Chapitre Deux

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Margareth me faisait visiter le centre, me montrant les zones où je pouvais accéder. Je croisais quelques jeunes, le plus souvent de mon âge. Certains me faisaient un signe de tête et d'autres ne faisaient même pas attention à moi, ce qui n'était pas plus mal.
Après m'être évanouie j'étais revenue au point de départ : dans une salle d'albâtre et sur un lit à vous faire tordre la colonne vertébrale. Mais j'ai tout de suite su me relever. Margareth était restée avec moi pendant les quelques heures où j'avais été inconsciente. Elle m' a alors expliqué que c'était peut-être dû au choc que tous ces évènements m'avaient causé. Et maintenant cela faisait plus d'une heure que l'on arpentait les couloirs de ce soi-disant "centre" mais je le décrirai plus comme une ville.

- Ici, c'est comme dans le clan des Humains, tu devras suivre des cours avec les autres jeunes et tu auras une chambre que tu devras partager avec une autre Stranger dans le quartier Nord.

- D'accord, lui murmurai-je.

- Voici ta chambre. Je te laisse t'installer. Si tu es perdue ou que tu as des questions, tu peux t'adresser à moi. Je serais dans le bâtiment central.

Et elle me laissa devant la porte et s'éloigna en me faisant un grand sourire, comme pour m'encourager. J'étais à nouveau seule et je le resterai certainement longtemps... Pourquoi étais-je devenue une Stranger ? Comment était-ce possible ? Ces jeunes qui, d'une raison qui m'était inconnue, changeaient du jour au lendemain et devaient passer le reste de leur vie dans ces "centres"... J'étais devenue l'une des leurs... Pourquoi ?... Comment ?
Trop de questions se bousculaient en moi. Je les laissais de côté et avançais vers la porte. Le quartier Nord destiné aux plus jeunes arrivés était ultra moderne. Les maisons (eh oui! Ce que Margareth appelait "chambre" étaient de petites maisons) étaient toutes identiques : baies vitrées, toit plat et murs blancs. Je tendis la main vers la poignée et, comme si ce lieu m'était interdit, je tournais avec une grande délicatesse la fine poignée de la porte. Elle s'ouvrit sans bruit et je pu apercevoir l'intérieur. L'entrée donnait directement à un grand salon et à une cuisine américaine. Une immense fenêtre, qui éclairait toute la pièce, était positionnée à ma gauche et un canapé avec un écran plat trônait dans le salon. À droite, un bar, comme on peut voir dans les maisons de tout américain qui se respecte. Mais bien sûr il n'y avait à disposition que des jus de fruits et des sodas. Et enfin, une table avec deux chaises, elles aussi blanches, tout comme le reste de la maison. Juste en face de la porte un escalier donnait à l'étage. Je montais prudemment pour ne pas faire tomber les vases, disposés sur chacune des marches, où avaient été placées des roses rouges. Seule touche de couleur dans ce studio sans chaleur. Un long couloir menait à la salle de bain, aux toilettes puis à trois chambres. Une seule semblait occupée. La porte était grande ouverte et je m'approchais pour vérifier si quelqu'un était présent. Personne... Peut-être devrais-je ne pas le faire, mais j'entrais quand même.
Les couleurs étaient si vives que je dû fermer les yeux pour m'habituer à ce brutal changement de couleurs. Les rouvrant peu à peu je découvris un lit, où avaient été lancés à la va-vite quelques vêtements. Le sol était couvert de livres, de magazines et de feuilles de cours. Un placard avait été oublié d'être fermé et un bureau négligé d'être rangé. Cette chambre avait besoin de rangement ! Sur le mur en face du bureau étaient accrochées plusieurs photos et cartes postales. Malgré les deux grandes fenêtres je ne les voyaient pas d'où j'étais. Avant que je puisse m'approcher pour les regarder de plus près, une voix me fit sursauter :

- Qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ?

J'étais tellement absorbée par l'inspection de cette pièce que je n'avais pas entendu la jeune fille arriver. Plus petite que moi de quelques centimètres, elle avait les joues rouges et était essoufflée. Ses cheveux noirs, avec quelques boucles, tombaient en cascade jusqu'à sa taille. Elle me regardait fixement et attendait ma réponse.

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