Sur le toit

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Je lui obéis sans trop savoir où il m'emmène. Je range les livres un par un. Lorsque j'arrive à sa hauteur, il me noue un bandeau autour des yeux, me prends sous

les épaules et me soulève. J'ai l'impression d'être devenue une princesse. Il me guide et je sens un courant d'air me caresser le visage. Il a certainement ouvert une

fenêtre me dis-je. J'ai l'impression qu'il enjambe quelque chose d'assez haut. Il me lâche et me détache le bandeau. Je découvre une vue magnifique sur le restant de

la ville. Nous sommes sur le toit du lycée. Il est sept heures du soir et les rayons du soleil donnent une couleur orangée aux nuages. J'en reste bouche bée. Je

n'ai jamais vu un paysage aussi beau. Je me retiens de faire léviter mon appareil photo jusqu'ici. Chris s'est assis mais je n'y arrive pas. J'ai beau essayé, je crois

que je suis pétrifiée. Je réussis enfin à m'asseoir et même à m'allonger. Je replie les bras sous ma tête et ferme les yeux. Si ma vie pouvait rester figer à ce moment,

je crois que je serais la fille la plus heureuse du monde. Je rouvre les yeux et découvre le visage de Chris penché sur moi.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je me demandais si tu t'étais encore évanouie.

- Faut croire que non.

Il se met à rire. On dirait qu'il n'a pas fait ça depuis pas mal de temps. Je commence à supporter le fait qu'il puisse voir ce à quoi je pense. Ce n'est pas si mal de

toute manière. Je pourrai rester là toute ma vie. Chris n'arrête pas de se moquer de moi. Enfin, je crois. Rien est sûr avec lui.

- Je ne me moque pas de toi. Je n'ai pas encore eu de raison de le faire.

- Ça ne va pas tarder à mon avis. Avec tout ce qu'il y a là-haut si tu ne trouves pas au moins un truc qui me fasse honte...

Je crois que j'adore son rire. Je crois que mon clone va devoir dîner avec mes parents ce soir. En parlant de mes parents, je vais rédiger une lettre pour

entrer en pensionnat. Je suis peut-être nouvelle mais je ne vais pas me laisser marcher sur les pieds par des lycéens orgueilleux aux cheveux noirs et jaunes. Je crois

que je vais essayer de dormir. Je gèle mais c'est toujours mieux que de cauchemarder sur mes parents pendant le restant de la nuit.

- Tu cauchemardes vraiment toute la nuit ?

- Tu pourrais arrêter de faire ça, maintenant ? Oui, j'ai peur de leur faire du mal parce que j'aime mes parents. C'est peut-être pas ton cas mais c'est le mien.

Plusieurs minutes passent et un silence immense emplit l'atmosphère.

- Pardon, c'est pas ce que je voulais dire. Je vais rentrer chez moi et prendre mes affaires. Demain, je rentrerai dans le pensionnat. Je connaîtrai personne à part

toi et je vais certainement rester seule parce qu'il n'y aura pas Gwen.

- Attends, c'est ma faute. T'es l'une des seules personnes que je connaisse qui ai vraiment essayé de supporter le fait que je peux fouiller dans leur vie privée.

Je suis désolé.

L'aventure d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant