Chapitre 3

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Maintenant qu'il était face à la lumière du jour, je pouvais vraiment distinguer son visage. Il était grand, dans les 1m80. Je paraissais minuscule à coté de lui. Il devait avoir 1 ou 2 ans de plus que moi. Il avait la peau très mate, les yeux noisette et en amande et des cheveux bruns courts. De toute évidence, il passait ses journées à la salle de sport vu sa musculature. Il devait sûrement être nouveau ici car je ne l'avais encore jamais vu auparavant. Il posa sa machine à terre puis me regarda de haut en bas.

- Bon, je vais mettre les choses au clair, dit-il. Déjà d'une, on n'est pas potes alors tu vas tout de suite baisser d'un ton.

De deux, c'est pas mon boulot, je remplace juste Mika qui est blessé. Alors maintenant tu vas être mignonne, tu vas te taire et retourner dormir.

Il venait de me clouer le bec ! Aucun employé n'avait encore jamais osé me parler sur ce ton, même mes parents ne le faisaient pas ! Alors ce n'était sûrement pas un employé de bas étage qui allait le faire.

- Tu es nouveau alors tu ne connais pas encore toutes les règles sinon tu ne m'aurais jamais parlé comme ça. Tu sais qui je suis au moins ?

- T'es la fille du patron, et sinon ça change quoi à ma vie ? Et pour ta gouverne, ça fait déjà deux mois que je bosses ici.

- Deux mois ? Je ne t'ai pourtant jamais vu ici.

- T'es juste trop occupé à te regarder dans le miroir et à passer tes journées à te bourrer avec tes potes.

- Je te signale que je...

Il ne me laissa pas terminer ma phrase. Il remit son casque sur ses oreilles, ralluma sa machine et se remit au travail. J'étais tellement sous le choc que je n'ai pas tout de suite réagi, mais quand les feuilles qu'ils taillaient atterrirent sur mon visage, j'ai vite décampé. Je suis remontée folle de rage dans ma chambre.

- Laura ! Tu ne devineras jamais ce que j'ai...

Génial, elle s'était déjà rendormie. Laura avait cette capacité à tout de suite retrouver le sommeil après qu'on l'ait réveillé, alors que c'était le contraire pour moi. Une fois que j'étais réveillée, je mettais des heures à me rendormir. Je suis donc descendue dans la cuisine pour me plaindre à mes parents et pour qu'ils renvoient ce bon à rien de jardinier. Mon père buvait son café en lisant le journal et ma mère était au téléphone avec son assistante.

- Papa, il faut que je te parle, dis-je en m'asseyant en face de lui.

- Que se passe t-il ? me demanda t-il sans lever les yeux de son journal.

- Il se passe que les employés se croient tout permis maintenant.

- C'est-à-dire ?

- Un des jardiniers vient de hausser le ton sur moi ! Il m'a traité de fille superficielle et alcoolique.

- Estella, dites à Joseph de sortir la voiture.

Il ne m'écoutait déjà plus et s'apprêtait à partir au travail.

- Papa, tu m'écoutes ?

- Oui, on verra ça plus tard.

Il se leva et s'en alla sans dire un mot de plus, alors je me suis tournée vers ma mère.

- Maman je...

- Oui, on verra ça plus tard.

Elle s'en alla à son tour sans me prêter la moindre attention, me laissant seule avec ma colère et ma rancune. Après cet épisode fâcheux, j'ai décidé de me faire couler un bain moussant pour me détendre. J'étais dans ma baignoire et je n'avais qu'une envie, rester indéfiniment dans ce bain moussant avec l'odeur exquise de la lavande qui embaumait la salle de bain. Je me suis mise à penser à ce qui s'était passé hier soir. Laura et moi avions eu beaucoup de chance. Si ce jardinier n'était pas venu, je n'ose pas imaginer ce qui nous serait arrivé. Je ne me souvenais même plus de son prénom. Et dire qu'il travaillait pour nous ! Quoi qu'il en soit, même s'il nous a aidées, je comptais bien me venger de son insolence. Pour qui se prenait-il ? Il n'avait aucun droit de me parler sur ce ton ! Si je le voulais, je pouvais le faire renvoyer en un claquement de doigts et il retournerait dans cette jungle qui lui servait de ville. Bon, il fallait que je me calme. Je devais me détendre au lieu de penser à ce sale rat. Je fermai les yeux et posai ma tête sur le rebord de la baignoire. J'étais calme et détendue jusqu'à ce que mon téléphone se mette à sonner. Je n'avais aucune envie de répondre alors j'ai laissé sonner mais la personne insistait. J'ouvris donc les yeux pour voir qui m'appelait et le prénom de David s'afficha.

David était un ancien flirt. Il était tombé raide dingue de moi l'été dernier et depuis, il me courrait toujours après. Après un instant d'hésitation, je me décida à répondre.

- Salut David, dis-je sans grand enthousiasme.

- Salut ma beauté, qu'est-ce que tu fais aujourd'hui ?

- Je n'ai rien de prévu, pourquoi ?

- Je me disais qu'on pouvait se voir.

- Je n'en sais rien, Laura est ici et je ne veux pas la laisser seule.

- Ce n'est pas un problème, me répondit t-il avec empressement, j'amènerais Julien avec moi.

- D'accord, pourquoi pas. Vous n'avez qu'à passer vers 14 h.

- Parfait ! A tout à l'heure.

C'était les vacances et je venais d'avoir mon Bac alors pourquoi refuser de s'amuser ? On n'a qu'une seule vie alors autant en profiter à fond tant qu'on le peut. Après mon bain, je suis allée me recoucher et j'ai fini par m'endormir environ une heure plus tard. Quand je me suis réveillée, Laura était déjà debout et était sous la douche. En descendant dans la cuisine, je vis que le déjeuner était déjà prêt et servi. Après avoir mangé, on alla faire un peu de shopping en attendant l'arrivée des garçons. Quand ils arrivèrent, on se mit en maillot de bain pour aller dans la piscine. Cocktails, flirt, piscine, soleil...Elle n'est pas belle la vie ? Je flirtais tellement avec David qu'il pensait que j'étais enfin tombée sous son charme, si seulement il savait que ce n'était qu'un jeu. Il ne se doutait pas que je recommencerais à l'ignorer dès la fin de la journée. C'est triste à dire mais il n'était qu'un simple passe-temps pour moi.

Ça faisait déjà un peu plus d'une heure qu'on s'amusait et plus je buvais, plus je devenais dangereuse. J'avais de plus en plus de mal à me contrôler mais sur le moment, je ne m'en rendais pas compte. Quand on boit, on se sent plus fort et prêt à tout faire. On se sent invincible, et quand vos amis vous encouragent à aller encore plus loin, vous le faites sans hésiter. Je suis monté sur le grand plongeoir de la piscine avec une bouteille de vodka à la main en criant comme une folle. Je dansais, chantais et buvais de plus en plus. L'alcool me brouillait la vue mais je m'en fichais car j'avais la sensation de planer. Je bougeais tellement que j'ai fini par glisser et me cogner la tête sur le rebord du plongeoir. J'ai fini par atterrir dans la piscine, inconsciente.


La Belle et le ThugOù les histoires vivent. Découvrez maintenant