Earth

Chapitre 3

- Quoi ? articulai-je piteusement. Mais je... Où exactement ?

Je ne comprenais rien, mais il devait forcément y avoir une explication rationnelle.

- Oui, sur Terre, mais beaucoup plus tard dans le temps.... rajouta Hanna, me troublant davantage.

Tout cela était ridicule, je devais faire un mauvais rêve.

- Mais... C'est... impossible, soufflai-je.

Matt m'adressa un petit sourire ironique. Il se fichait de moi.

- Peut-être, mais en tout cas, ce qui nous arrive est bien réel, qu'on le veuille ou non, dit-il.

- Et... A quelle date sommes-nous ? demandai-je, apeurée pour de bon.

- Ca, nous ne savons pas exactement... Et c'est ce que nous recherchons depuis quelques temps... fit Hanna.

Je fronçai les sourcils, tâchant de comprendre :

- Si vous ne savez même pas quand nous sommes, comment pouvez-vous être sûrs que nous avons... voyagé dans le temps ? demandai-je, douteuse.

- Il y a des indices qui ne trompent pas, répondit Matt. Vois-tu tout cette pollution, ces centrales abandonnées ? Nous sommes sur Terre, une Terre détruite par les activités chimiques des Hommes.

J'acquiesçai, ne trouvant rien de mieux à faire. Je me rendis compte que je tremblais.

- Et tiens, voici ce que j'ai trouvé... rajouta Matt.

Il fouilla un instant dans son sac à dos et me sortit deux objets : une vieille montre rouillée ainsi qu'une ancienne pièce de monnaie.

- Ces choses-là appartenaient à des humains... fit-il.

Je ne pus contester ses dires, vaincue. Je n'avais pas d'autre choix que de croire leur version des choses, même si elle n'avait ni queue ni tête. Comment pouvait-on faire un tel saut dans le temps ? La veille, j'étais encore au tribunal, en train de défendre un de mes clients sur une affaire particulièrement sordide et délicate...

Non, tout cela était décidément impossible. Malgré tout, je continuai :

- Mais alors, comment sommes-nous arrivés ici ? Et pourquoi nous ? Et que faire ? Et...

Matt me coupa la parole d'un geste de la main.

- Nous n'en savons pas plus que toi, malheureusement. Je suis arrivé le premier, puis ce fut au tour d'Hanna d'apparaître, il y a trois jours... Puis toi...

- Je sais bien que tout cela paraît inconcevable, renchérit d'ailleurs Hanna. Il n'empêche que ce que nous vivons est bien réel, comme le dit Matt, et je n'ai aucune explication valable pour expliquer ce qu'il nous arrive. Tout ce que je sais, c'est que nous sommes ici et que nous devons survivre. Pourquoi nous ? Je n'en ai pas la moindre idée.

J'avalai péniblement ma salive, encaissant les dures paroles de mes compagnons. Et malheureusement, ils avaient raison... Je n'étais pas en train de faire un mauvais rêve... Soudain, la panique me submergea sans crier gare, et je fondis en larmes sous les yeux d'Hanna et de Matt. Je sentis la main d'Hanna se poser sur mon épaule, la tapotant nerveusement afin d'essayer de me calmer. Mais les larmes ne se tarissaient pas... J'étais dans un tel état de détresse et d'incompréhension... Etant de tempérament à vouloir tout contrôler, je devais avouer que j'étais un peu dépassée par les événements...

Je sentais le regard inquisiteur de Matt sur moi, et je tentai de refouler mes larmes. Je finis par les chasser, enfin. Je frottai mes yeux humides et m'excusai platement :

- Je suis désolée, je...

Hanna me sourit avec bienveillance.

- Ce n'est rien. C'est tout à fait compréhensible.

Je m'en voulais d'avoir ainsi cédé aux larmes. Je me redressai et me levai, bien décidée à ne point me laisser abattre. Il fallait agir. Et vite.

- Que fait-on, maintenant ? demandai-je. Il nous faut trouver un moyen de rentrer chez nous, absolument.

Matt grinça des dents et détourna le regard. Je lançai un regard interrogateur à Hanna, qui se contenta de hausser les épaules.

- Je crains fort que ce ne soit impossible, chère ... ? questionna Matt.

- Mathilde, dis-je. Je m'appelle Mathilde.

- Matthieu, Matt, comme tu préfères. Et nous ne rentrerons jamais « chez nous », à proprement parler, lança-t-il.

J'eus l'impression de m'être pris un coup de poing en plein ventre. Je tournai la tête vers Hanna, qui regardait Matt d'un air agacé.

- Et pourquoi donc ? fis-je, irritée par le pessimisme et le cynisme de mon compagnon.

- Parce que chez nous, c'est ici. Nous sommes sur Terre, Mathilde. Nous avons juste traversé le temps.