Chapitre I

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9 avril 1940, 4h15.

Les nazis se précipitent sur le sol danois, brisant le pacte de non-agression signé le 31 mai de l'année précédente. Après deux heures de combats, le gouvernement danois capitule.

Quelques mois plus tard, un jeune homme vint renforcer les rangs de la Résistance danoise.


Ma véritable identité ? Tomas Stensgaard. Je l'ai perdue dès le moment où je suis entré dans ce café. Lézard m'y attendait. Il portait bien son nom. Maigre et sec comme un reptile, il en avait la rapidité et l'adresse. C'était lui qui gérait notre armée,comme nous nous plaisions à l'appeler.

Il m'introduisit aux autres. Nous étions peu nombreux, et agissions généralement par groupes de deux ou trois pour limiter la casse.Nous ne savions rien les uns des autres, mais nous avions l'impression de nous connaître depuis toujours. Durant cette période où nous ne pouvions nous fier à personne, nous devions faire confiance à l'autre. Nous nous dissimulions sous de faux noms, par souci de sécurité. Et puis, quand on n'a plus rien, pas même son nom, on a un peu moins de regrets au moment de passer l'arme à gauche. D'ailleurs, nous avions conscience du fait que nous étions en danger chaque seconde de notre existence.

Notre groupe comptait cinq membres en plus de Lézard et de moi. Menthe,jeune homme brun, volontaire et enflammé ; il était en charge de l'approvisionnement en armes. Raisin, aussi rond qu'un beau grain mûr, n'en était pas pour le moins agile. Expert en armes, il conseillait Menthe. Il y avait ensuite Tilleul, un joli blond aux yeux bleus qui eût enchanté Hitler pour peu qu'il le rejoignît. Timide, il savait cependant se montrer inflexible dans les situations qui l'exigeaient. Il espionnait à notre compte. On me présenta finalement Cannelle, une belle rousse chargée de la communication entre Résistants. Elle nous accompagnait également lors de certaines missions.

Il y avait enfin Lars. Mon partenaire. Mon ami. C'était lui qui m'avait confié son appartenance à la Résistance. J'avais immédiatement été séduit par l'idée, révolté par la présence des Nazis au Danemark et par les traîtrise des Danois collaborateurs. Je le suppliai de m'accepter. Il se porta garant de moi face à Lézard.

Et maintenant, voilà que j'y étais. Assis devant cette table, ce soir-là, tous ces visages me dévisageant. Lézard me demanda quel nom j'adopterai. Je fixai la table. Un petit pot s'y trouvait. Je souri.

« Je suis Poivre. »


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