Chapitre 1

92 5 0
                                    

La robe attendait sur son lit, toujours dans son étui de plastique. Beth, sa mère l'avait choisie exprès pour la couleur car elle trouvait que cet orange corail mettait terriblement en valeur les yeux bleus gris de la jeune fille.
Ciara sortit rapidement de la salle de bain qu'elle occupait depuis plusieurs longues minutes et s'enferma dans sa chambre. Elle enfila prestement des sous-vêtements et admira quelques instants l'habit qui trônait sur son édredon gris. Et l'appréhension qu'elle sentait naître chaque fois qu'elle s'apprêtait à s'habiller naissait au fond de son minuscule estomac. Et si elle ne rentrait pas dans cette magnifique robe ? Et si elle avait l'air d'un éléphant dans ce vêtement ? Un soupir imprégné de peur fila des lèvres de l'adolescente.

Elle détourna les yeux et tomba sur son reflet dans le miroir. Elle s'approcha doucement, presque troublée par ce qu'elle voyait. De fines jambes étiraient un buste extrêmement mince. Et le fin cou opalin de la jeune fille était surmonté d'une petite tête aux longs cheveux blonds. Un visage fatigué, creusé, et un regard grisâtre sans aucune étincelle de vie se reflétait dans la glace. Ses frêle mains glissèrent sur sa peau, encore humide par la douche qu'elle avait prise, et se stoppèrent en premier sur ses clavicules saillantes qu'elle trouvait particulièrement jolies. Puis elles effleurèrent le ventre plat de la blonde. Beaucoup trop plat. On pouvait même apercevoir la forme de ses côtes. Mais Ciara trouvait cela ravissant. Cet abdomen creux, vide, osseux, elle y tenait. C'était un trophée, la preuve qu'elle y était arrivée à cette fameuse 'taille de guêpe'. Et l'image presque squelettique qu'elle avait devant elle la satisfaisait. Elle se sentait tellement parfaite dans ces moments-là. Ses lippes s'étirèrent délicatement en un immense sourire éclairé par une impeccable rangée de dents blanches et cette étincelle perdue illumina ses yeux.

«-Ciara tu es prête ? Ils ne vont pas tarder ! Hurla la mère de la jeune blonde, du bas de l'escalier.

-J'enfile ma robe et j'arrive! »

Ciara secoua la tête pour se sortir de ses pensées et sortit l'habit corail, toujours enfermé dans son écrin de plastique. Elle l'enfila, retenant pendant quelques secondes son léger souffle. La robe épousa alors le frêle corps de la jeune femme, sans être trop près du corps. Un sentiment profond de soulagement émana de la blonde. Chaque fois c'était une victoire de s'apercevoir qu'un vêtement lui allait. Et quand parfois les tissus lui étaient trop grands, elle jubilait.
Quelques coups se firent entendre contre la porte en bois blanc de la chambre. Ciara tourna la clef dans la serrure et entrebailla le battant, laissant apparaître le visage carré et dur de son plus grand frère, Dan.

«-C'est bon blondie, t'es assez belle pour dénier sortir de ton antre? S'exclama le brun en offrant un sourire tout aussi éclatant que celui de sa soeur.

-Je crois oui. Je suppose que tu viens me chercher parce que Monsieur le militaire n'arrive pas à mettre les couverts dans le bon ordre ?

-Exact petite soeur. Je suis terriblement nul en bonnes manières !»

Ciara laissa échapper un rire alors qu'elle coiffait grossièrement une dernière fois ses cheveux. Puis elle s'engouffra dans l'escalier, derrière Dan. Traversant le couloir, ils arrivèrent dans la grande salle à manger de la bâtisse des Stendson, où une grande table avait été mise pour accueillir les invités. Il manquait juste les couverts, posés maladroitement sur un un meuble à côté de la table.
Alors, après avoir expliqué l'ordre que devait suivre le positionnement des différents types de couteaux et de fourchettes, Dan et Ciara se mirent rapidement au travail.
Des rires retentirent dans la cuisine. Misha, la soeur aînée de Ciara, et Beth, leur mère, s'affairaient en cuisine pour préparer le dîner. La peinture d'une parfaite famille anglaise se dressait devant Ciara. Tout ça lui donnait envie de sourire, de croire au bonheur.
Wade choisit alors ce moment pour faire son entrée dans le salon, l'oreille collée au téléphone. Il s'affala sur le canapé du salon qui jouxtait la salle où allait se dérouler le dîner.

Thintroubles [h.s]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant