Le cimetière

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Tout doucement, j'arrive encore et toujours au même endroit. Ce cher cimetière. Avant cette journée d'octobre où j'ai aperçu cette femme, j'admirais et j'aimais cet endroit .Aujourd'hui, rien n'est pareil. Je ne me reconnais plus. Je ne reconnais plus cet endroit non plus. Non pas que infrastructure ait changer, mais bien le sentiment que j'éprouvais lorsque je venais ici auparavant. Elle a disparu. Le sentiment d'appartenance et de réconfort à laisser place à un énorme torrent de malaise. Et j'en suis ébahie. Toute ma vie à basculer en une seul regard. Jamais rien auparavant avait eu un aussi gros effet sur moi, et sur ma vie en général. Je ne vois plus le cimetière comme un endroit de réconfort et de quiétude mais plus comme un endroit dangereux et mystérieux. C'est comme si, en apercevant cette femme, j'avais laisser toute ma vie derrière moi. Comme une sorte de vol. Elle est partie avec ma confiance envers ce lui et là changer en horreur. Peut-être pas l'horreur, car je l'aime quand même cet endroit, vous savez. Mais on dirait que quelques choses à changer. Que en un claquement de doigt, l'endroit à changer d'atmosphère. Les pierres tombales ne me donne plus le même sentiment de douceur et de chaleur. Quand je m'approche du grand chêne, je ne suis plus autant calme qu'avant. J'ai même un peu peur, je dirais. Peur de quoi? Aucune idée. Mon corps frémis à la simple idée de devoir recroiser le regard de ''La dame''. Depuis qu'elle est arrivée, je fais des cauchemars comme jamais. J'ai tellement peur de la recroiser. Mais en même temps, une partie de moi souhaiterais la revoir de plus près, pouvoir lui parler, lui demander ce qu'elle me veux etc. Je ne sais même pas pourquoi je suis venue ici au final. Je n'y trouve rien comme avant, même pas un petit réconfort. Pourquoi suis-je venue alors? Probablement parce que je veux prouver à ma mère, à tout le monde et surtout à moi même que je ne suis pas folle. J'ai beau me répéter que c'est des hallucinations, je ne me crois même pas moi-même. On dirait qu'au fond de moi, je l'attend. Qu'elle vienne me dire ce qu'elle me veux au lieu de faire acte de présence dans ma vie. Elle va me faire devenir folle si elle continue à juste venir, ici et là, sans que je puisse savoir pourquoi. Un bruit soudain me fais sortir de mes rêveries et de ma frustration intérieure. La voilà. Habillée d'une longue robe noire, comme à son habitude. Elle est très belle; il faut l'admettre. Toujours avec élégance, elle s'avance devant moi, pied flottant sur le sol remplis de feuilles mortes éparpillés partout. Elle aussi, comme les feuilles, elle a l'air morte. Toujours avec son air froid, son visage très bien définit et sa mâchoire carré, elle continue d'avance, lointaine et en silence, tel une reine dans son royaume enchanté. Stupéfaite par sa grande beauté et son allure, je reste figée au loin, en la regardant venir vers moi tout doucement, comme si ce faire attendre, elle aimerait ça. Ses yeux verts plongent dans les miens. Le contact est instantané. Je reste encore plus figée. On dirait que mes pieds sont cloués au sol. Arrivée proche de moi, elle me regarde puis ouvre enfin sa bouche pour simplement me dire: Bonjour Aimylie.


AimylieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant