the nerd //j.g//

CHAPITRE QUINZE

THE NERD
CHAPITRE

QUINZE

Debout, les mains appuyées sur la rambarde du perron devant chez moi, j'hésitais entre confronter mes parents ou les ignorer. Par le plus grand des mauvais hasards, mon père était présent, alors que d'habitude, les dimanches, il n'était pas là. Ou alors, très rarement. Au fond, je me trouvais un peu stupide d'en vouloir autant à mes parents, mais j'étais surtout vexée. Mon père ne m'avait jamais frappé, alors pourquoi commencer lorsque je lui disais qu'il n'était pas assez présent ? Il lui suffisait d'arranger ça. J'ai enfin fait un pas en direction de la porte d'entrée en ignorant le rideau de la cuisine qui venait tout juste de bouger.

Devant la porte, j'ai levé les yeux au ciel, puis je suis entré sans frapper. J'étais encore chez moi, quand même. Mon père, assit à la table à manger, les yeux rivés sur son ordinateur, s'est levé en m'apercevant. Il s'est aussitôt dirigé vers moi et m'a serré dans ses bras avant que je n'ai le temps de reculer ou de m'enfuir. Ma mère s'est ajoutée au câlin, et j'ai failli appeler Ayna et lui dire de venir s'incruster à son tour pour faire un moment familial et dégueulasse. Sérieusement.

-Je suis tellement désolé, Margaux, je ne voulais pas, c'est par-

Mon regard l'a rendu silencieux. Le souvenir cuisant de sa main sur ma joue a fait monter les larmes à mes yeux. Ma mère, à ses côtés, a baissé la tête vers ses chaussures.

-Je vais faire mon sac, j'ai déclaré en montant les marches de l'escalier.

Je me suis arrêtée devant la porte ouverte de la chambre de ma sœur. Elle était allongée par terre avec MON casque sur les oreilles. Ses cheveux bruns bougeaient au rythme de la musique, avec sa tête.

-Ayna, j'ai dit afin de la faire réagir.

Ma sœur n'a pas fais de signe montrant qu'elle m'avait entendu. J'ai lâché un petit rire et je me suis approchée. Ensuite, je me suis accroupie à sa hauteur et j'ai tapoté son épaule pour qu'elle me remarque. Elle a sursauté et m'a adressé un sourire angélique, la marque de fabrique de la famille Knin.

-Margaux ! Tu es enfin venue ? Papa et maman t'attendaient. Tu leur a parlé ?

J'ai haussé les épaules en m'asseyant sur son lit pendant qu'elle se redressait sur le sol. Elle a secoué la tête, l'air de dire "ça craint".

-Je suis venue faire mon sac.
-Sac pour quoi ?

Mes yeux sont tombés sur une photo d'elle et moi, à respectivement 3 et 7 ans. On avait toutes les deux des cheveux noirs de jais, des sourires énormes et les joues pleines de chocolat.

-Je vais en camping sauvage avec mes amis.
-Où ça ? elle a demandé.
-J'sais pas trop, aux alentours du Colorado. On part tous ensemble.

Elle a soudainement relevé la tête.

-Au fait, t'as pas un ami qui a un ami qui a un-
-Oh la la, viens-en au nom ! On a éclaté de rire.
-Okay, Hayes Grier ça te dit un truc ? J'ai plissé les yeux.
-J'ai un ami qui a un frère qui s'appelle Hayes Grier et j'ai aussi un ami qui s'appelle Hayes Grier, j'ai annoncé en me levant. Non, tu n'auras pas son numéro, oui il est vraiment gentil et craquant, mais (je suis sortie de sa chambre, donc j'ai dû hausser la voix) IL EST AUSSI TRES AMI AVEC JACK JOHNSON DONC TU OU-BLIES !

Elle a rigolé, et moi aussi, mais au fond, ce n'était pas très drôle. Je refusais qu'un autre de mes amis tombe sous le charme d'Ayna. J'ai rapidement attrapé deux jeans, un jogging, un american apparel gris, des tops, des sous-vêtements, une paire de Converse et mes Timberlands, mon chargeur de portable et de l'argent. J'ai tout mis dans mon sac à dos Eastpack, puis je l'ai balancé sur mon épaule en sortant de ma chambre. Je suis descendue en bas, ma soeur sur mes talons.

