Dernière visite

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La porte de la pièce lumineuse s'ouvrit lentement, brisant alors le silence de la salle à cause du son strident de son ouverture. De légers bruits de pas, suivit par la longue fermeture de la porte, s'approchèrent du lit d'hôpital sur lequel se trouvait un jeune homme blond quasiment endormi. Celui-ci sourit à l'idée de voir son ami lui rendre une dernière visite. L'arrivant attrapa une chaise non loin de la grande baie vitrée cachée par des rideaux noirs et alla s'asseoir près de ce dernier. Un court moment silencieux emplit la zone avant que l'un des deux ne se mettent à parler.


- Comment est-ce que tu te sens ?

 - J'ai connu de meilleurs jours. Répondit Basile en fixant le plafond, souriant. Le visiteur hocha la tête, regarda ses pieds et frotta rapidement ses yeux après avoir reniflé.

 - Nathan ?

- Oui ?

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

 - N'agis pas comme si de rien n'était.

- Je ne me sens pas très bien. Ça va arriver.

 - C'est vraiment de la merde ! S'écria Nathan.

- Qu'est-ce que tu penses de tout cela ?

- Je ne sais pas si je survivrais.

- Ne dis pas n'importe quoi ! Rétorqua le malade.

- Vingt-quatre ans de conneries, et c'est comme ça que tout se termine, hein ?

 - Ces vingt-quatre années n'auront pas servies à rien.

- Basile, je te signale que tout va s'arrêter dans quelques temps.

- Et alors ?

- Et alors ? Est-ce que je vais retrouver quelqu'un comme toi ? Est-ce que je rigolerai autant avec lui que je l'ai fait avec toi durant vingt-quatre ans ? Est-ce que je serais aussi heureux ? Est-ce que j'aurai quelqu'un avec qui trainer, pendant de longues heures sans rien faire d'autre ? Est-ce que ce quelqu'un projettera de construire de nombreux plans sur des semaines pour au final n'aboutir à rien, comme nous l'avons fait pendant tout ce temps, pour au final en rigoler et se dire que nous essayerons une prochaine fois ? Je suis fatigué de tout ce bordel. C'était pas prévu. C'était pas dans nos plans. T'es un putain de frère pour moi, et tu me regardes allongé sur ce lit comme si tout allait bien.

 - C'est tout ce que je souhaitais entendre.

 - Heureux de le savoir.

 - Tu vas arrêter de pleurer.

- Non.

- Si, fais-le.

- C'est trop difficile. Basile attrapa la main droite de Nathan et la serra de toutes ses forces malgré ses faiblesses physiques. Ils se regardèrent dans les yeux sans dire un mot, tout passait par le regard et ils se comprenaient parfaitement comme ça. Nathan sentait que la fin approchait, et Basile savait parfaitement qu'il était sur le point de s'envoler.

 - Promets moi quelque chose.

 - Dis moi ? Demanda Basile en souriant.

- Tu vas m'attendre, pas vrai ?

- T'attendre ?

- Ouais, pour l'autre monde. Le truc après la mort.

- Et si je te disais que t'étais mes ailes, et que j'avais besoin que tu viennes aussi pour m'envoler ? Nathan sourit après avoir entendu les propos de son meilleur ami.

- Je te laisse une centaine d'année, et ensuite je te rejoindrais là où tu auras arrêté ta route. Comme ça, nous irons là-bas, tous les deux.

- Donc tu ne m'abandonne pas, promis ?

- C'est juré. Basile regarda Nathan du plus profond de ses yeux en relâchant petit à petit la main qu'il serrait depuis quelques secondes.

Ce dernier ferma lentement les yeux, relâchant un dernier souffle pour ensuite relâcher toutes prises. La fréquence cardiaque de ce dernier, indiquée sur l'écran noir, se changea en une fine ligne bruyante, marquant la fin de vie du jeune homme. Nathan fixa son visage avec une impression que tous ses muscles se détachaient. De longues larmes coulèrent sur ses joues roses, et il posa sa tête près de la main de son meilleur ami qu'il n'avait jamais quitté.  


Words for a FriendOù les histoires vivent. Découvrez maintenant