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Le taxi s'arrête. Je ne peux pas croire que j'ai accepté de jouer devant les plus grands musiciens. J'ai refusé et refusé, puis j'ai finalement accepté parce que c'est peut être la seule chose qui va renouer ma relation avec la musique.

Je sors du taxi les mains tremblantes et marche d'un pas faussement décidé vers le magnifique établissement qui s'étend devant moi. Mon violon dans la main gauche, je prend une grande respiration et entre dans la majestueuse salle de spectacle.

Un homme vient m'aborder en parlant lentement, de façon à ce que je puisse le comprendre. Je l'ai informé de ma situation et celui-ci m'a rassuré en me spécifiant que la personne qui jouera avec moi a aussi une condition spéciale.

Lorsqu'il me parle du duo, mon conditionoeur s'emballe tout de suite et je me rend compte que c'est plus de la tentation que du stress. J'ai affreusement hâte de performer devant les plus grands musiciens. Bien sûr, ça me fout la trouille mais c'est un défi hors du commun qui se présente à moi.

On m'informe que je dois aller sur scène, qu'il y a une répétition mais qu'aucun de nous deux musiciens nous verrons. Il disent que ce sera plus magique. Que même nous serons émerveillés.

...

La répétition se passe très bien, je reçois des applaudissements silencieux et l'autre personne, des applaudissements bruyants. Nous vivons dans deux mondes différents mais dans le même art.

...

J'attend en arrière-scène que mon tour arrive. Lorsque le moment est donné, je prend mon violon et souffle un bon coup.
Je marche vers ma chaise et m'assois tandis que les spectateurs applaudissent si fort que le sol en vibre.
Un rideau sépare mon collègue et moi. Tandis que nous commençons tout les deux, les rideaux s'ouvrent. Un énorme piano assisté par un homme se tien sur le côté droit de la scène.
Lorsque je joue ma partie, il s'y met aussi, je perçois alors toutes les vibrations, toutes les couleurs et toute l'émotion de ce que l'on joue.
Le duo que nous formons me fait frissonner, je n'ai jamais autant ressenti cette émotion de bien-être dans mon corps, même lorsque mes oreilles étaient intactes et fonctionnelles.
Lors du punch final de la chanson, je me tourne vers lui et ses yeux bruns verts me regardent, mon fixe d'un regard encore plus magique que toute la musique que j'ai pu entendre dans ma vie. Un poing droit dans le cœur.
Il me motive à donner mon 100% et je le fait. Pour lui, pour moi. Parce que je sais qu'ici, maintenant, au London Metropolitan Orchestra, il n'y a que lui et moi.

Et c'est tout à fait magique.

Violon [Z.M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant