Chapitre Un

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Il fait noir... Et il y a une voix... Une voix que je n'avais jamais entendu... Où suis-je ? Qu'est-ce que je fais ici ? Et surtout, qui suis-je ? J'ai beau chercher au plus profond de ma mémoire je ne vois rien... Absolument rien... Tout est noir, sombre. Je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux, j'ai peur que quelque chose m'arrive. Et puis qui est cet homme qui parle tout bas avec...une femme ? Aucune idée...
Je ne peux bouger aucun membre de mon corps, comme si ils étaient scotchés sur une surface dure et froide à vous glacer le sang. Et j'étais dans cette situation. Je devais être allongée sur un lit pas du tout confortable. Un lit qui me faisait terriblement mal au dos. Ah oui, ouvrir les yeux... Telle était la solution et puis je ne risquais rien, si ?
Ouvrir les yeux, tout doucement... Voilà, comme ça...
Une fine ligne blanche, presque aveuglante, parvint jusqu'à mes pupilles. La pièce dans laquelle je me trouvais était sobre, impersonnelle. Tout y était blanc : les murs, le plafond. Même les vêtements de cet homme au fond de la pièce qui parlait tout bas avec une femme (j'avais donc raison !), elle aussi en blanc. Ils avaient tous les deux l'air d'être en pleine réflexion, comme moi pendant un cours de maths. L'homme devait avoir la quarantaine, plutôt grand. Il avait les cheveux noirs rasés de près et de petits yeux qui pourraient voir à travers votre âme juste par un simple regard. La femme avait l'air, quant à elle, plus douce et aussi plus âgée que lui. Elle pouvait inspirer confiance à n'importe qui et elle écoutait avec attention l'homme au regard de serpent.
Comme je l'avais pressenti j'étais bien allongée sur un lit, enfin plutôt une surface blanche horizontale. J'avais sur moi, uniquement une sorte de blouse, étrangement ressemblante à celles que portent les infirmières dans les hôpitaux. Mais le plus étrange était que je n'étais pas du tout attachée, alors pourquoi je ne pouvais pas bouger ?
Les voix se sont arrêtées de parler. Avec une infime précaution je relevais les yeux poir les regarder. Ils me fixaient. L'homme s'est penché vers la femme pour lui murmurer quelques mots puis il s'est approché de moi, sans la femme, qui était resté au fond de la pièce. J'avais l'impression qu'il voulait savoir ce à quoi je pensais. Arrivé à hauteur du "lit" il s'assit dessus et me murmura d'une voix qu'il voulait certainement sensuelle :

- Je suis Jack Conweyll. Sais-tu où tu es ?

Un silence s'installa. J'étais obligée de répondre ? Apparemment oui... Mais je ne voulais pas entendre ma voix...

- Non monsieur Conweyll. Je n'en ai aucune idée.

Alors ce son c'était...MA voix ?! Je la trouvais un ton trop grave pour une fille mais, après tout, la perfection n'existe pas.

- Tu peux m'appeler Jack si tu veux, me répondit-il, tu es au centre de Last Chance.

Tout en l'écoutant, j'ai voulu me redresser, mais tout ce que j'y ai gagné c'est d'être complètement essoufflée.

- Ne bouge surtout pas ! Tu vas t'épuiser. Nous t'avons injecté une dose d'un médicament qui bloque chaque partie de ton corps. Il me semble que l'effet va se dissiper d'ici quelques minutes, c'est bien ça Margareth ?

- Oui c'est exact. Dans quelques secondes, quelques minutes tout au plus, tu pourras te relever.

Appuyée contre le mur elle me sourit et je ne pu m'empêcher de lui sourire en retour.

" - C'est ta première opération ?

- Oui.

C'était une responsable du centre qui me parlait. Elle avait des vêtements blancs, sans aucuns plis, et ses cheveux blond comme le blé étaient retenus par un élastique.

- Tu verras tout va bien se passer. Nous l'avons pratiqué des centaines de fois sur des jeunes dans le même cas que toi.

- Je n'ai pas peur. Je sais que c'est ma dernière chance.

- Bien, tu peux enfiler cette blouse. Nous allons te transférer dans une pièce où tu pourras te détendre en attendant.

- Merci."

- Helena ? Helena ! Tout va bien ?

Quand je repris connaissance Jack était en train de me secouer...pas très délicatement... Combien de temps s'était écoulé pendant le déroulement de ce...souvenir ? Parce que s'en était certainement un, ce ne pouvait qu'être ça. Dans ce souvenir j'allais enfiler la blouse que j'ai maintenant. Ce qui veut dire que je suis dans le même lieu où j'ai été opérée ? Mais opérée pour quoi ? Je ne me souvenais plus... Et cette femme... C'était Margareth... Elle était très confiante quand elle m'avait parlé. Cette opération devait être quelque chose de banal, mais pas assez en même temps, pour ne pas pouvoir se faire soigner.
Jack arrêta enfin de me secouer comme un dingue, ce qui me fit sortir de ma rêverie.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?, me demanda-t-il.

- Je...je ne sais pas...

Quelque chose au fond de moi me disait que je n'avais pas intérêt à lui dire ce qui était arrivé.

- C'est peut-être les effets secondaires du médicament.

Je n'avais pas vu Margareth arriver. Elle était plus fatiguée que dans ma vision. Des cernes noires corbeau en étaient la preuve. Elle se pencha pour m'aider à me lever. J'étais pieds nus, si bien que le carrelage glacé me fit frissonner. Je marchais péniblement mais pu arriver jusqu'à la porte sans tomber.
C'est là que je vis un bracelet autour de mon poignet. Ce n'est que plus tard que je me rendrai compte que cette chose a bouleversé ma vie. Je le regardais de plus près, il y était noté :

Helena Tinburg
Blue Stranger

Alors c'était vraiment mon prénom...Helena... C'était pour ça que Jack m'avait secoué en criant "Helena". En lisant les deux derniers mots j'eus un mouvement de recul.

"J'ai douze ans et je suis devant la télévidion. Je regarde les informations. J'aime savoir ce qu'il se passe hors de chez moi ou de l'école. Le présentateur parlait d'une infraction dans une des zone des Humains : deux Strangers ont voulu rendre visite à leurs parents mais ils n'avaient pas été discrets et des passants les avaient reconnus.

- Papa ? C'est quoi exactement des Strangers ?

- Et bien... Ce sont des personnes qui sont différentes de nous et ils doivent rester entre eux parce qu'on ne sait jamais ce qu'ils pourraient nous faire.

- Et comment les reconnait-on ?

Mon père se passa la mai dans ses cheveux châtains, dont j'avais hérité, d'un air nerveux.

- On peut les reconnaitre en les regardant dans les yeux.

- C'est-à-dire ?

- Ils sont de couleurs différentes des notres. Ils sont soit blancs, rouges, violets ou bleus et les couleurs sont très vives. Et c'est pour ça que c'est assez difficile de les dissimuler. Mais ne t'inquiète pas ma chérie, toi tu fais partie du clan des Humains.

Soulagée, je me suis replongée dans les actualités."

Encore un souvenir... Mes yeux ! Il faut que je les voie ! Je balayais la pièce du regard. Quand j'aperçus un miroir accroché sur le mur en face de moi, je m'y précipitais et pu enfin me regarder...dans les yeux...
Bleus. Bleus vifs. J'étais devenue une Stranger, plus exactement une Blue Stranger. Je me retournais brusquement vers Jack et Margareth, qui, silencieux, avaient observé la scène sans aucun commentaire. Je regardais Jack yeux dans les yeux. Tiens, les siens étaient noirs. Tellement noirs que l'on ne pouvait pas distinguer l'iris de la pupille.

- Qu'est-ce que je fais ici ?

- Tu as changé de clan Helena, puis ajoutant avec un infime sourire, Bienvenue chez les Strangers !

Ne pouvant y croire, je fermais les yeux et m'écroulais au sol.

StrangersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant