Myriam s'aspergea le visage d'eau du robinet. Elle releva la tête et se regarda dans le miroir de la salle de bain. Elle essuya ses yeux salis par des coulées d'eyeliner et entreprit de se coiffer, sous l'œil suspect de Carolina.
Myriam lui jeta un regard agacé depuis le miroir en attrapant la brosse rouge dans le tiroir -toujours rouge- de la commode. Carolina, appuyée contre le pan de la porte et les bras croisés, observa la jeune femme démêler ses longs cheveux écarlates avant de s'approcher d'elle en posant sa main sur son avant-bras :
-Bon, tu comptes m'expliquer ce qui t'as pris ?
Myriam se retourna et poussa un soupir. Elle aimait bien son amie, qui était d'ailleurs devenue sa voisine de palier depuis deux mois, mais sa curiosité presque étouffante commençait à l'énerver.
-Caco, c'est un cauchemar ! Y'a pas de quoi s'affoler!
Carolina esquissa une moue dubitative.
-Ouais, ouais, n'empêche que ça fait depuis deux ou trois semaines que je me fais surprendre par tes hurlements hystériques, miss Red ! Alors tu vas me dire ce qui se passe, oui ?
-Roooh, OK, je reconnais que ça peut t'inquiéter, mais c'est juste un cauchemar.
-Un cauchemar que tu refais depuis plus de trois semaines !! Bon. Puisque tu gardes la bouche fermée, je retourne à mon boulot. J'ai du travail, moi !
Carolina renfila son blouson en cuir noir et sortit en faisant claquer les talons de ses bottines et sortit en lançant :
-Si t'as un problème, on s'appelle hein !
Et elle claqua la porte.
Myriam sortit de la salle de bain de son appartement et ferma la porte à double tour, comme toujours. Ici, mieux valait garder les serrures fermées.
Dans ce quartier de banlieue, seule la loi du plus fort règne. Les immeubles désaffectés sont remplis de dealers, d'anciens forçats et parfois, on retrouve même l'assassin en cavale de la télé. Myriam l'avait bien compris... Et s'était bien fait comprendre à son tour.
Elle avait appris les techniques d'auto-défense qui peuvent vous sauver la vie en cas de règlements de comptes. Ses capacités incroyables au combat des rues l'avaient déjà tirée d'affaire plusieurs fois. Dans le coin, les membres des vieux gangs la connaissaient et la surnommaient "miss Red", à cause de sa passion incommensurable pour le rouge. Les nouveaux, ou les bleus, comme on les appelait, essayaient souvent de s'attaquer à ceux qu'ils croyaient être faibles.
S'ils osaient toucher Red, ils s'en sortiraient sûrement avec deux ou trois membres cassés. D'ailleurs, la jeune femme ne cherchait de noises à personne. " Tu me laisses tranquille, je te fiche la paix" était sa devise. Pas comme Carolina, qui, par sa curiosité, mettait souvent son nez dans les conflits de gangs. Et, elle aussi savait se défendre. Malgré son apparence physique douillette, ses cheveux raides taillés aux épaules, ses grands yeux verts clairs innocents et ses fossettes enfantines, elle était la meilleure dans les coups traîtres. En y repensant, Myriam sourit en reposant ses clés sur la table.Carolina devait être en train de travailler. Elle était infographiste, designer 3D et illustratrice, et cela lui permettait d'exercer sa passion tranquillement à domicile.
Quant à Myriam, elle s'apprêtait à reprendre son job habituel: le chant. Elle se ravisa donc en récupérant ses clés : elle allait chanter dehors. Sa voix envoûtante était un véritable don du ciel, mais ne lui permettait pas de gagner sa vie. Seul l'argent mensuel envoyé par ses parents lui permettaient de subvenir à ses besoins. Son père, riche homme d'affaire, l'avait jetée dehors à sa majorité, prétextant qu'elle devait se débrouiller à présent dans la vie active. Il lui avait loué ce petit appartement, et cela faisait un an maintenant qu'elle vivait ici.
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Red dream
FantasyQuel est ce monde ? Est-ce un monde de larmes, de tristesse et de rêves brisés? Un monde où le sang a si bien coulé que même le ciel et les fleurs sont devenus rouges? Un monde où ceux qui s'y aventurent n'en repartent jamais ? Un monde perdu où rè...