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Chapitre 1

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— Mais allez, merde ! Tu veux nous mettre en retard ou quoi ?! grogne Debra en refermant la fermeture éclair de ma robe, dont la soie est aussi douce qu'une rose.
— Tu as ton masque au moins ? demande-t-elle, exaspérée.

À la suite de mon instant de silence, Debra et Julia ouvrent grand la bouche et me scrutent du regard, les yeux exorbités et le visage figé, totalement paniquées.

— Quoi ? m'exclamé-je, agacée.

— Louna ! Je te rappelle que c'est le thème de cette année ! Un bal MASQUÉ ! me reproche Julia, hors d'elle.

— J'ai loupé l'information, désolée.

— Et on fait quoi s'ils ne te laissent pas entrer ?

— Vous n'avez qu'à y aller sans moi... proposé-je, avant de me faire couper par Debra qui agite son téléphone sous mon nez.

— J'y crois pas ! T'avais tout calculé, en fait ! Tu ne t'en sortiras pas aussi facilement ! J'appelle Cameron, il passera t'en acheter un.

Cameron et Debra se sont beaucoup rapprochés, comme avec Julia et Rayne, également. Ça ne me surprend pas. Cameron fait toujours cet effet aux gens qui l'entourent, on ne peut que l'adorer. Je dirais même qu'il fait maintenant partie de notre petite bande, même s'il n'est pas au lycée puisqu'il a déjà fini le secondaire depuis deux ans.


Je soupire bruyamment et me retourne vers le miroir pour appliquer une fine couche de rouge à lèvres écarlate sur mes lèvres, complétant le magnifique mais discret maquillage que Julia s'est tué à me faire.

Je dois avouer que Debra me fait rire en ce moment. Elle réagit comme si elle allait se marier et que rien n'était prêt alors que la cérémonie avait lieu dans quelques minutes. Drôle de comparaison, mais c'est tout ça.

Ses longs cheveux bruns, remontés dans un catogan distingué rempli de perles et de diamants, dégagent parfaitement son visage et la vieillissent quelque peu. Elle porte une jolie robe bustier bleu azurin contenant une ouverture de son genou au sol, ainsi qu'une ceinture de petits diamants en dessous de la poitrine. Elle est magnifique, tout simplement. Son maquillage est d'un bleu léger, accompagné d'un brillant à lèvres délicat et de longues boucles d'oreille en argent.

Julia, elle, a opté pour un look un peu plus classy, mais avec sa touche à elle de beauté unique. Elle porte une longue robe sirène aqua, tournant légèrement au vert turquoise vers le bas, dans un contraste discret. Pour ses cheveux, elle a choisi d'uniquement les boucler en y ajoutant légèrement du volume. Elle est toute aussi jolie que Debra, même si elle a joué dans le simple.

Pour ma part, les filles m'ont choisi une magnifique robe bustier cuisse de nymphe sans manches, dont le bustier forme un demi-cœur et s'arrête à mes hanches en accroissant jusqu'au sol. Mon maquillage est conçu d'un simple fard à paupières rose très pâle formant une soucoupe autour de mes yeux, ainsi que d'une longue trace d'eye-liner au-dessus. Debra s'est ensuite chargé de mes cheveux. Je lui ai laissé carte blanche. Après tout, qu'est-ce que j'en ai à faire? Finalement, je me retrouve avec une tresse épi sur le côté de la tête, avec le reste des cheveux bouclés ramené sur mon épaule droite.

Je n'ai plus les cheveux rouges. J'en avais marre de cette couleur. J'en avais assez d'être différente, j'ai choisi de passer inaperçue désormais. La seule personne pour laquelle j'avais envie de me sentir différente et belle se trouve désormais à plus de cinq mille kilomètres de moi.

J'ai demandé à la coiffeuse de me faire quelque chose qui m'encadrerait bien, et je suis ressortie avec des cheveux bruns, ombrés d'un blond léger. Je ne suis pas déçue, mais ça m'est indifférent. J'ai l'impression de ne plus vivre... J'ai la sensation que ma vie est un chemin tracé par ceux qui m'entourent, tout simplement. Comme si je les laissais déterminer mon destin, et que je ne faisais que suivre ma route. En fait, je ne crois pas que ce soit une simple impression. C'est le cas. Depuis le départ de Jared, tout a changé. Je ne suis plus celle que j'étais avant, et dire qu'au début je croyais que c'était à cause de lui que ma vie s'assombrissait... Au contraire, il l'illuminait. Il y mettait de la couleur. Maintenant, ce que je vois ressemble à un vieux film de Charlie Chaplin, où la vibrance n'existe pas. Un simple monde sans intérêt.

— C'est bon, il passe immédiatement t'en acheter un et en même temps, il passera nous prendre. Il souhaite au moins assister à notre arrivée, puisqu'on a un bal de promo qu'une seule fois.

— J'y pense ! s'exclame Julia. Pourquoi t'as pas simplement demandé à Cameron d'être ton cavalier ? Comme ça, il pourrait t'accompagner et il ne raterait pas le bal ?

Je n'y avais pas pensé... Et puis maintenant, c'est trop tard de toute façon...
Je hausse simplement les épaules et baisse les yeux pour m'emparer de mon portable. Avant, je le regardais en permanence, espérant y voir s'afficher le nom de Jared, mais maintenant je ne m'y attends plus. J'ai perdu tout espoir... J'ai reçu un SMS de Rayne.

Je pars, on se rejoint tous là-bas ?

Ouep, Cameron nous emmène. Après la soirée, Julia dit qu'on va tous chez elle, t'es ok ?
Tout à fait ! À tout de suite, Bella.

Je souris et range mon portable. Debra et Julia se précipitent vers la sortie de ma chambre et descendent l'escalier à la vitesse supérieur. Je souffle un coup et les suis nonchalamment, prête à passer une très, très longue soirée.

*

— Bah quoi ? Si c'est si horrible, tu peux le dire ! grogné-je, agacée du long silence que Cameron laisse en posant les yeux sur moi.

Après avoir embrassé Julia et Debra, Cameron s'est retourné vers moi et n'a plus bougé depuis ce moment. Je commence à me tortiller sur moi-même, gênée du regard intense de mon meilleur ami sur moi. Il ouvre la bouche et écarquille les yeux, bouche bée.

— N-non... tu... Putain t'es... Louna ? balbutie-t-il avec grand mal.
— Euh... oui. Oui je suis Louna. Ta meilleure amie, depuis plus de 10 ans, tu te rappelles ? ironisé-je.

— Non, je veux dire...Tu t'es vue ? Tu es... parfaite. Et encore le mot est faible, dit-il en reprenant ses esprits.

Je baisse les yeux, un faible sourire au coin des lèvres, avant de relever la tête et de croiser le regard de Cameron, qui continue de me dévisager.

— Merci, Rominet...

— Je ne dis que la vérité p'tit chat, dit-il avec un grand sourire sur les lèvres. Il est temps d'y aller, vous ne croyez pas ? Venez, je vous emmène. Oh, j'oubliais. Tiens, ton masque.

Il me tend un magnifique masque de la même couleur que ma robe allant du milieu de mon front au-dessus de mon nez. Je l'enfile immédiatement et tourne la tête pour voir la réaction de Debra et Julia, qui lèvent toutes les deux leur pouce en signe d'accord.
Cameron jette un regard à mes deux amies et m'offre son bras. Je l'attrape doucement et il m'accompagne à la portière du côté passager. Il m'ouvre la porte tel un gentleman et prend place derrière le volant.

C'est parti...

*

— Hey !

Nous nous retournons tous en direction de la voix qui vient de nous interpeller, après avoir salué Cameron qui nous a souhaité une très belle soirée.

— Rayne ! dit-on tous en chœur.

Il s'avance joyeusement vers nous et nous prend dans ses bras une par une.

— Vous êtes toutes très belles. Je suis heureux d'avoir d'aussi jolies demoiselles avec moi ce soir.

En disant cela, il lève légèrement le menton d'un air hautain en regardant au loin, fier. Nous éclatons de rire, et il nous rejoint après quelques secondes. Après quelques minutes de discussion, nous décidons de nous rendre au comptoir où ils servent le punch pour nous servir un verre.
Malheureusement, ils ne permettent pas l'alcool ici, alors que j'en aurais eu grand besoin pour tolérer cette soirée. Par chance, on se rend chez Julia ensuite...

— Dites ! crie une voix en arrivant à grande vitesse vers nous.

Je me retourne brusquement pour apercevoir Leiti, une fille dans mon cours de littérature. Elle semble tout excitée et elle porte une longue robe rouge, magnifique.

— Vous avez entendu les bruits ? demande-t-elle en jubilant.

— Les bruits ? demandé-je, doucement.

— Oui ! Tout le monde parle d'un soi-disant beau gosse qui aurait fait apparition à la soirée. Personne ne le replace à cause de son grand masque noir et ils disent tous ne jamais l'avoir vu dans le bahut. Ils croient qu'il n'est pas à River's High. On ignore comment il a pu entrer, mais à ce qui paraît, il a l'air terriblement canon !

Vous comprendrez que Leiti, c'est un peu la qu'en dira-t-on du lycée. Aussitôt qu'un ragot s'amène, c'est toujours la première à le propager. Peu importe quelle en est la nature.

— Ils ignorent qui c'est ? demande Julia.
Leiti hoche vivement la tête.
— Intéressant... Il faut que je le voie, conclut Julia. Tous les mystérieux garçons sont forcément canons.

Elle se retourne sensuellement vers moi en agitant les sourcils et en se mordant exagérément la lèvre. Je ne peux m'empêcher de rigoler face à son comportement enfantin. Elle me fait rire avec ses manières, elle a toujours été comme ça, et j'étais comme elle auparavant.
Leiti rit doucement avant de s'en aller comme une flèche vers un petit groupe de personne un peu plus loin. Surement pour continuer de propager ces rumeurs.

— Bon, alors ce n'est pas tout mais j'ai une furieuse envie de danser moi ! s'écrie Debra à travers le brouhaha des autres élèves. Vous venez ?

Nous hochons tous la tête et déposons au hasard notre verre sur la table. Rayne prend ma main et m'entraîne avec lui, pendant que Julia et Debra se déhanchent sur la piste. Je commence à danser avec mon ami sous les paroles d'une musique entraînante dont j'ignore le nom.

Je crois qu'ils ont raison. Je dois réellement passer à autre chose maintenant. Il est temps que je recommence à m'amuser et à savoir apprécier ce genre de moment. Et ce soir, c'est la parfaite occasion pour le faire.

Je ris et me dandine sur la piste pendant que Rayne pose ses mains sur mes hanches en me faisant tournoyer et sauter dans les airs. Je crois que je n'ai pas autant ri depuis... un an.

Arrête Louna... Cesse de t'apitoyer sur ton sort. Tu es forte, tu remonteras la pente. C'est difficile, mais pas impossible.

Après plusieurs minutes, nous finissons par rejoindre mes deux autres amies et dansons tous ensemble, réunis, comme avant.

Debout près du stand de punch, je tâte nerveusement la pointe de mes cheveux en attendant sagement que la chanson White collar whiskey d'Emily Wolfe ne termine.

Pourquoi ? Pour une raison stupide...

Chaque fille devait se retrouver avec un garçon autre que son partenaire pour danser un slow de couple. C'est ce qu'ils ont demandé. Et moi, comme une parfaite idiote, je me retrouve seule, cherchant désespérément un moyen d'oublier mon humiliation.

Bien sûr... Qui voudrait d'une paumée qui ne parle pratiquement plus à personne et qui ne sort plus les weekends ? Personne, évidemment.

— Mademoiselle ?

Surprise, je me retourne brusquement en direction de la voix qui vient de s'adresser à moi.
Un jeune homme brun aux yeux bleus et tout de même imposant, dans le sens musclé, est posé derrière moi. Je fronce les sourcils et m'attarde à sa tenue. Un élégant costard noir accompagné d'une cravate de même couleur et d'une chemise blanche en dessous, ainsi qu'un jean propre. Mes yeux s'attardent sur son masque noir, permettant uniquement d'apercevoir le dessus de son front, ses yeux, sa bouche et son menton.

Serait-ce lui, ce mystérieux inconnu dont tous parlent ?

Je le dévisage sans gêne, pendant qu'il esquisse un sourire unique et tout simplement craquant en baissant la tête et en se frottant la nuque. Je ne saurais comment dire, mais ce mec a quelque chose de différent. Il dégage une énergie qui ne m'est pas indifférente, j'ignore comment c'est possible, puisque je viens tout juste de poser mes yeux sur lui pour la première fois.

— M'accorderiez-vous cette danse ? demande-t-il d'une voix plus que grave.

Pendant un instant, je crois presque que je vais m'étaler au sol, prise d'une soudaine montée fiévreuse. Je ne le laisse pas voir ma réaction et souris à mon tour, remarquant ce petit air gêné qu'il cache derrière un sourire discret.

— Avec plaisir, dis-je en lui tendant la main.

Il sourit, cette fois-ci sans retenue, et attrape ma main en m'entraînant doucement sur la piste de danse. On se fraye un chemin à travers la foule et on s'arrête après quelques secondes. Il attrape délicatement ma taille alors que je pose mes mains autour de sa nuque.

Quelque chose dans ses yeux me fascine. Oui, c'est ça, ce mec me fascine. Ce qu'il dégage me fait un drôle d'effet, et je ne comprends pas pourquoi. Quelque chose en lui capte mon attention, mais impossible de mettre le doigt dessus. Une odeur ? Une façon d'agir ? Une façon de parler ? Je n'en sais rien, mais un truc me dit que ce visage, caché sous cet énorme masque noir, a quelque chose de magnifique.

Nous enchaînons les pas avec grâce, nous adonnant à une parfaite harmonie, alors que nos regards ne peuvent se quitter.

Pourquoi m'avoir choisie ? Pourquoi être venu vers moi pour cette danse ?

D'accord... J'étais la seule qui se retrouvait sans cavalier, mais s'il est vraiment l'inconnu dont tout le monde parle, alors il était déjà ici depuis un bout, et Dieu sait qu'aucune fille n'aurait refusé une danse avec lui.

Lorsque la chanson termine, je me sens presque triste de devoir lâcher ses bras. Il pose une main dans le creux de mon dos et approche doucement ses lèvres de mon oreille, avant de chuchoter quelques mots, et de s'en aller sans même me jeter un dernier regard.

« Je dois y aller, sweetheart. Mais je te promets qu'on se reverra. »

Je le regarde partir, les yeux vides et le souffle court.

Quand le reverrai-je ? Pourquoi moi ? Et puis, où doit-il aller ? Ça n'a pas de sens ! Qui vient à un bal pour s'en aller environ une heure avant la fin ?!

Perdue dans mes pensées, je n'entends pas Julia m'appeler d'une voix interloquée.

— Eh oh, Louna, tu m'écoutes ?

— Hein... dis-je sans vraiment l'entendre.

C'est alors qu'elle me sort de la lune en pianotant sur la tête avec ses longs ongles de sorcière.

— Quoi, merde ?! m'énervé-je, agacée qu'elle m'ait pris mon petit moment de bonheur. 

— C'était qui ce mec-là ?! Je suis plus que surprise que tu aies accepté de danser avec un autre garçon que Jared, vraiment. Dis-moi, tu as la fièvre ? s'époumone-t-elle en passant sa main sur mon front.

Je repousse brusquement sa main en fronçant les sourcils et en grimaçant.

Jared... Pendant un instant, j'ai presque oublié qu'il n'était plus là. C'était comme si, d'une manière où d'une autre, je l'avais imaginé à travers ce garçon...

— Julia, t'es lourde là. C'était seulement un mec sans cavalière qui m'a proposé une danse, puisque nous étions tous les deux seuls. Ce n'est pas la mort...

— Quand même. Et puis, de toute façon, je ne suis pas en train de te le reprocher hein ! Au contraire, je suis vraiment heureuse que t'aies enf-...

Tout d'un coup, l'éclairage blanc de la salle se change en une pluie de rayons de couleur, pendant qu'un jeune homme, un élève du lycée qui est responsable de l'organisation du bal, prend place sur la scène et s'empare du micro.

— Bonsoir à tous et à toutes ! J'espère que vous passez une bonne soirée car elle est loin d'être terminé ! annonce-t-il joyeusement.

Des cris se font entendre dans toute la pièce, tout le monde ayant évidemment compris ce qui est en train de se produire.

Ils vont élire le roi et la reine de la soirée.

Bien sûr, il y a toutes les salopes de classe 1 à l'avant, certaines que ce seront elles qui l'emporteront haut la main, en se disant que tout le bahut les choisira puisqu'elles sont toujours les plus belles, les plus parfaites et les plus importantes de ce foutu lycée. Alors qu'au fond, tout le monde s'en fout de qui sera choisi. Ce ne sont que les gens populaires qui s'en préoccupent. Ce qui est dommage, c'est que ce prix a perdu toute sa valeur depuis le temps. C'est devenu superficiel, un titre que seules les miss parfaites peuvent gagner, alors qu'auparavant, ce prix avait une vraie valeur. Un vrai intérêt. Tout le monde avait sa chance, il suffisait d'y croire. Se présenter en tant que reine, c'était quelque chose de sacré. C'était quelque chose qui représentait grand, et qui était premièrement basé sur la personnalité. Maintenant, ce qui importe, c'est le nombre d'amis que vous avez, et le nombre de J'aime sur votre putain de photo de profil. Ce n'est pas une véritable gloire ! Ce sont des artifices, tout simplement.

— Je me doute que vous attendez tous ce moment avec impatience !

Ou pas...

— Eh bien, le voici ! J'ai dans mes mains, ici maintenant, les noms de nos deux stars de la soirée, le roi et la reine des terminales de cette année !

De nouveaux cris s'élèvent dans la salle, alors que le jeune homme agite les deux enveloppes au-dessus de sa tête comme un précieux trophée. Je roule des yeux et souffle un coup, pendant que Debra me donne un délicat coup de coude dans les côtes en me souriant doucement. Je lui rends son sourire, sachant que sa mère a remporté ce titre lorsqu'elle avait notre âge, et que son rêve est de suivre ses pas.

— Je ne vous laisserai pas attendre plus longtemps, alors la reine attitrée pour cette année à River's High n'est nulle autre que...

Silence dans la salle. Tout le monde retient son souffle, pendant que les Divas à l'avant sourient comme des salopes, convaincues que leurs noms retentiront dans ce foutu micro dans moins de dix secondes. Le garçon tient le papier entre ses mains et y lit le nom silencieusement, avant de jeter un œil à toutes les têtes de la pièce, souriant malicieusement et laissant s'allonger le suspense.

— Mesdames et messieurs, une bonne main d'applaudissements pour Louna Bower !

C'est quoi ce bordel...

— Louna ! T'as gagné ! Tu dois monter sur scène ! s'enthousiasme Julia en jubilant à mes côtés et en me poussant légèrement vers l'avant.

Mon regard est figé, ainsi que tout mon corps. Je suis en état de choc.

Moi... Pourquoi ? Pas encore... C'est encore un sale coup, c'est ça ?

Je jette un œil désolé à Debra, qui me sourit de toutes ses dents, visiblement heureuse pour moi. Mes pas sont mal assurés, effrayée de revivre ce jour où je me suis lâchement fait humilier à cette fameuse soirée où Jared m'a sauvée.

Je monte timidement sur scène. Jusque-là, rien de mauvais ne s'est encore produit, tout va bien...

Respire, Louna... Respire...

Lilian, je crois, pose la couronne sur ma tête en me félicitant et en déposant un baiser sur ma joue. Je souris faiblement, encore surprise, alors que tous les autres pots de peinture me jettent des regards vert de jalousie, certaines qu'elles méritent mille fois plus cette couronne que moi, la « coincée sans bonheur ».

Le jeune homme reprend ensuite sa place pour annoncer le nom du roi. Mon regard se pose sur Debra et Julia, qui m'acclament avec un sourire fier, pendant que je remarque Rayne, qui les rejoint, tout aussi ravi. Ils réussissent alors à me décrocher un sourire, qui me fait baisser la tête, gênée, mais heureuse.