-Tu y vas, du coup ? m'a demandé ma mère, les bras croisés sur sa poitrine.

Elle et mon père étaient côte à côte, bloquant le passage à la porte d'entrée.

-Maman...a dit Ayna.

J'ai serré les doigts de ma sœur pour qu'elle n'insiste pas, car je ne voulais pas qu'elle se dispute avec nos parents pour moi. Elle, elle allait devoir les supporter pendant une semaine, le temps que je revienne. Parce que j'allais revenir. Mes parents se sont un peu séparés.

-Ouais, j'y vais. Parce qu'ici, apparemment, c'est trop dur de se remettre en question, alors pourquoi est-ce que je le ferais, moi, hein ?

Les yeux de mon père ont chuté jusqu'à ses pieds, et ma mère a soupiré. Ils n'ont pas eu le choix que s'écarter pour me laisser passer, et sur le perron, j'ai soufflé ;

-À dimanche prochain.

En me dirigant vers la maison de Jack, j'ai mit mes écouteurs et j'ai pensé que ouais, pour le bien, pour préserver ma relation avec mes parents, j'aurais dû ne pas y aller. Puis j'ai vu le sourire de Jack, énorme, lorsqu'il a remarqué le sac que j'avais sur mon épaule. Il m'a serré dans les bras et a chantonné ;

-À nouuuuuuuus les vacaaaaaaaances !!!!

[...]

-Putain Nash t'aurais pu prévoir !

Malgré moi, j'ai éclaté de rire, m'attirant le regard furieux de Merry. La blonde a soufflé et a bouché ses oreilles avec ses écouteurs, en allant s'asseoir sur la route, au bord du fossé.

-Ça va, a soupiré le brun aux yeux bleus, on en a pour dix minutes max ! Will arrive.

En réalité, Nash avait oublié de faire le plein de gazoil, ce qui voulait dire qu'il était tombé en panne tandis qu'on roulait à fond, musique hurlant dans les enceintes et fenêtres ouvertes, vers le Colorado. On était quelque part, sur une longue route déserte entre Gallup et Grants, dans le New Mexico parce que bien sûr, ça amusait Johnson de nous faire prendre les routes les plus longues. On aurait également pu aller chercher du gazoil nous-même, mais ne sachant pas où nous étions, et sentant le plan foireux, Nash a abandonné l'idée de s'aider du GPS et a appelé son grand-frère pour qu'il vienne à notre rescousse, ce qui ne lui faisait pas faire énormément de kilomètres, étant donné qu'il se trouvait à Phœnix.

Puisque j'étais 100% girl power, j'ai été rejoindre Merry et on s'est allongée par terre comme des clochardes, en attendant William. Taylor nous a pris en photo, et j'ai posté le cliché sur instagram sans légende. La galère, ça, on connaissait bien. Malgré tout, c'était drôle. Le grand Grier est enfin arrivé, nous a dépanné, on l'a tous serré dans nos bras à grands coups de remerciements dégueus, puis on a reprit la route. J'étais avec Cameron, Taylor Mahogany , Jacob. Cameron conduisait, Taylor à ses côtés, et le couple et moi étions derrière.

On s'éclatait pas mal, et la musique y était pour quelque chose. J'avais insisté pour mettre le nouvel album de Jason Derulo, Everything is 4, et c'était Broke qui passait. On jouait puérilement à Action ou Vérité, Cameron ne faisait qu'éclater de rire, et je me sentais vraiment bien.

-Margaux, ton tour ! a crié Mahogany pour recouvrir la musique.
-Action, j'ai choisi, un peu follement.
-Smack Cameron, uh, a dit Taylor.

J'ai levé les yeux au ciel, parce que tous les gars riaient. Probablement qu'ils ne me pensaient pas capable de le faire, mais j'allais leur montrer que je n'étais pas qu'une NERD. Mahogany, totalement sûre de mon choix, a commencé à filmer. J'ai levé les yeux au ciel, me suis levé en décrochant ma ceinture, et Cameron a arrêté de rire en ralentissant un peu. Il a jeté un coup d'œil dans son rétro, et la voiture de Nash nous a doublé. Il n'y avait plus personne derrière. J'ai attrapé le visage du brun entre mes mains, et, nos visages à l'envers, je l'ai embrassé.