle la plage.
— Je sors, deux minutes !

Si seulement je pouvais échapper à mes pensées...

*

Je suis confortablement assise dans le grand fauteuil sur lequel j'ai passé près d'un an à engloutir tous les pots de crème glacée qui passaient sous ma main. Le rugissement de Simba résonne dans les haut-parleurs de la télévision, Kelly obnubilée par les images qui défilent.
Je ne réagis pas lorsque mon téléphone se met à vibrer sur mes cuisses, m'annonçant l'arrivée d'un nouveau message. Après le troisième, je me résous enfin à regarder qui tente désespérément de me joindre.


Ma belle, ce soir c'est la fête ! Mets tes plus beaux habits, je te sors !
Demain, je squatte chez toi pour la préparation du bal. Ce n'est pas une question.
Alllllooooo ?!


Je pousse un long soupir. Julia ne lâchera pas le morceau, je le sais bien. Elle m'a harcelée avec ça toute la semaine, et elle m'a bien laissé comprendre que je n'avais pas droit à la négociation. Cependant, je n'ai absolument aucune intention de sortir.


Oui pour demain. Non pour ce soir.

Allez ! Ça fait une éternité qu'on n'est pas sorties toutes les deux !

Tu es déjà choyée que j'aie accepté de venir au bal, Julia.


La réponse se laisse attendre, mais je me doute bien qu'elle n'en démordra pas.


Lou', cesse de te faire du mal. Il ne reviendra pas, et même si ça fait un mal de chien, tu dois continuer d'avancer.


Je sais qu'elle a raison, mais une partie de moi refuse de le laisser partir... Quelle ironie. Aujourd'hui, j'ai du mal à me souvenir de ces moments où je le méprisais assez pour espérer qu'il sorte de ma vie à tout jamais. Et maintenant... j'ai l'impression de ne plus respirer sans lui.

La seule idée que demain, je devrai supporter toutes ces filles super excitées, avec leurs cavaliers qu'elles voient tous comme leur prince charmant... Alors qu'au fond, ce n'est qu'un rêve. Une image bien agréable, mais qui ne dure pas bien longtemps. Je n'aurais jamais imaginé que, si près de mon bal, ce fameux bal des terminales tant attendu de toutes les demoiselles prêtes à en finir avec ce foutu lycée, je ne prendrais même pas la peine de me chercher une robe. Cette dernière a été manigancée par Julia et Debra, qui se sont fait un malin plaisir de me le cacher jusqu'à la semaine dernière.

Si ça n'avait été que moi, j'y serais allée en jean, j'aurais pris un verre de punch, pour faire acte de présence, et j'aurais quitté ce stupide bal avec probablement autant de grâce que les derniers auxquels j'ai pu assister. Celui de l'année dernière avait été une catastrophe, et pourtant, je l'échangerais avec celui-ci sans une hésitation... Je donnerais n'importe quoi pour me retrouver le nez contre terre, uniquement pour revivre ce moment dans les bras de Jared, plutôt que d'endurer le trou béant dans ma poitrine causé par son absence.