Partie 10 | Un dîner surprenant

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J'observais mon reflet dans le grand miroir de la salle de bain et la fille que j'y voyais me ressemblait. Je veux dire par là que je me retrouvais enfin, je revoyais la Sienna pimpante d'autrefois. Je remarquais aussi que j'avais pris un peu de poids (Ce qui était très certainement dû à ma surconsommation de chocolat) mais j'étais satisfaite de mon maquillage, de ma coiffure et de mon allure générale.

Je n'avais rien laissé au hasard. Ce qui était drôle, c'est que je m'apprêtais pour dîner avec Chamberlain, un type qui a priori ne me disait rien. La dernière fois que je m'étais faite aussi jolie, c'était pour le jour de mes fiançailles avec Wesley.

Étrangement, tout ce que je faisais me ramenait à lui. Il avait été trop essentiel à ma vie pour que je puisse l'effacer comme ça, d'un seul trait.

Je me souviens que son père n'avait pas daigné venir à nos fiançailles. Il ne comprenait pas que son fils adoré se soit entiché d'une "noire" comme il disait. Pour monsieur Richard VAN Den BROECK j'étais tout sauf une fille à épouser. Comme si la couleur de ma peau déterminait tout ce que j'étais et qui j'étais.

Sa mère au contraire avait fait l'effort de dépasser son assentiment. Pour le bien de son fils, elle me tolérait. De vous à moi, je préférais l'attitude franche du père de Wesley, plutôt que l'hypocrisie criante de sa maman chérie.

J'ai appris par cette expérience qu'on n'intègre pas au hasard une famille de bourgeois-aristocrates, où l'avenir est calculé au millimètre près. Et moi, je suis arrivée dans leur microcosme comme un cheveux sur la soupe. Ils voulaient "gentiment" me le faire savoir.

Tout était contre moi. Car au-delà de la couleur de ma carnation, le fait que je n'ai pas de "vraie" famille les anéantissais. Pour la famille VAN Den BROECK, leur sang perdrait de sa pureté par le mélange que Wesley leur imposait à travers moi.

« Comme si leur sang pouvait se diluer ? »

Je dois reconnaître que sur la question de son choix, Wesley avait été intraitable. Et j'avais admiré la détermination avec laquelle il me défendait, et encore plus la force avec laquelle il les avait astreint à m'accepter. Tous étaient contraint de faire bonne figure.

Dans la famille de Wesley, on était médecins de père en fils, mais aussi de père en filles, et donc sans surprise, Wesley, son frère et sa sœur avaient aussi fait médecine. C'est lorsque Wesley a terminé son internat qu'il m'a fait sa demande en mariage. Nous avions tout de suite convenu d'une date pour nos fiançailles.

Quand j'y repense mon coeur se serre, puis se décompose en miettes. Dire que c'était l'un des plus beaux jours de ma vie... Et aujourd'hui, voilà le résultat !

D'avoir repensé à tout ça m'avait rendu d'humeur mélancolique. Je décidais une nouvelle fois de me concentrer sur le moment présent. J'avais un rendez-vous à honorer. Je l'avais accepté et je devais assumer cependant, je me demandais bien ce que Chamberlain et moi allions bien pouvoir nous raconter.

***

Aucun Stress. Aucune appréhension. C'était étrange que je sois aussi tranquille. D'habitude ce genre de rendez-vous, même dans le cadre du travail, me faisait transpirait. Enfin c'était quand même mieux comme ça, je n'allais pas m'en plaindre. Une fois arrivée, j'ai tout de suite repéré Chamberlain dans le grand Hall d'entrée.

- Ah! Bonsoir Miss Sienna.
- Bonsoir Matthew.
- Et bien nous allons pouvoir toute suite y aller. J'ai une faim de loup.
- Très bien. Répondis-je sobrement.

Conduit par un maître d'hôtel, nous avons rejoint le Lafayette, l'un des trois restaurants de l'établissement. Chamberlain avait réservé une table pour deux, très joliment dressée et située dans le fond du restaurant.
- Voilà! Ici nous serons tout à fait tranquille pour bavarder. Cela vous convient-il ?
- Très bien, merci Matthew, dis-je pendant qu'il rapprochait ma chaise.

DES LARMES & DU CHOCOLAT    Où les histoires vivent. Découvrez maintenant