— Jared Coal !

Mon cœur cesse de battre.

Qu'a-t-il dit ?

Pourquoi vient-il de prononcer son nom ? Pourquoi faire ça ? C'était donc ça... C'était encore un putain de piège, c'est ça ?! Tout pour me faire mal...

Je relève brusquement la tête, ayant soudainement perdu mon sourire, et fixe le jeune homme près du micro. J'aurais envie de lui sauter au visage et de lui arracher les yeux afin de les lui faire bouffer. Mes yeux commencent à me chauffer, alors que je tente de lancer un regard suppliant à mes amis pour qu'ils me sortent de cette horrible situation, mais ils n'y sont plus.

C'est quoi cette blague ?

Non, à la place, mon regard croise une énorme file, formant un chemin entouré d'élèves et de banderoles.

Qu'est-ce que...

Après quelques secondes de silence, un mouvement se laisse enfin voir au fond de la salle.
Mon regard se pose sur lui.

Ce garçon, qui a fait chavirer mon cœur dès la première seconde. Celui que j'ai attendu pendant plus d'un an.

Il avance lentement dans l'allée, les yeux posés sur moi, derrière ce fameux masque noir.

C'était donc lui... Cet inconnu, ce garçon qui m'a pourtant paru si exceptionnel lors de cette dernière danse...

C'était lui. C'était Jared. L'homme de ma vie...

Ses pas me paraissent interminables. Je le sens trop loin de moi, je ne supporte pas cette distance...

Il enlève doucement son masque, me laissant voir ce magnifique visage, ces traits si parfaits ainsi que ces lèvres dont j'ai tellement envie maintenant. Je voudrais courir à lui et lui sauter dans les bras, mais je n'arrive pas à faire le moindre mouvement. Mon corps ne m'obéit plus, mon cerveau a tout simplement cessé de fonctionner, et seuls mes yeux suivent impatiemment les pas de Jared qui s'approchent doucement de moi.

Après quelques secondes insupportables, il arrive enfin devant moi. En temps normal, il aurait dû d'abord récupérer sa couronne, serrer la main de Lilian, et ensuite se placer près de moi, mais il s'est directement posé devant moi, avec son incroyable regard bleu et son allure irrésistible.

Pour ce qui est de moi, je suis pitoyable. Je n'arrive à rien. Ni à parler, ni à bouger. Ma bouche est entrouverte, et mes yeux le dévisagent en croyant rêver.

C'est ça, c'est un rêve. Il n'est pas devant moi, je deviens parano.

— Jared... soufflé-je, inaudiblement.

Je crois remarquer ce que je pourrais presque appeler un « peut-être sourire » sur le coin de ses lèvres, alors que son regard est plongé dans le mien, et ne le quitte plus.

— Je voulais que cette fois, ton bal puisse être digne de ne pas être oublié, murmure-t-il avant de serrer la mâchoire.

Un moment de silence s'installe dans la salle, et je pourrais dire que je remarque les jalouses derrière Jared, l'excitation de mes amis, et l'agitation des élèves, mais ma seule et unique attention est sur Jared. Il m'est impossible de me concentrer sur autre chose.

Des larmes se mettent à glisser sur mes joues, avant que Jared ne les efface avec son pouce pour ensuite venir poser sa main sur ma hanche et me plaquer contre son torse. Je serre les dents et ferme les yeux pour profiter de ses bras.

Comment être plus heureuse que maintenant ? Impossible, tout simplement. Je n'arrive même pas à y croire. J'avais perdu tout espoir d'un jour le revoir. J'étais certaine qu'il était temps d'abandonner, et c'est à cet instant qu'il choisit de revenir. Je pourrais lui en vouloir d'être parti, mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

Maintenant qu'il est là, j'espère qu'il restera. Je ne supporterai pas de le voir repartir. Je n'y survivrai pas, tout simplement.

Cette fois, je le jure sur la tête de tous les gens que j'aime sur cette putain de Terre, il ne m'échappera plus. Plus jamais.

Mon étrange bad boy: Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant