Empty Gold ; Carter, Luke & Ashton.

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Carter ajusta le col de son manteau alors que d'un geste mécanique, elle enroulait son écharpe épaisse autour de son cou. L'hiver approchait et les premiers flocons du mois de Décembre venaient se mélanger avec le blond de ses cheveux. Un blond décoloré, presque blanc, qu'elle n'avait fait que pour emmerder ses parents et pouvoir les recolorer en rose bonbon plus tard. Elle était comme ça, Carter. Têtue, en plus d'être étrange avec ses ongles colorés en noir et ses cernes violacés sous ses yeux. Au lycée, on la traitait de toxico. A dire vrai, elle n'était qu'insomniaque et incroyablement triste mais c'était mieux vu de n'être que l'accro au crack qu'on avait fait d'elle.

- Hey, tu bouges la dépressive.

Carter fit volte-face et fût confrontée aux yeux azur de Luke. Ce n'était pas lui qui lui avais parlé, mais son ami de toujours, un autre grand blond qui se laissait pousser les cheveux et espérait un jour jouer dans un groupe de rock. Ashton. Immédiatement, Carter s'écarta et finit par faire demi-tour, prenant la direction contraire du lycée. Elle n'irait pas en cours. Ni aujourd'hui, ni jamais. Carter ne voulait plus y remettre les pieds. Elle n'était pas assez intelligente, de toute façon. Ni assez belle pour espérer se faire une place auprès de ceux qui gouvernaient entre ces murs. Carter, elle était mieux chez elle, entourée de son chat et de son carnet remplis de croquis. Ca ne ressemblait pas à grand-chose, ça non plus. Des tas de fillettes à la tête étonnamment grosse et aux corps disproportionnés. Carter était l'une d'elles. Un dessin à peine fini, aux traits irréguliers, qui n'existaient qu'à travers les pages d'un cahier.

- Hey, attends !

Cette fois, Carter ne se retournerait pas. Elle enfouit ses mains dans ses poches et pria pour que la musique dans ses oreilles l'empêchent d'entendre les gens l'entourant. Le problème avec les rumeurs de toxicomanie qui tournaient à son sujet, c'était les vrais toxico, ceux que l'on ne soupçonnait pas, qui venaient la voir pour espérer avoir de la dope pas chère et de bonne qualité. Alors, à force, Carter avait appris à se méfier de tout le monde, y compris de son reflet que lui renvoyait la plaque de verglas qui se trouvait sous ses pieds.

- Carter, l'appela une voix grave.

L'adolescente sentit une main faire pression sur son épaule. Carter voulut s'en écarter mais son geste fût trop brusque et la glace sous ses pieds la fit lourdement tomber au sol. C'est alors qu'elle le vit ; Luke. Ses grands yeux clairs, sa barbe naissante et son air coupable. Il lui tendit la main et s'excusa une bonne centaine de fois en une minute, laissant Carter dubitative. Mais elle n'était pas prête à sortir de sa coquille pour lui. Alors, elle fit mine de ne pas avoir terriblement mal en bas du dos et se releva, non sans mal, avant de poursuivre son chemin. Luke la rattrapa en quelques foulées et se posta à sa droite.

- J'ai pas de crack sur moi, si c'est ce que tu cherches, elle lança, en levant les yeux au ciel.

- Les dernières rumeurs faisaient mention d'acide.

Carter se stoppa net et regarda le garçon qui se trouvait à côté d'elle. Elle retira ses écouteurs de ses oreilles et jeta son Ipod dans sa poche avant de sourire faussement. Déjà, les larmes lui montaient aux yeux et elle se sentit bête. Elle avait cru naïvement que peut-être, un jour, quelqu'un remarquerait son absence en cours. Ca faisait une semaine qu'elle n'avait pas mis les pieds au lycée et elle continuait d'être un fantôme.

- Mélange de l'ammoniaque et de la javel, ça finira bien par te faire un truc ressemblant à de la meth.

- Non, c'est pas ce que...

- Va te faire foutre.

Carter trouva refuge au parc à côté de chez elle, comme elle le faisait à chaque fois qu'elle n'allait pas en cours. Elle aurait pu rentrer à la maison, personne n'y était la journée, mais elle ne s'y sentait pas en sécurité non plus. Carter n'était bien nulle part. Elle n'aimait que son carnet à dessin et Gimli, le chat obèse qu'elle avait adopté et qui venait se frotter à ses jambes, alors qu'elle se laissait tomber sur un banc.

One shot. Part 2.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant