Une vie

CHAPITRE 7 La malchance

Samedi 28 mars 2015

Toc toc toc.

Les bruits durs du poignet de Liam résonnaient contre la porte de bois massif.
C'était la deuxième qu'il essayait. Pour les précédentes, personne n'avait répondu. À croire que cette ville était fantôme ! Il voulait bien croire que c'était une ville de campagne- enfin, un professeur de géographie aurait plutôt dit une ville péri-urbaine- mais tout de même !

En voyant que personne ne lui ouvrirait, le jeune homme jura :

-Fais chier ! Ils sont où putain ?!

Il allait retraverser la petite allée en sens inverse quand il entendit un petit bruit de grincement. Il se retourna vivement et vit, dans l'encadrement de la porte, une petite fille de sept ans, peut-être. Son visage d'ange entouré de mèches châtains clair lui donnait envie de sourire à cette fillette qui le regardait de ses grands yeux noisettes.

-Bonjour. Est-ce-que l'un de tes parents est là ? demanda-t-il.

Le petit ange secoua doucement la tête de gauche à droite tout en continuant de fixer Liam dans les yeux.

-Tu as un nom ? essaya le garçon, conscient qu'il intimidait la petite.

-Clara, dit-elle d'une petite voix.

-Où sont tes parents, Clara ? questionna Liam qui trouvait le fait que la ville soit fantôme était très étrange.

-Au travail.

«Mais oui ! Quel idiot ! Ce n'est pas parce que c'est les vacances pour lui que ça l'est pour tout le monde !» se sermona-t-il dans sa tête.

-Mais, tu es toute seule ? dit Liam en fronçant les sourcils. Pour lui, laisser une fillette de sept ans seule dans une maison était un acte irresponsable.

-Non. Papy fait sa sieste à l'étage.

Le jeune homme se surprit à être soulagé de la réponse de la brunette.

-D'accord, Clara. Je suis rassuré. Sais-tu par hasard si des retraités habitent dans le coin ?

-Non. Désolée.

Le garçon sourit malgré tout.

-D'accord. Merci quand même, Clara. Au revoir.

-Au revoir, dit la petite en fermant la porte.

Liam continua donc son chemin, non sans s'être lamenté sur son triste sort.

Thomas, de son côté, n'était pas malheureux. Marina venait de partir et il était affalé sur le canapé, regardant la télévision. Un programme nul. Vraiment. Une télé réalité bidon. De toutes façons, toutes les télés réalités sont bidons.
Thomas leva les yeux en soupirant à un moment où une nana de l'émission dit une énorme connerie à la hauteur de son intelligence.

-Qu'elle est conne ! souffla Thomas.

Il n'avait jamais aimé les télés réalités. Enfaites, il les avait toujours détestées. Par conséquent, il n'avait jamais aimé les personnes qui y participaient. Ce qui expliquait pourquoi il employait ces mots.
Cependant, la fameuse réponse à la question «pourquoi il en regarde, alors ?» était encore inconnue.
L'irritation du beau brun était encore plus accentuée par le fait qu'il avait faim. Mon Dieu qu'il avait faim ! Son ventre gargouillait et il se prit à grommeler des insultes contre son frère cadet.

-Mais qu'est-ce-qu'il fout, putain ?

Thomas ne savait pas cuisiner. Sinon il se serait levé puis fait cuire des œufs sur le plat, par exemple. Hélas, le jeune homme n'était pas capable de prendre une poêle pour la poser sur la plaque à induction. Donc pour cuisiner, c'était assez... Embêtant. Oui, c'est ça : embêtant.

Bien sûr, il était loin de se douter que ce que vivait son petit frère était encore plus embêtant. C'est vrai qu'avoir le pneu crevé au plein milieu de nul part-enfin, c'était exagéré, il avait quand même eu la chance de tomber proche d'un village- avec le téléphone qui n'a plus de batterie et frapper de porte en porte pour n'avoir finalement qu'une petite fille qui lui répondait, c'était plutôt embêtant. C'était même assez décourageant.
Mais notre brave Liam ne perdit pas son courage et continua ce qu'il avait entreprit afin de trouver une quelconque aide.

Mais pour rajouter à la liste des choses embêtantes, il fallu qu'il tombe sur une fille, enfermée dans un abri à tornade qu'il s'était senti obliger secourir.

Oui, la vie de Liam Gordon était quelque peu embêtante.