Chapitre 1 : Nous y voila.

293 2 2
                                    

Chaleur. Brûlures. Feu. Le feu. Y a du feu autour de moi, je le sens embrasser mon corps. Je ne vois rien, je ne peux aller nulle part. J'entends... Mére... Pére... Ils crient... Mon nom... Et le sien. Elle était avec moi il y a seulement quelques instants. Je tourne la tête de droite à gauche. Je crie son nom. Ma voix semble s'arracher de ma gorge mais je continue de crier en me relevant, espérant la voir pas loin. Je crie même si j'entends pas de réponse. Je sens les larmes me monter, tout autant à cause de la fumée que par la panique.

Je commence à pleurer. Non. Elle n'aime pas ça. Je m'essuie les joues du revers de la main. Sans que j'ai le temps de réagir, je ressens une pression sur mon cou qui me bloque la respiration. Pas que j'en ai besoin mais ça me fait paniquer un peu plus.

Et c'est là que je le vis. Il avait des yeux vides et une expression neutre collé sur son visage: D'une main il me tenait par le cou et dans l'autre une touffe rose, à moitié dans les vapes. Le manque d'air de ne me faisait pas mal, c'était sa main massive serrée sur mon cou fin et fragile qui risquait de le briser d'une seconde à l'autre si il continuait de serrer. Il ne pouvait pas me tuer. Je peux pas mourir. J'en ai plus le droit. Mais ça ferait mal quand même. Je ferme les yeux en sentant une chaleur au fond de moi se réveiller. J'essaye de le contrôler au mieux, je ne veux pas tuer d'innocent. Mais je suis trop faible physiquement pour le contrôler. Je rouvre un œil pour fixer mon opposant, mes yeux tournant rouge malgré moi. Je vois très bien qu'il n'est pas maître de son propre corps. Ce n'est qu'un villageois innocent. Je me crispe en sentant le démon en moi commencer à envelopper mon corps d'un noirceur, cette dernière allant sur le bras de l'homme en face de moi.

-Je t'en prie... Ne le tue pas... Il n'y est pour rien, Abbadon, il n'est pas responsable.
J'entendis une voix dans ma tête, fermant les yeux en sentant une flamme grandir dans mon dos, mes vêtements partant en fumée.
-Je n'ai pas ton sens moral. Je m'en fous qu'il soit innocent. Dors. Je m'en occupe.

Je savais que c'était inutile que j'essaye de le convaincre. Ca fait des années que j'essaye. J'espérais de trop dans les moments critiques. Je jette un dernier coup d'œil à ma sœur, voyant qu'elle peinait à rester éveillée elle aussi, ses yeux d'un bleu vif se relevant malgré tout sur moi, essayant de me faire un sourire rassurant pour me dire qu'elle allait bien. Mais elle n'a jamais été bonne dans les faux sourires.

Je me réveille en sursaut. Pour une fois que j'arrive à m'endormir correctement, il faut que ce cauchemar me revienne. Je tourne la tête pour voir l'heure. 6h30. Moi qui ne suis pas matinale. Je me lève tout de même pour aller à la fenêtre. Je pourrais pas me rendormir de toute façon. Et pour quelques minutes ça ne sert à rien. J'admire un instant le paysage,pour enfin regarder mon reflet dans la vitre. Je me dirige lentement vers la salle de bain qui se trouve entre deux chambres. En passant je regarde le lit de Kate. Elle y dort tranquillement. Je m'arrete quelques secondes comme chaque matin pour l'observer. La voyant comme ça je me demande si elle est vraiment une princesse. Un bras sous le coussin, le visage à moitié dedans, ses cheveux blonds fins allant dans tout les sens, une jambe pendant hors du lit. Aucune grâce, aucune élégance. Et pourtant. Je me dirige finalement vers la salle de bain, m'asperge rapidement le visage avec de l'eau, puis je regarde dans le miroir. Je ferme les yeux pour les ouvrir la seconde qui suit, observant ma queue noire sortant dans mon dos de sous le tshirt d'homme que je porte et mes oreilles bougeant d'avant en arrière pour faire tomber les quelques cheveux qui sont rester dessus. Je recule et me met dos à la porte. Je glisse et attends les quelques minutes qui me sépare du réveil de Kate. Après un moment à écouter le silence, je laisse mon odorat faire effet et je renifle l'air, passant ma main dans ma queue pour remettre les poils dans le bon sens. Je relève néanmoins la tête. Du lait. Je sens l'odeur du lait. Je me lève et descends en bas aussi discrètement que je peux. Enfin. Pas vraiment. Je frappe à la rampe des escaliers directement en sortant de la salle de bain, ne réprimandant pas un juron, soufflant avant de descendre rapidement, tirant la gueule. Évidemment, j'ai réveillé Kate . Elle s'avança, me laissant voir sa taille chétive d'un mètre soixante, s'essuyant les yeux du poing, ses cheveux en bordel.

Strange LifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant