1 - Prologue - Le veilleur dans l'ombre

1.2K 48 12
                                    

C'était fini.

Il avait suffi de deux mots, six petites syllabes, pour sceller définitivement son destin. Deux mots et un geste, qu'il avait tellement redouté d'avoir à faire, durant tous ces dernier mois...

Aurait-il pu refuser ? Le serment qu'il avait prêté seize ans auparavant incluait-il ce genre de 'prestation ' ? Il avait littéralement tout donné, tout sacrifié au service de Dumbledore et de la Lumière, il n'aurait pas hésité un instant avant d'offrir aussi sa vie. Mais ça... Ça !

Jusqu'au bout, il avait espéré pouvoir échapper à cette abomination, allant jusqu'à supplier, en vain, le vieil homme de le délivrer de ce fardeau. Jusqu'au dernier moment. Malgré sa promesse au vieux mage, malgré l'évidence de sa nécessité dans le grand schéma des choses, il avait encore fallu la supplique pathétique de la voix qu'il n'avait jamais entendu faiblir auparavant pour qu'il réussisse à accomplir, comme spectateur de lui-même, le geste fatal.

Et maintenant, l'homme qui avait fini par prendre peu à peu la place du père qui lui avait tant manqué dans son enfance était parti. A jamais. Et c'était lui qui l'avait tué !

Debout sur le perron du 12 square Grimmaurd, encore chancelant après sa récente entrevue avec Voldemort, il n'hésita cependant qu'un instant. Il prenait déjà un énorme risque en revenant ici après ce qu'il s'était passé, s'il attendait plus longtemps, il ne pourrait jamais plus s'approcher de cet endroit. Il n'avait aucune certitude, mais la maison de famille des Black, il plissa le nez : 'la niche du cabot', était le dernier endroit où pouvait peut-être encore subsister quelque chose d'elle. Une photo, un objet, une lettre, n'importe quoi qui pourrait l'aider à surmonter l'isolement qui allait désormais être le sien maintenant qu'il s'était lui-même banni de l'Ordre.

Non qu'il ait jamais beaucoup apprécié la fréquentation de ses semblables, il n'était pas un homme très sociable, et la solitude était une vieille compagne. Mais ce à quoi son vieux maître l'avait contraint à se réduire était pire que tout. Pour ceux qui avaient un jour été ses compagnons, il était désormais l'incarnation même de la traitrise et de la lâcheté, un objet de haine, de mépris et de dégoût. Désormais honni de tous, il n'aurait plus de contacts autres que ceux des forces obscures et la peur lui rongeait les entrailles. Pas la peur de mourir, non. Sa vie, il y avait renoncé depuis déjà bien des années, ni celle de retomber dans ses errances passées, sa loyauté envers l'homme qui lui avait rendu son honneur était plus indéfectible que jamais. Mais la peur de ne pas vivre assez longtemps pour pouvoir mener jusqu'à son terme la tâche qu'il s'était lui-même impartie lorsque son mentor lui avait révélé la terrible vérité, quelques semaines plus tôt.

Il ne se souvenait que trop bien de la conversation qui avait suivi la révélation de Dumbledore. Harry détenait en lui une partie de l'âme de Voldemort, et lorsque le moment serait venu, il devrait sacrifier volontairement sa vie pour que le Seigneur des Ténèbres puisse être vaincu à jamais.

—Vous vous êtes servi de moi.

—Que voulez-vous dire ?

—Que j'ai espionné pour vous, menti pour vous, que j'ai couru des dangers mortels pour vous. Tout cela devait assurer la sécurité du fils de Lily Potter. Et maintenant, vous m'annoncez que vous l'avez élevé comme un porc destiné à l'abattoir...

—Voilà qui est très émouvant, Severus. En êtes-vous venu à éprouver de l'affection pour ce garçon ?

—Pour lui ? S'était-il écrié. « Spero Patronum ! »

La biche argentée avait jailli de l'extrémité de sa baguette. Après avoir atterri gracieusement sur le sol, elle s'était envolée par la fenêtre.

Le Veilleur dans l'Ombre II - La Voie de la RédemptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant