Partie 5

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Changement PDV : Paul

Je rejoignais Nicolas et Eva qui m'attendaient dans un café Place Centrale. Je mimais un petit sourire en les voyant et il me le renvoyais. Nicolas et Eva sont des amis de Nina qu'elle m'avaient présentés cet été. Ils sont très amoureux et les voir comme ça me faisaient penser à Nina. J'étais envieux de leur relation, je me sentais seul. J'avais besoin de Nina à mes côtés.
- Yo Paul ! me cria Nicolas.
- Mon frère, dis-je en le tchèquant, un sourire aux lèvres.
- Coucou, me lança Eva.
Eva est une très jolie fille brune aux yeux noirs. Elle a un regard mystérieux et des cheveux foncés lisses. Bien que ça ne soit pas du tout mon style de fille, c'est une amie très gentille, douce et avenante. Légèrement réservée, Eva garde un pincement de timidité lorsque l'on parle trop d'elle.
- Hello, dis-je en lui faisant la bise.
Je m'asseyais sur une chaise entre eux deux. Je me rendis alors compte que je n'avais pas du tout la tête à voir des amis.
Elle trottait dans ma tête, m'empêchant de parler, de me concentrer, d'écouter. Elle était dans mes pensées, dans mon cœur, dans mes veines. Je ne sais pas si vous avez déjà ressenti ce vide après vous êtres séparés de quelqu'un ou de personnes avec qui vous aviez l'habitude de rester tout le temps. Ce sentiment qui mêle vide, brûlure, manque, tristesse profonde et amour. Ce sentiment qui vous rattache à une autre personne, à votre moitié.

Je fus de mes pensées par Nicolas qui me tapais l'épaule avec le coude.
- Paul ? Tu vas bien ? me demanda t-il.
-...Moyen, à vrai dire, répondis-je lentement.
- Je savais. Pourquoi ça ? Tu peux tout me dire, tu sais ça ? Hein frère ? me rassura t-il en me souriant.
- Je crois que quelqu'un lui manque, devina Eva.
- Ah...t'as une petite copine à Paris ? me dit Nico.
- Non, répondais-je d'un ton sec et direct non voulu.
Ma réponse avait brusqué mes amis. J'avais été froid et dur dans ma phrase, ce qui n'était pas dans mes habitudes. Les deux regards étaient braqués sur moi d'un œil rond et suspicieux. Ne souhaitant pas subir leurs remarques ou leur jugement je décidais de me lever.
- Désolé. J'aurais pas dû, je suis pas en forme. Je vous appelle, dis-je alors sur un coup de tête en partant.
Je n'avais qu'une envie, partir surfer, m'évader dans les vagues, la chasser de mon esprit. Car lorsque je pensais à elle, je pensais à ma mère ; tout simplement parce que je n'avais jamais autant aimé une femme que ma mère ; ce qui est normal pour un fils.

Les sourcils froncés, je lançais un regard à l'océan : il me reflétait. Celui ci était déchaîné, les vagues puissantes s'éclataient contre les blockhaus de la plage, le sable volait à chaque coup de vent, les vagues ; déjà formées au loin ; laissaient place à de grandes houles mousseuses qui dévalaient la plage. Elle m'appelait.
D'un seul coup, je commençais à courir jusqu'au garage de la maison de mon père pour aller y trouver ma planche. En un mouvement, j'attrapais les clés dans mon sac à dos, ouvrais le garage, prenais ma planche, refermais et repartis en courant vers l'océan.

Arrivé sur le sable doux et rafraîchit par la pluie de cette nuit, je posais mon sac et enlevais mon débardeur avant de remonter ma combi jusqu'au cou.
Je sortais la wax de mon sac pour l'appliquer tout le long de ma planche en résine. Une fois terminé, je ne pris pas le temps de la ranger et je courrais vers l'eau qui semblait m'appeler avec rage, ma planche sous le bras. Je rentrais dans l'eau sans hésiter tout en glissant sur le ventre sur ma planche.
Je ramais de tout mon possible, usant toutes mes forces pour arriver au large où la parfaite formation des vagues flottait. Arrivé, je tournais ma planche pour prendre la première de la série : elle était grosse, elle était belle et puissante. C'était la bombe. Environ 2m5. Ma vague. Elle était encore à quelques mètres de moi quand je me mis à ramer, encore une fois, vers le bord pour partir sur la vague. À peine parti, je me levais d'une traite pour partir sur la vague en back side. À ce moment précis, je glissais et je voyais la plage défiler devant moi, rien d'autre. J'oubliais tout. Tout, même elle. Je faisais des tours sur moi même, j'appuyais sur ma jambe droite, puis sur la gauche. J'allais vite, j'étais bien.

Je pris un grand nombre de vagues cet après-midi là, jusqu'à me retrouver dans les vagues au coucher de soleil : je n'avais pas vu le temps passer. J'avais profité de ma dernière journée de surf avant de retourner à Paris comme la dernière de ma vie. De 13h30 à 22h, je ne m'étais pas arrêter une seule fois.
Vers 22h, je décidais donc de rentrer pour dîner et faire ma valise pour mon départ pour Paris demain, car il le fallait bien.
Je me fichai de ce que pouvait penser Nico et Eva, ça n'avait pas d'importance. Certes, je leur avait en quelques sortes posé un lapin et étais parti sans raison, mais j'avais l'impression d'avoir mieux à faire...de perdre mon temps, de ne pas avoir la tête à ça, de les ennuyer... Alors j'avais songé mieux de les laisser et de partir dans mon petit bout de paradis pour me retrouver, l'océan.

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