Prologue

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Je me sentis reprendre connaissance. Les idées dans ma tête se bousculaient, je ne parvenais pas à m'accrocher à une image en particulier. Tout était confus. Je ne savais plus mon nom, je ne savais plus où j'étais, ni ce que je ressentais.

Pourtant, je parvins enfin à remuer le petit doigt. Une douleur vive et aigue se fit ressentir dans tout mon être. Je grimaçai et je décidai de rester immobile encore un instant. Il ne fallait pas brusquer les choses. Ainsi, je tentai de remettre de l'ordre dans ma cervelle. Des flashs me revinrent progressivement, me rappelant mon nom, mon prénom et ma profession : Mathilde WIARD, avocate.

Je fus rassurée de voir revenir les épisodes de ma vie, même s'ils étaient comme noyés dans le brouillard. Je faillis d'ailleurs lâcher un soupir de soulagement, mais je me rappelai que chaque mouvement provoquait une réaction peu agréable de mon corps.

Je me fis donc patiente et constatai avec bonne humeur que la nappe de brouillard se dissipait peu à peu.

Quelques minutes passèrent encore, et je décidai d'ouvrir les yeux. Ma vue était trouble, et mes yeux me brûlaient, comme quand je rentrais de la mer après une longue baignade dans l'eau salée. Ma bouche était sèche et j'avais une soif terrible. Mes muscles engourdis commençaient à se détendre et je pus esquisser un mouvement furtif sans ressentir la moindre douleur. Ma vue était désormais nette, mais je ne me rendais pas compte de l'endroit où j'étais. Il faisait noir, je ne voyais absolument rien.

Je remuai mes jambes, mais je les sentais encore frêles, comme celles d'un faon qui venait de naître. Tant pis, il fallait agir, je ne pouvais rester indéfiniment ici, dans l'ignorance. Je me redressai mais mon corps protesta violemment et la douleur me cloua de nouveau au sol. Malgré tout, je réitérai et cette fois-ci, je parvins à m'assoir. Mais ma tête me tournait dangereusement et je fus contrainte de fermer les yeux et d'attendre que le vertige passât. Mais qu'avais-je fait pour me retrouver dans un état pareil ? Je rouvris les yeux, déterminée : j'allais trouver les réponses à mes questions, et vite. Sans tenir compte de ma douleur, je me levai enfin, et mes jambes manquèrent de se dérober sous moi. Je m'appuyai contre ce que je trouvai –en l'occurrence un mur froid- et j'attendis un instant, me disant que j'avais voulu aller trop vite. Tout était noir autour de moi. En attendant que mes jambes daignent me porter, je tournai la tête à la recherche d'un point de repère. Soudain, je tombai sur une ouverture lumineuse : la sortie !

Un regain d'énergie m'envahit, et mon moral avait remonté grâce à cette découverte. Je fis un pas en avant, puis deux. Constatant que je n'avais ni le vertige, ni mal, je continuai, toujours lentement, me dirigeant vers la clarté. Mes jambes tremblaient encore mais elles me permettaient désormais de marcher. Et quelques instants plus tard, je quittai l'espèce de hangar dans lequel j'avais demeuré et je sortis. La lumière me fit plisser les yeux et je dus encore attendre avant de voir correctement ce qui m'entourait.

Je manquai de lâcher un cri de stupéfaction. Autour de moi, tout n'était que désolation. Des déchets envahissaient l'environnement à perte de vue, et des centrales désormais abandonnées s'élevaient dans le ciel chargé de nuages gris, menaçantes.

Je me retournai, paniquée, et je constatai avec effroi que ce paysage m'entourait complètement, de tous les côtés. Mais où étaient passés les arbres, les plantes ? Où était ma maison, où était le parc dans lequel les enfants couraient en promenant leur chien ? Où étaient même les... gens ? Où... ?

Car j'étais absolument seule et égarée. Rien autour de moi. Aucune trace de vie. Aucun bruit, si ce n'est le battement sourd de mon cœur qui cognait dans ma poitrine.

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