Chapitre 12

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Les orbes émeraudes du frisé de cessaient de fixer les nuages gris qui dansaient dans le ciel anglais. Emmitouflé dans un pull beige, il frissonnait toujours, les mâchoires contractées. Harry jeta un coup d'œil à l'énorme valise qui trônait sur le parquet de sa chambre. Le départ pour la capitale, le retour à la réalité. La pluie londonienne attendait les cinq starlettes pour un marathon promotion qui s'annonçait épuisant. Tout ce que détestait Harry. Un soupir s'échappa de ses lèvres gercées alors que l'adolescent baissait les yeux sur le collier qu'il serrait dans ses mains.

Une réplique d'avion en papier, comme ceux que l'on fait quand on est petit, au bout d'une fine chaîne d'argent. Un cadeau de Ciara pour son neuvième anniversaire dont il ne se séparait jamais. Il admira le bijou de longues minutes, se remémorant tout ce que ce simple sautoir avait fait pour lui. Le premier voyage loin d'Holmes Chapel, l'audition d'x-factor, le premier prime, le premier concert ... Chaque fois qu'il avait peur, Harry serrait le petit collier dans ses mains. Il avait l'impression d'avoir un bout de Ciara avec lui. Les larmes venaient de s'immiscer dans les yeux du bouclé. Depuis qu'elle était partie pour l'Ecosse, voilà déjà une semaine, le jeune homme se sentait affreusement insipide. Il venait de perdre la chose la plus importante qu'il n'est jamais eut. Une perle s'écrasa sur la chaîne en argent.

Il essuya d'un revers de main rageurs ses yeux embués par les larmes. Wade l'avait dit. C'était de sa faute. Comme toujours. Alors il devait prendre sur lui. 

Quelques coups retentirent contre le battant de bois, et la porte de sa chambre s'ouvrit lentement et la tête brune de l'aîné du groupe apparut dans l'encadrement.

« -Haz, on y va, le van est en bas. Souffla Louis.

-J'arrive. Lâcha-t-il d'une voix emplie de sanglots. »

Mais le jeune homme ne bougea cependant pas. Encré sur son lit, le dos courbé, la tête baissé, il fut secoué par un dernier frisson. Il inspira profondément, tentant maladroitement de chasser les pleurs.

Louis, les yeux toujours vrillés sur le dos de son meilleur ami, contempla le noyau vide qu'était devenu l'adolescent. Il ne voulait plus parler, plus sourire, il devenait inerte. Complètement inerte. Harry se vidait peu à peu, ne devenant que l'ombre de lui-même. Louis n'aimait pas ce qu'il devenait, assister impuissant à cette descente aux enfers l'attristait au plus haut point.

Le cadet se leva malgré tout, fébrilement et s'empara de son sac, frôlant son meilleur ami en sortant. Harry, Louis à ses trousses, s'engouffra dans l'escalier.

« -C'est l'heure maman. J'y vais. Souffla-t-il en posant ses prunelles fatiguées sur la quadragénaire qui lisait un livre dans le salon. »

Anne posa rapidement le bouquin sur le sofa et se leva pour serrer son fils dans ses bras. Ce dernier, figé dans l'entrée serrait les mâchoires, luttant du plus fort qu'il pouvait contre les sanglots qui assaillaient ses yeux. 

« -Tu vas me manquer mon bébé. Murmura-t-elle dans les bras de son fils. Appel moi rapidement d'accord ?»

Il ne répondit pas. S'il ouvrait la bouche, le noeud qui vrillait sa gorge éclaterait dans un milliard de perles salées, alors il se contenta de resserrer son étreinte. 

« -Essaye de ne plus de te tracasser avec ça. Elle a besoin d'un peu de temps. Elle reviendra, j'en suis sur. »

Il retint à gémissement. Les quelques paroles de sa mère ravivèrent l'immense plaie béante qui remplaçait son coeur. Harry lâcha rapidement sa mère et se sauva au plus vite de la tension qui régnait dans la pièce.

Thintroubles [h.s]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant