Chapitre 3 : De disputes en disputes

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- KAYNA MILES ! 

Je fermai les yeux. J'avais complètement oublié d'appeler Monica, hier. Une fois chez moi, je m'étais jetée sur mon lit pour m'endormir illico presto. J'avais encore rêvé de Kaleb mais cette fois, il s'était contenté de me regarder en souriant alors que j'étais assise en face de lui, à même le sol. Ensuite, il avait murmuré: 

«Amis.» 

Je m'étais réveillée, avec un mal de tête qui n'aurait pas été plus différent si on m'avait balancé une brique en pleine poire.

Arrivée au lycée, la douleur n'avait pas disparue. Et le hurlement de Monica n'a pas arrangé les choses. 

- Moni... 

- Pas de « Moni » qui tienne ! Je me suis inquiétée toute la journée, hier. Et je t'ai dit de m'appeler ! Est-ce que tu l'as fait ? Non ! Évidemment, c'est totalement normal de sécher les cours après une crise de larmes et de ne pas prévenir sa soi-délirant meilleure amie ! 

- Comment ça, « soi-délirant » ? Tu sais très bien que tu es ma meilleure amie !  

- Eh ben, on dirait pas !  

Elle me toisa furieusement. Je la saisis délicatement par les épaules. 

- Écoute, Moni, je suis vraiment désolée. Je sais que je n'aurais pas dû te laisser dans l'ignorance mais j'étais bouleversée. Je... je suis désolée. Pardonne-moi. 

Elle se radoucit.. 

- C'est bon. Mais tu étais où, d'ailleurs ? Tout le monde prétend que tu t'es faite enlever par le nouveau, tu sais, le gars qui se promène dans tes rêves ? 

Je plissai le nez; ça ne sentait pas bon, pas bon du tout. 

- En fait, je... j'ai... suis promenée... avec Kaleb, tu sais, le gars qui... dans mes rêves, finis-je d'une petite voix. 

Ses yeux s'écarquillèrent et ses joues se colorèrent. Signes annonciateurs d'une terrible colère. Qui ne vint pas. Son regard était fixé sur un point au-dessus de mon épaule droite. Elle fusillait la chose - ou la personne. - et dans ses yeux, une flamme brillait. Je me retournai. Kaleb. Il marchait vers nous d'un pas détendu et lent. Toutes les filles se retournaient sur son passage. Il s'arrêta devant nous, un sourire craquant aux lèvres. 

- Salut, dit-il. 

J'étais absolument perdue dans la contemplation de son visage parfait. Quand il haussa les sourcils, je rougis. 

- Euh... salut.  

Monica leva les yeux au ciel. Puis, toisant furieusement Kaleb, elle déclara: 

- Je crois que je vais vous laisser. La sonnerie ne va pas tarder à retentir. 

- D'accord, répondis-je en fixant le sol. 

Un long silence s'installa durant lequel je sentis le regard incrédule de Monica sur moi. Elle voulait que je la suive. Seulement, la perspective de l'interrogatoire qu'elle m'avait préparé ne me réjouissait guère.  

- Très bien, ajouta-t-elle d'une voix proche de la fureur, à tout à l'heure. 

- Ouais. 

Quand je levai la tête, elle était loin mais je savais pertinemment qu'elle reviendrait à la charge. Je n'avais plus qu'à la fuir. 

- Eh bien, quelle furie, ta copine, commenta Kaleb. 

- C'est vrai. Mais c'est une mexicaine: elle a le sang chaud. 

Rêves [ En pause ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant