Chapitre III

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(PDV Lena)

Mais où est-ce que j'ai atterrie ? Depuis mon réveil, je n'ai vu que des garçons. Étais-je la seule fille ? Et quel était cet endroit qu'ils appelaient le Bloc ? J'avais trop de questions à leur poser, et ils n'auraient pas la patience de m'écouter jusqu'au bout. En revanche, moi, je voulais apprendre des choses. Et pour ça, il fallait que je commence par sortir de la cabane où j'étais. J'en profitais alors que Newt avait le dos tourné, et je m'échappais au dehors. Immense. Mais à la fois petit. Une immense prairie, entourée d'épais et hauts murs de pierres, voilà ce qu'était mon décor. Des garçons s'agitaient de part et d'autres : certains s'occupaient des récoltes, d'autres de construire. Pas de maison, que des cabanes. Pas de technologie, juste de la verdure et un soleil étincelant. Je fus vite rejointe par Newt qui venait de s'apercevoir de ma disparition.

- C'est ici que l'on vit, intervint-il.

- Vous vivez ici, dans cet endroit ? On dirait une prison.

- Oui, c'est une prison, et elle le restera tant que nous n'aurons pas trouvé la sortie.

- La sortie ? Mais de quoi ?

Il posa une main sur mon épaule et tendit son autre bras pour me désigner les murs de pierres.

- Tu vois ces murs ? Ce sont les parois d'un gigantesque labyrinthe, qui nous entoure.

- Tu veux dire... Que nous sommes au centre d'un labyrinthe ?

- Oui, c'est exact, mais notre seul moyen de nous échapper est de trouver la sortie de ce casse-tête. Viens, je vais te faire visiter.

Il me montra les cabanes, m'expliqua les rôles de chacun des Blocards. Ici, personne ne fait rien ; chacun y met du sien. C'est ce que Newt qualifie de "survie en équipe". J'ai aussi découvert qu'ils étaient une trentaine de garçons, pas de filles, et que chaque mois, un nouvel arrivant remontait par la Boite, et apportait avec lui des provisions. 

- Le plus dur, c'est d'habituer les nouveaux, de les calmer, et surtout de les empêcher de s'enfuir dans le Labyrinthe.

- C'est si dur ?

- Oui. Et une fois que les nouveaux sont habitués, il y a un autre problème : quand ça fait longtemps qu'on est bloqué ici, comme moi, certains ont envie de... se suicider.

Je le regardais avec de grands yeux, tandis que lui regardait au loin. Il y avait quelque chose dans ses paroles qui traduisait une souffrance vécue. Mieux valait ne pas poser trop de questions à ce sujet.

- Viens, je vais te montrer, me dit-il.

- Euh... Me montrer quoi ? m'inquiétai-je en pensant qu'il allait me montrer des cadavres.

Il étouffa un rire et me sourit d'un beau sourire, comme si il avait comprit ma pensée.

- Viens, tout va bien se passer.

Alors que je traversais le Bloc avec lui, je voyais tous les regards se braquer sur moi. Certains s'approchaient dangereusement de moi ; cela devait faire longtemps qu'ils n'avaient pas vu de filles. Alors que je tentais de les éviter pendant qu'ils se rapprochaient, je sentis le bras de Newt passer par dessus mes épaules. Les Blocards s'arrêtèrent à cette vue, comme si plus fort qu'eux avait gagné. Je compris tout de suite que Newt cherchait à m'aider. Nous avançâmes jusqu'à l'un des murs du Labyrinthe, à côté de la grande porte ouverte. Plusieurs noms y étaient gravés, certains même barrés. Je posais ma main sur la pierre froide pour lire.

- Pourquoi sont-ils barrés ? demandai-je à l'intention du blond.

- Comme dit toujours Alby, "on a connu des jours sombres".

J'évitais d'aborder d'avantage le sujet. Ce n'était ni le lieu ni l'endroit. Et puis, qui aurait envie de parler de ça ? Nous fûmes vite rejoint par celui qui devait s'appeler Thomas. Son visage m'était extrêmement familier, tout comme son nom. Il s'adressa tout d'abords à Newt.

- Newt, Minho et Alby sont revenus ?

- Pas encore, répondit le blond. Ils ne devraient pas tarder, enfin je l'espère...

Sa voix paraissait grave, d'un ton inquiet, comme si il n'était pas sûr de ce qu'il disait.

Thomas me dévisagea sans trop d'incompréhension, contrairement aux autres. Il avait cet air de gentil garçon, de quelqu'un prêt à aider ses proches. Je supposais que lui aussi avait tout perdu. En scrutant à nouveau le Bloc, des questions me revenaient en tête. Comment avait-on pu envoyer de jeunes gens innocents dans un endroit aussi accueillant qu'un camp militaire abandonné ? C'est vrai, ces jeunes avaient tout perdus : leur vie, leur mémoire, leurs familles, leurs proches... Qu'avait-on fait d'eux aujourd'hui ? Des bêtes de foire que l'on enferme dans une cage, avec comme seule issue un casse-tête plus complexe qu'il n'y parait.

Car à vrai dire, qui y a-t-il de plus compliqué comme épreuve que celle d'un labyrinthe interminable ? Je voulais les aider. Après tout, moi aussi j'avais rejoins le groupe des "bêtes de foire". Je devais tout d'abords en savoir plus sur ce maudit Labyrinthe. N'y avait-il aucun moyen de le franchir ? J'étais loin de me douter que ce qu'il renfermait dépassait tout de mon imagination...

Labyrinthe I: M'aimeras-tu ? (NewtxLena)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant