Aimylie

L'accident

 Ça fait quelques semaines déjà que je n'ai pas parlé à Jérémie. Je n'en ai pas la force et même pas le goût à présent. La seule chose que je goûte sur le bout de mes lèvres lorsque je pense à Jérémie à présent c'est la trahison. De la trahison, oui, c'est bien de ça qu'il s'agit. Je n'aurais jamais deviné qu'il peut faire un pacte pareil. Une partie de moi voudrait lui pardonner, car il a tout de même fait ça, car il voulait être avec moi et qu'il m'aimait, mais à présent je ne sais même pas si je devrais le croire. Peut-être même que c'est un mensonge et que je l'ignore. Qui sait? Peut-être qu'il fait juste à semblant de m'aimer, histoire de mieux m'amadouer et de pouvoir s'utiliser de moi pour ensuite mettre fin à mes jours? Ah bien sûr! Les grands maîtres s'en rejoueraient. Ils ne sont que jaloux. Pourtant, ils n'ont aucune raison d'être jaloux de moi. Ils possèdent tout; je ne possède rien. Je ne suis qu'une simple humaine qui vit des trucs qui sont hors de son issu. Pendant un instant, je crois que je suis normale, mais je me ravise vite, car je sais qu'un humain normal ne vivrait pas tout ce dont je suis en train de vivre depuis le mois d'octobre.

Je suis assise sur mon lit, là à fixer le plafond sans trop savoir quoi faire. Ma relation avec Vincent vacille de tout bord tout côté, Jérémie a fait un pacte pour me tuer et Mariana dans tout ça? Elle, c'est la seule personne que j'ai à présent avec qui ça va pas si mal. Je n'aurais jamais cru pouvoir dire ça un jour dans ma vie, mais c'est bien le cas. Sans elle pour me changer les idées, je crois que je deviendrais folle. Mais qui ne le deviendrait pas avec ce que je vis avec cette réalité?

Je décide donc de me lever, d'aller chercher mon téléphone portable dans mon sac. En fouillant dans celui-ci, je trouve un bout de papier là au fond. Il est tout chiffonner et semble être là depuis un bon moment depuis. Je décide de le prendre, curieuse, et de m'asseoir de nouveau sur mon lit. Je pose mon cellulaire sur ma table de chevet et je lis le petit bout de papier que j'ai dans mes mains. C'est une lettre. Une lettre de Vincent, sans aucun doute. Dès les premières lettres, mon cœur fait un bon. C'est une lettre qui me pique les yeux. De petites larmes se frayent sur mon visage. C'est si beau, mais malheureusement cet amour-là je ne l'ai plus avec lui. Tout ça s'est chiffonné comme ce bout de papier avec le temps. On aura beau s'aimer, essayer tout, se faire croire que ça fonctionne encore parfaitement entre nous, mais ça ne fonctionne pas comme ça l'amour. Parfois vaut mieux se dire au revoir... Et en lisant cette lettre-là je réalise que Vincent et moi on est comme cette lettre. Notre amour est froissé du haut jusqu'à la fin et même si on le voudrait, on ne pourrait pas remettre notre amour à son état d'origine: il restera toujours des plis.

Soudain, mon téléphone se met à vibrer sur ma table de chevet. Je regarde le numéro: c'est la sœur de Vincent. Mais qu'est-ce qu'elle peut bien me vouloir celle-là? Après avoir créé ce malaise à ce souper de famille, j'espère qu'elle a quelque chose de plus intéressant à dire que ce soir-là! Sinon, je lui raccrocherai au nez. Je lui en veux encore. J'avais espoir que Vincent et moi pourrions réparer notre couple. Peut-être que j'ai tort de m'acharner sur cette pauvre jeune fille. Après tout, c'est grâce à elle si je sais maintenant où j'en suis (enfin, j'en connais plus qu'auparavant) avec mes amours. Je décide de prendre l'appel, je me dis qu'après tout, elle veut peut-être me demander pardon. Je me demande si je devrais ou non accepter ses excuses si c'est le cas. Mais en entendant la voix qui résonne dans l'appareil, je discerne très bien cette pointe de larme et de stress. Oui, j'ai déjà entendu ce ton de voix une fois dans ma vie. Au plutôt, dans mon ancienne vie. Ça n'indique habituellement aucune bonne nouvelle...

-Aimylie? C'est Vincent.

-Vincent?! Pourquoi tu m'appelles avec le cellulaire de ta sœur? T'avais peur que je ne te réponde pas si je voyais ton numéro s'afficher? Quoi que si c'est ça...Tu n'aurais pas eu tort.