Chapitre 6

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Il devait être aux allentours de onze heures du soir et Ciara piquait du nez sur sa dissertation. Le crayon ne tenait presque plus dans sa petite main, et ses paupières, violacées à cause de la fatigue, se faisaient terriblement lourdes. Terminant une phrase, à bout de force, elle se leva de sa chaise et se glissa avec peu de délicatesse dans son lit. Elle se laissa aller, fermant ses yeux, écoutant les battements de son cœur. La blonde avait beau crouler sous la fatigue, son esprit ne voulait pas la laisser en paix et l'assaillait d'images différentes. Par flash, apparaissaient le visage de Grace, de Wade et plus régulièrement celui de Niall. C'est comme si ce dernier ne voulait plus quitter ses pensées, l'irlandais était ancré sous les paupières de Ciara. Et puis bien sur, il y avait le sourire d'Harry, ses yeux émeraude, ses mâchoires carrées, ses fines lèvres. L'adolescente s'en voulait. Elle lui avait hurlé après, l'avait chassé sans plus d'explications qu'un stupide mal de tête. Elle avait mal. Et le fait de ne pas lui avoir parlé depuis deux jours, n'avait rien arrangé.
Son téléphone sonna, la sortant d'une transe paisible.
 
« -Allô ? Grogna-t-elle un peu endormie.
-Mi querida hija ? Lança une voix rauque.»
 
Le sourire de la blonde se fit automatiquement à l'entente des ses quelques mots espagnols, et tous les problèmes qui semblaient grandir dans son crâne s'envolèrent, balayés par la joie de la jeune fille.
 
« -Oh Papa ! Me alegro de oírte.  Tenta-t-elle dans un espagnol maladroit.
-Moi aussi je suis heureux de t'entendre mon petit ange. Ta douce voix me manquait ! Alors cette grisaille anglaise ?
-Déprimant. Je suppose que Malaga c'est carrément mieux ? Souris Ciara.
-Dans le mil. Le soleil est toujours au rendez-vous.
-Je t'envis ... Constata-t-elle en réprimant un baillement.
-Excuse moi de t'avoir réveillée, mais c'était le seul moment de la journée où je pouvais t'appeler.
-Oh ne t'en fait pas papa, je n'arrive pas à dormir. Je travaillais sur une disserte ...
-Tu as du courage de travailler aussi tard ! Je t'applaudis. Ria-t-il. J'ai vus dans les journaux qu'Harry était en ville ?
-Exact. Ca me fait tellement plaisir qu'il soit revenu ... Avoua la blonde.
-Je vous vois très bien refaire les mêmes bêtises que quand vous étiez enfants ! Un sacré numéro vous deux ! Il ne fallait mieux pas vous avoir chez soi ... »
 
Les souvenirs s'installèrent chez les Stendson, le père se rappelait combien il était difficile de les séparer et entendait clairement leurs deux rires s'entremêlés, et la fille revivait les trajets jusqu'au collège sur le dos du bouclé. Ciara avait les larmes aux yeux, cette époque révolue où tout semblait parfait était désormais partie en fumée. Elle essaya gauchement de ravaler ses larmes discrètement mais son père intercepta le bruit.
 
« -J'aimerais te serrer dans mes bras mon petit ange.
-Tu me manques. Toujours un peu plus. Qu'est-ce que tu reviens à Holmes Chapel ? Demanda-t-elle en calmant les trémolos de sa voix.
-Je ne sais pas, surement dans deux, voir trois mois ... Le temps que les affaires reprennent un peu et que j'ai mes vacances.
-J'ai hâte alors.
-Je pense que ma venue n'enchante que toi.Souffla-t-il.
-Dit pas n'importe quoi papa. Maman et Misha seront contentes et si Dan est en permission il le sera aussi.
-Pas Wade. Dit-il en contrastant l'enthousiasme de l'adolescente.
-Il n'est jamais content de rien de toute façon.
-Je sais mon ange, je sais ... Bon, je vais te laisser dormir ma belle. Je rappel dans quelques temps. Prend soin de toi. Je t'aime.
-Passe le bonjour à Barbara. Te quiero mucho. A très vite. »

 

 
 
Ciara se réveilla en sursaut, surprise par un rayon du soleil qui était venu barrer son visage malgré les gros rideaux opaques qui cachaient sa fenêtre. Tournant la tête vers son radioréveil, elle retint un hoquet de surprise en découvrant l'heure tardive. Onze heures moins le quart. Elle aurait du être en cours, assise à sa place au milieu de la salle de classe de maths, essayant avec acharnement de résoudre ses équations improbables qui remplissaient sa feuille. Filant sous la douche, elle laissa tomber l'idée de retourner en cours, et décida de vider le ballon d'eau chaude. Se prélassant sous l'eau brûlante qui coulait sur son maigre corps, elle prit la décision de passer chez Harry pour s'excuser.

Thintroubles [h.s]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant