Chapitre 16.

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- Sammy, je suis rentrée.
- Je suis dans la cuisine.

Naya se dirigea vers lui, à peine rentrée de son jogging matinal. Une délicate odeur sucrée régnait dans l'appartement.

- Oh tu fais des crêpes? Demanda-t-elle.

Pour toute réponse il hocha la tête, trop occupé dans ses préparations.
Elle décida d'étudier chacun de ses mouvements.
Il avait les sourcils légèrement froncés et ce mordait la lèvre, les yeux rivés sur le livre de recettes. Ses mains tremblaient légèrement mais bougeaient avec rapidité. Toutefois, faire la cuisine semblait être quelque chose d'inhabituel et de compliqué pour lui.
Naya ria à cette idée.

Samuel releva la tête vivement vers elle et cessa toute activité. Il la dévisagea, bouche bée. C'était la première fois qu'il l'entendait rire. Et ce son fut pour lui, le plus beau de tous.
Naya ria encore plus quand elle vit le visage de Samuel.

Il la dévisagea plus intensément. Elle, qui n'avait été que tristesse et angoisse ces deux derniers mois, semblait maintenant nager dans le bonheur.
Cette douce mélodie qui s'échappait de sa gorge devint très vite contagieuse et ils rirent à gorge déployée.

Soudain, une odeur nauséabonde envahit l'appartement. Une odeur de brûlé.
Essayant tant bien que mal de lutter contre leur fou rire, il essayèrent d'arrêter le feu qui menaçait à tout moment de jaillir de la poêle.

Une fois ceci fait, ils se laissèrent tout les deux glisser le long du plan de travail avant d'atterrir sur le sol froid de la cuisine. Une nouvelle vague de rire vint, plus légère, mais finit par se fondre en un silence apaisant.

Naya tourna la tête vers Samuel, ce dernier la dévisageant déjà. Elle lui sourit. Il se figea encore. Il n'osait faire le moindre geste, ni le moindre bruit, par peur de troubler ce petit être fragile et ce moment de bonheur qui l'habitait.

Elle le fixa avec incompréhension. Il la regardait si intensément, et semblait paralysé. Son regard curieux mais aussi rempli d'amour et de bienveillance la transperçait. Personne ne l'avait jamais regardé comme ça, pas même ses parents. Et elle en fut troublée.

- Tu veux que je te dises un secret? Demanda-t-il.

Elle hocha la tête, le fixant toujours, comme une enfant. Incapable de lui répondre.

- Tu as le plus magnifique des rires, dit-il au bout d'un moment de silence.

Il avait dit ça, avec cette simplicité qui lui était propre, en la regardant droit dans les yeux.

- Tu en veux un second?

Toujours incapable de parler, elle approuva encore.

- Tu es magnifique.

La simplicité de ses mots lui mis les larmes aux yeux. Il détourna lentement ses yeux d'elle. Ils laissèrent le silence les entourer de ses grands bras.

Puis, après une éternité, ou peut-être seulement quelques secondes, personne ne l'aurait sû dire, Samuel se pencha vers elle.

Il lui embrassa le front avec douceur. Et se leva, sans un mot. Il quitta la cuisine et laissa Naya seule sur le sol froid, qui ne l'était plus vraiment. Ou bien était-ce elle qui bouillonait.

Elle porta la main à son front et ferma les yeux. Elle ne sut comment décrire le sentiment qui la traverssait, mais une chose était sûre.

Pour la première fois, elle se sentie désirée.

Pour la première fois, elle se sentie belle.

Everybody's Changing.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant