Bernard sort de sous le pont et rejoint sa sœur.
Sarah: Bernard!! Enfin! Tu es devenu sourd, ou quoi??... Qu'est-ce qui t'a pris? Je t'ai cherché partout, regarde! Je suis trempée, à cause de toi!!...
Bernard: ça va... Ça va...Ils s'éloignent.
Julie(toujours sous le pont, à elle-même): tu viendras, Bernard... Je sais que tu viendras...
Sarah et son frère montent en haut de la colline.
Bernard: dis, Sarah... Franchement, notre père... Il était... Fou?
Sarah: Bernard!... Pas toi! Je t'en prie! Notre père était un homme admirable! Tu n'as pas le droit de penser cela!... Pas toi!! Écoute, nous devons être unis tout les deux! Ne pas douter!...
Bernard: tu n'as pas répondu à ma question!
Sarah: Bernard, j'ai décidé de poursuivre les travaux de père!... Je vais réunir toutes ses notes et rédiger cet ouvrage qui lui tenait tant à cœur... "La Guerre des Yeux"... La postérité lui rendra justice de son génie!...(puis en pleurant:)Bernard! Jure moi de m'aider... Je t'en prie, Bernard!!...
Bernard: lâche-moi!! Je me demande si tu n'es pas folle, toi aussi!!Les larmes de Sarah se tarissent aussitôt.
Sarah(glaciale): viens. Mère nous attend.
Ils montent dans la calèche, où, effectivement, leur mère les attend.
La mère: je t'en prie, Sarah, sèche tes paupières! Les larmes sont l'impudeur de l'œil, comme aimait tant le répéter ton vieux père...
Sarah: à propos d'impudeur, mère... Était-il bien nécessaire d'inviter cet insupportable Guizot au repas de deuil?
La mère: voyons Sarah! Ton cousin est venu spécialement de Paris pour rendre un dernier hommage à ton père... Il a voyagé trois jours entiers.
Sarah: je ne l'aime pas! Il est fat et vain comme tout les mondains... Et son métier me déplaît fort...
La mère: tu est ridicule, Sarah! Il est jeune, beau et promis à un bel avenir dans la police. Tiens-tu à rester vieille fille?
Sarah: c'est mon affaire! Et d'ailleurs... D'ailleurs il n'a d'yeux que pour vous, mère!
La mère: que me chantes-tu là? Il m'amuse, certes, et cela me change les idées d'entendre les dernières folies de la vie parisienne... Voilà tout!
Sarah: renvoyez-le, mère! Sa présence auprès de vous n'est pas convenable!
La mère: ma fille, si seule la fréquentation des vieillards est chose convenable, alors j'estime avoir assumé ma part de respectabilité jusqu'à ce jour...
Sarah: mère!
La mère: en voilà assez! Je ne puis tout de même pas jeter ce malheureux sur les routes par ce temps, tout ça par soucis de convenances... D'ailleurs, je l'ai invité à séjourner quelques jours à la Bastide...Ils descendent de la calèche.
La mère(regardant la pluie): eh bien! Cela se gâte!... La dernière colère de ton père, sans doute...
Ils rentrent à la Bastide. Avant d'entrer, Bernard jette un œil derrière lui, et aperçoit une silhouette sombre derrière un arbre. Ils ont été suivis...
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SAMBRE - 1.plus ne m'est rien
RandomRoquevaire, novembre 1847. Autour du cercueil d'Hugo, la deuxième génération des Sambre se déchire. Même mort, la malédiction du Patriarche plane au dessus de tous. Il y a Sarah, la grande fille qui veut achever "la Guerre des Yeux", l'œuvre de son...