Cœur de Glace

Chapitre 21

Point de vue de Luna

Il m'arrivait parfois de me réveiller le matin, et d'en vouloir à la terre entière. A ma mère, pour m'avoir mise au monde, à mon père d'être parti, et à tous les autres, sans raison. Quand mon réveil à sonné, je savais que c'était un de ces jours où toutes les couleurs sont fades, ou vous voulez dormir toute la journée, sans jamais vous réveiller. Je repensais à hier soir, à ce moment pourtant si parfait. Bon, il y avait eu cet homme, mais Ethan était arrivé à temps. Je n'ose même pas ce qui aurait pu arriver s'il n'avait pas été là. On frappa à la porte. Mason apparut, et vint s'asseoir sur mon lit.

_ Tu m'écrase là.

Il s'excusa et décala son arrière train. Je frottai mes yeux et baillai. Sans prêter attention à Mason, je me levai, m'étirai et fouillai dans mon dressing à la recherche d'un t-shirt propre. Je l'entendais vaguement parler dans la pièce d'à coté et marmonnai des « oui » quand ça me semblait nécessaire. Quand je retournai dans ma chambre, un haut jaune citron à la main, je trouvai Mason à la même place, le visage dans les mains. Je lâchai mes affaires et m'agenouillai devant lui, tout à coup bien plus concernée. Je retirai doucement ses mains de son visage et lui levai la tête de façon à voir ses yeux. Son regard, d'un vert émeraude semblable au mien – on aurait pu croire qu'on était vraiment liés par le sang – était emplie d'une tristesse sans nom. Je compris qu'aujourd'hui n'était pas seulement un mauvais jour pour moi, c'en était aussi un pour lui. Il portait un pull, comme toujours, pour cacher ses cicatrices. Je remontai lentement une de ses manches. J'avais pris l'habitude de caresser les marques sur ses poignets, comme si le contact de mes doigts pouvait les faire disparaître. Je pris ensuite ses mains dans les miennes et les tirai, pour qu'il se lève.

_ OK. Je n'ai rien de prévu, alors on va se changer les idées.

Je savais que Mason aimait faire les magasins. Je le conduisis donc en ville. Il garda le silence pendant la route, et j'eu la désagréable impression d'être revenue à la case départ avec lui, au détail près qu'aujourd'hui, c'est moi qui le conduis, et pas l'inverse. J'essayai de faire la conversation, sans succès.

Nous déambulons dans les rues du centre ville, main dans la main. Je parle presque seule. Nous entrâmes dans une petite boutique de vêtements pour homme, et je cherchai quelque chose pour Mason, pendant qu'il attendait, les bras croisés, le regard vague. Je remarquai une chemise bleue. Je traînai Mason jusqu'à la cabine d'essayage et le poussai dedans, lui fourguant la chemise dans les bras.

Deux minutes plus tard, il tira le rideau et marcha dans ma direction. Je ne bougeais pas, croyant qu'il allait s'arrêter, mais il continua jusqu'à me rentrer littéralement dedans. Il m'entoura de ses bras et me chuchota une excuse à l'oreille.