Partie 6

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Changement PDV : Elliot

J'ai toujours traité Nina comme mon petit bébé, ma meilleure amie, mon trésor que personne ne pourrait jamais toucher. Qu'elle me dise qu'elle est amoureuse d'un de mes meilleurs amis me rend fou. Bien sûr, je ne ressens pas plus que de l'amitié et de la bienveillance pour elle, mais j'ai peur de la perdre, qu'elle m'oublie et ne pense plus à moi, ni à nous, à la bande. On se fera plus de café en bande, ni de soirées. Tout ce qu'elle me disait auparavant, elle le dira à son chéri et je ne serai plus rien pour elle. Ouais je suis jaloux, égoïste, tout ce que vous voulez, tout simplement parce que je tiens à elle, et ça me fait faire des choses que je regretterais sûrement plus tard, quand elle m'aura abandonné après que j'ai tout fait pour la garder. Je veux pas qu'il me la pique, et même si j'ai fais comprendre que Nina était plus que ma meilleure amie pour moi, c'était seulement pour que ça la pousse à prendre son temps avec Paul, à réfléchir, et peut etre à y renoncer même si je sais que je ne peux pas empêcher leur amour. C'est comme ma petite sœur, Nina, et je veux pas qu'elle souffre. Mon comportement est abusif et égoïste, j'en suis conscient mais tout le monde le sait, je ne sais pas me renfermé sur moi même et ne pas extériorisé mes sentiments, je ne peux pas. Je sais que si l'un de nous se met en couple cela brisera notre amitié petit à petit, quoique nous fassions. Mais je ne peux pas empêcher Nina d'aimer Paul. Je dois me sacrifier pour elle et laisser ma place à un autre. Elle m'en voudra sûrement énormément, et je m'en voulais autant.

Je marchais dans Montmartre depuis une bonne demie heure ; pendant ces quelques minutes, je m'étais éclipsé de la réalité pour penser à elle, à lui, à nous. Je réfléchissais à ce que je dirais à Nina lorsque j'allais devoir expliquer ma réaction, puis si j'en parlerais avec Paul, avec Raph, Mehdi ou encore Heloïse et Luna.
Mon esprit revint totalement à la réalité lorsque mon téléphone vibra dans ma poche. J'avais un message dont je redoutais l'ouverture : il venait de Nina.
*reçu*
"Dans 10 minutes aux Abbesses tu dois me parler"
L'adrénaline me monta au ventre. J'avais peur de sa réaction, je ne savais pas si je devais lui dire la vérité ou lui dire que j'étais amoureux d'elle et je prédisais une mauvaise réaction de sa part. Sans m'en rendre compte, je me mis à marcher en direction du point de rendez-vous si fréquemment utilisé pour se retrouver.
Vite arrivé aux Abbesses, je m'assis sur un banc en guettant son arrivée.
Quelques courtes minutes après mon arrivée, je la vis arriver d'un pas lent vers ma direction, ses cheveux volant autour de son visage fluide. Elle s'approcha sans que je n'ose prononcer un mot. J'avais honte.
- Salut, dit-elle en s'asseyant à côté de moi avec un sourire.
- Salut, dis-je en passant ma main dans mes cheveux.
- Bon, clairement, j'ai rien compris. T'es mon meilleur ami depuis toujours et pour toujours, point, lança t-elle.
- J'aurai bien aimé. Mais tu veux savoir le problème ? C'est que une fois avec Paul, tu vas m'abandonner et quoi que tu me dises ça ne sera plus jamais comme avant et tu m'auras oublié. Oui c'est égoïste de ma part, je suis désolé, mais j'ai pas envie de te perdre, tu comptes beaucoup trop pour moi, dis-je d'un seul coup.
Elle resta bouche bée, les yeux figés dans les miens.
- Je...tout ça...tout ça c'est...c'est juste de l'amitié ? De la bienveillance ? Comme mon grand frère ? balbutia t-elle.
- Oui, en quelques sortes. Je suis toujours ton grand frère ? dis-je.
- Bah oui, toujours, dit elle en me prenant dans ses bras.
- Je suis désolé, j'ai tellement peur de te perdre ma petite Nistou, dis-je en lui embrassant le front.
Elle laissa paraître un sourire, la tête toujours posée sur mon épaule.
- Je crois que le pire dans tout ça...c'est que je suis même pas avec Paul. Il ne s'intéresse même pas à moi, il me voit seulement comme une amie, enfin...oui. Je crois, me raconte t-elle.
- Hmm, j'en doute. Tu sais qu'entre meilleur amis on parle de filles aussi, et je n'aurais jamais fait une pareille crise d'égoïsme si Paul ne s'intéressait pas un peu à toi, dis-je en me forçant à sourire.
Elle leva la tête vers moi en se mordant la lèvre inférieure, les yeux brillants.
- Vraiment ? demanda t-elle.
C'est à ce moment là que j'ai compris qu'elle l'aimait ; qu'il la rendrait sûrement heureuse, que je devais l'accepter, et livrer ma petite sœur à sa vie de femme.
Je souris alors et, en caressant ses cheveux, je lui dis :
- Oui. Et même plus. Je vais devoir m'y faire.
Elle me posa un tas de questions qui me prouvait encore une fois qu'elle était folle de lui, depuis un certain temps mais qu'elle me n'en avait jamais parlé.
- Je t'aime, me dit elle en me serrant dans ses bras.
Il n'y avait jamais aucune ambiguïté dans notre relation. Un "je t'aime" était toujours interprété comme un amour familial, un "je t'aime" qu'on dit à ses frères et sœurs ou à ses parents. Je souris à cette idée.
- Moi aussi. Moi aussi je t'aime ma Nistou, lui soufflais-je en l'embrassant sur le front.
On est restés quelques heures encore à discuter sur ce banc tout les deux, de tout et de rien jusqu'à que la nuit tombe et que je lui propose d'aller manger quelque chose avant que je la ramène chez elle.
- Ca te dit que j'aille chercher des sushis et qu'on se les mange chez moi ? Ma mère est pas là et ma soeur non plus, tu peux même rester dormir si tu veux, proposais-je.
- C'est gentil ça, me dit elle en me pinçant les joues. Je passe chercher de la tune et mes affaires chez moi et on se rejoint chez toi dans 15 minutes ça marche ? ajouta t-elle.
- Ça marche ! A toute, dis-je en partant.
J'avançais rapidement vers le restaurant de sushis le plus proche, je savais ce qu'elle aimait, ce qu'elle prenait. Je pris alors tout ce dont nous avions besoin pour une bonne soirée soit une douzaine de sushis et de makis au saumon, une dizaine de California et de brochette bœuf-fromage ainsi qu'une douzaine de sashimi au saumon. Je payais et passa prendre six bière à la supérette en bas de chez moi.

5 minutes après que j'ai installé le dîner ainsi que les bières devant la télé du salon, on sonna à la porte. C'était Nina avec son gros sac qui contenait son pyjama, sa brosse à dent, ses affaires pour demain, son "doudou" qu'elle n'oubliait jamais - qui était tout simplement un petit coussin en soie de la taille de sa tête d'un bleu nuit magnifique comportant quelques étoiles dorées brodées au milieu.
Quand elle vit mon installation de matelas avec des plateaux de sushis devant la télé, elle fit un grand sourire.
- Oh c'est trop mignon ton installation mon chat, s'exclama t-elle en sautant sur les matelas après avoir posé son sac à l'entrée.
- Je sais je sais, dis-je en soulevant mon sourcil gauche.
Elle rigola et me tendit l'argent des sushis avant de les entamer rapidement.
- Ce soir, t'as le privilège de pouvoir choisir le film qu'on va regarder, dis-je.
- Hmm...fit elle en réfléchissant tout en mâchant un sushi, ses baguettes dans les mains.
En un regard nous nous comprîmes directement.
- Pas de film hein ? dis-je en lisant ses pensées.
- Pas de film, me répond t-elle.
Au lieu de cela, nous avions décidé de parler de tout et de rien comme nous l'avions fait cette après-midi. Parler d'amour, d'amitié, de souvenirs, de famille. On se comprenait tellement, on s'apprenait, on se complétait. J'avais l'impression que Nina était mon double en femme. Seule différence, elle m'apprenait sur les filles et je lui apprenait sur les mecs. On rigolait jusqu'à en pleurer, on mangeait, on parlait, on fumait, on buvait. Puis on s'endormit, je ne sais pas comment ni quand. On dormait l'un à côté de l'autre, elle avec son petit coussin étoilé.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 26, 2015 ⏰

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